Ça va chauffer cet été dans les banlieues !

Ça va chauffer cet été dans les banlieues !

À Firminy la semaine dernière, à Louviers ce week-end, les scènes d’émeutes se succèdent avec une certaine identité dans les causes et les effets. Les forces de l’ordre sont sur les dents, et se répartissent la tâche entre le maintien de l’ordre en banlieue et le contrôle routier sur le chemin des vacances. Au ministère de l’Intérieur, on affiche une sérénité de façade.

80 gendarmes ont été mobilisés dimanche dans le secteur de Louviers à la suite du décès vendredi soir d’un jeune homme et de dégradations volontaires par incendie perpétrées dans la nuit de samedi à dimanche à un barrage de gendarmerie, a annoncé la représentante de l’État dans le département. Ils y "resteront le temps nécessaire", a déclaré dimanche Fabienne Buccio lors d’une conférence de presse commune avec le substitut de permanence et le commandant de gendarmerie du groupement de l’Eure.

Les dégradations concernent des jets de bouteilles incendiaires, qui ont entraîné des dégâts limités sur un bâtiment de la gare et la façade de la mairie de Saint-Pierre-du-Vauvray, ainsi que sur la porte de la gendarmerie à Louviers. 2 véhicules civils, stationnés devant cette gendarmerie, ont également été incendiés volontairement, provoquant la destruction de 2 autres véhicules par propagation. Une enquête a été ouverte pour retrouver les auteurs des faits. À l’origine de ces violences, une histoire qui ressemble beaucoup à celle qui fut le détonateur d’une série de nuits d’émeutes à Villiers-le-Bel en novembre 2007.

3 jeunes font les zozos sur un quad et une mini-moto lorsqu’ils sont arrêtés au niveau d’un barrage de gendarmerie, établi sur la départementale 313 à l’occasion des départs en vacances. Refusant d’obtempérer, l’un d’eux a heurté un gendarme qui s’est vraisemblablement mis sur sa trajectoire. Déséquilibré, il a chuté puis heurté une clôture de ciment. Inanimé, le jeune homme est décédé peu après. Le gendarme souffre d’une plaie à l’avant-bras droit et au poignet.

Selon l’un des motocyclistes, les gendarmes ont "bousculé" la victime, provoquant sa chute. Certains de leurs amis parlent de "bavure policière". Une autopsie sera pratiquée lundi à Rouen pour déterminer les causes exactes du décès du jeune homme, inscrit au centre de formation des apprentis d’Evreux et habitant la commune de Saint-Pierre-du-Vauvray, proche de Louviers, a indiqué la substitut du procureur. Une enquête judiciaire est également confiée à la gendarmerie de Rouen, dans le département voisin, "dans un souci d’impartialité" selon ses propres mots.

La tension est vive depuis la mort de Mohamed Benmouna au commissariat de Firminy, où dans cette banlieue de Saint-Étienne se sont succédées trois nuits de violences urbaines. La pharmacie, la boulangerie, le salon de coiffure et le bureau de tabac du centre commercial du quartier ont été détruits par un incendie. Selon le directeur de cabinet du préfet de la Loire, Sébastien Lime, les pompiers, qui ont eu grand mal à intervenir à cause des rideaux de fer baissés des commerces, ont essuyé des jets de pierre. "On compte également deux incendies volontaires de véhicules à Firminy et quelques-uns à la Ricamarie", a-t-il déclaré.

Depuis la flambée de violences urbaines consécutive à la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005, tous les troubles que connaissent les banlieues trouvent leur origine dans un incident avec les forces de l’ordre. À Saint-Pierre-du-Vauvray, un village de 1.900 habitants où la gendarmerie ne rencontre généralement pas de problème particulier, les trois jeunes et les gendarmes se connaissaient pourtant. Il fait néanmoins partie de ces fameuses cités-dortoir édifiées à la hâte dans la vallée de la Seine pour faire face à la crise du logement des années soixante et l’exode rural.

50% des Français ne partent pas en vacances bien souvent par manque de moyens. Mais cette proportion est bien plus élevée dans les grands ensembles où les allocations-chômage le dispute aux revenus modestes. Il n’existe évidemment pas de statistiques pour évaluer le niveau des disparités, mais il suffit de lire les sentiments des maires et des chefs d’entreprise recueillis par la presse pour en avoir une bonne idée. Cet été, une partie des gens vont compter ce qui leur reste dans le porte-monnaie sur les plages, tandis que les autres se contenteront de rêver aux belles vacances qu’ils auraient pu s’offrir si…

Cette année où la récession se fait vraisemblablement sentir le plus fort, les seules distractions supplémentaires que les pouvoirs publics ont prévues pour distraire les jeunes sont des renforts de police à houspiller. Est-ce bien raisonnable ?