Barack Obama : "Le sang de l’Afrique est en moi" !

Barack Obama : "Le sang de l'Afrique est en moi" !

Barack Obama, pour la première visite d’un président des États-Unis sur le continent africain, a dit samedi que l’aide occidentale doit s’accompagner d’une bonne gouvernance et il a recommandé aux Africains de prendre plus de responsabilité pour rejeter la guerre, la corruption et la maladie qui contaminent l’Afrique.

Barack Obama envoyé un message à l’Afrique au cours de sa première visite sur son continent depuis sa prise de fonctions en janvier 2009 comme premier président noir américain. Il a choisi le Ghana parce qu’il apparaît comme un pays stable et démocratique et peut, selon lui, servir de modèle au reste de l’Afrique. Juste après le sommet italien du G8 où les principaux chefs d’État de la planète sont convenus d’aider les pays pauvres à hauteur de 20 milliards de dollars pour améliorer leur sécurité alimentaire, Barack Obama demande en contrepartie que les Africains jouent leur part en faisant un tri dans leurs problèmes.

"Le développement dépend d’un bon gouvernement", a déclaré Barack Obama dans un discours au parlement du Ghana. "C’est la question qui a été oubliée dans beaucoup trop d’endroits, depuis trop longtemps". Au cours d’une tribune qui a détaillé tous les aspects de sa politique en Afrique, le président des États-Unis a stigmatisé les abus de corruption et de droits sur le continent, avertissant que la croissance et le développement seraient toujours en retrait jusqu’à ce que ces problèmes soient abordés.

"L’avenir de l’Afrique est aux mains des Africains", a présenté Barack Obama à une foule de plusieurs milliers de personnes, au sein de laquelle se sont produits des danseurs et des joueurs de tambours, lui faisant fête pour une visite de moins d’une journée. Celle-ci a forcément valeur de symbole à cause des racines africaines du fils d’un immigré kenyan. C’est pourquoi Barack Obama a ponctué son discours de paraboles de la culture noire américaine et des luttes pour l’émancipation aux États-Unis. S’adressant aux jeunes Africains, il s’est écrié : "Vous avez le pouvoir de tenir vos chefs responsables et de fonder des institutions pour le qui servent aux gens"

Barack Obama s’est également référé à son histoire personnelle pour passer son message. Il a dit que son père, cuisinier pour Anglais au Kenya, était appelé "boy" par ses patrons une grande partie de sa vie bien qu’il fût un notable respecté dans son village. Il s’est écrié "J’ai le sang de l’Afrique en moi" ! En dépit des blessures du colonialisme, il a souligné que les échecs de l’Afrique étaient le problème de l’Afrique. "Aucun pays ne va créer de la richesse si les chefs accaparent l’économie pour s’enrichir, ou si la police peut être achetée par des trafiquants de drogue"… La langue et la cadence du discours de Barack Obama à Accra furent un mélange de sermon d’église, de rassemblement de campagne et de conférence d’université.

La Première dame des États-Unis, Michelle Obama, a visité en compagnie de ses filles Sasha, 8 ans, et Malia, 11 ans, a visité un fortin du XVIIème siècle restauré, Cape Castle, probablement l’un des points de rassemblements des futurs esclaves africains de la traite négrière, avant leur départ pour le Nouveau Monde à fond de cale. Son arrière grand-père, Jim Robinson, l’ancêtre le plus lointain qu’elle se connaisse, est né esclave dans une plantation de riz en Caroline du Sud.

Le couple présidentiel et ses enfants sont descendus par un étroit escalier dans les cachots sombre de la place forte du front de mer où des milliers d’esclaves ont été retenus prisonniers jusqu’à 12 semaines dans l’attente d’un bateau pour les transporter vers un avenir encore plus noir. "Cela nous encourage à poursuivre les efforts que nous avons faits pour notre processus démocratique", a déclaré le président ghanéen John Atta Mills, élu au cours d’un scrutin sans tache qui tranche avec les stéréotypes de révolutions, de coups d’État et de corruption en Afrique.

Des réformes dans un pays producteur d’or et de cacao, prêt à commencer l’exploitation de pétrole dès l’année prochaine, ont encouragé les investissements et une croissance sans précédent juste avant le début de la crise économique mondiale. Les Ghanéens, qui pour beaucoup ont revêtu des T-Shirts à l’effigie de Barack Obama, se sont massés dans les rues d’Accra dans l’espoir d’apercevoir le président des États-Unis. D’autres se sont regroupés autour des postes de télévision dans les maisons, les cafés et les arrière-cours pour suivre le discours.

"Le message qu’il a délivré a dessiné la manière selon laquelle nous devrions changer notre style de vie", a présenté Joseph Aboagye, ingénieur. "Je crois que lorsque nous le ferons, nous y gagnerons ; nous avons besoin de changer" !