"Hamlet" au programme de Catherine Hardwicke

"Hamlet" au programme de Catherine Hardwicke

La réalisatrice Catherine Hardwicke prépare une version fantastique de la célèbre pièce de Shakespeare "Hamlet" après avoir fait sensation avec son film "Twilight", qui a généré 69,6 millions de dollars le week-end de sa sortie en salle aux États-Unis, plus grosse recette jamais réalisée par une cinéaste.

Alors que ses films précédents se sont penchés sur les vampires, l’univers du skateboard et des adolescents, Catherine Hardwicke a l’intention de s’atteler à un thème majeur de la littérature occidentale, sans pour autant renier son goût pour l’âge tendre. "C’est sans doute un moment inoubliable dans la vie de chacun, douloureux et excitant", confie-t-elle à Zorianna Kit. "C’est l’une des époques les plus dramatiques de nos vies, au cours de laquelle poussent les seins et les poils sur le torse". Mais c’est aussi pour la réalisatrice un moment clé où les gens qui en sortent vont au cinéma !

La cinéaste, qui s’est résolument tournée vers l’étude de mœurs en prenant le prétexte d’un événement surnaturel pour étudier l’évolution psychologique de ses personnages, trouve dans nos jeunes années tous les ressorts dramatiques indispensables au succès. "J’espère que je n’ai pas grandi", avoue-t-elle. "Je pense que vous devenez sédentaire et prenez des habitudes, et vous pouvez perdre beaucoup de spontanéité et de créativité". Sa recette pour échapper à un tel mode de vie ? Catherine Hardwicke habite Venice, fait du surf tous les week-ends, du mon vélo et tout pour demeurer dans un univers stimulant où les gens autour d’elle sont de tout âge et de toute catégorie sociale.

Si pour elle, l’adolescence est "L’outil par excellence où se révèlent tant de possibilités dans l’âge d’or de notre histoire", l’aspect matériel des choses n’est jamais éludé. Catherine Hardwicke ne croit pas être en mesure de réaliser un coup aussi spectaculaire que "Twilight", qui a rapporté 382 millions de dollars pour une mise de fonds initiale de 37 millions, ou ne veut pas le dire. "Je ne pense pas que ce soit une manière saine de penser", assure-t-elle avec modestie. "Grâce à Dieu Ridley Scott ne s’est pas arrêté après Blade Runner, il a fait Thelma et Louise et Gladiator et un million d’autres films intéressants" !

Pour autant, son coup de maître l’a convaincue de conserver une méthode de travail qui fonctionne. "Je paye de ma poche 3 lecteurs à Hollywood, qui ne me connaissent pas pour lire mes manuscrits au radar et produire des critiques à froid", reconnaît Catherine Hardwicke. Au moment du montage, elle soumet son travail à des avis anonymes par sondage, de manière à ce que les gens réagissent d’une manière foncièrement honnête, ce qu’ils ne sont plus en mesure de faire en face-à-face. Après quoi, Catherine Hardwicke reprend toutes les critiques elle-même et se dit : "Mon Dieu, cette scène était la plus chouette et tout le monde la déteste" ! Petit à petit et au fur et à mesure des avis qui lui
sont soumis s’élabore le produit final. "Je souhaite faire d’autres bons films sans qu’ils perdent d’argent".

Depuis la réussite phénoménale de "Twilight", tout le monde attend Catherine Hardwicke au tournant et elle le sait. "Ils attendent de moi un petit peu plus qu’auparavant", présente-t-elle. Mais elle n’a pas pour autant l’intention de se renier, et demeure fidèle à l’univers créatif qui fut le sien avec "Thirteen" et "The Nativity Story". Produit par Overture Films, son prochain film conserve le rôle-titre à Emile Hirsch dans une version fantastique de "Hamlet" tourné dans une académie d’arts plastiques. Il faut prévoir que la trame est déjà usée jusqu’à la corde, et la cinéaste a l’intention de mettre tout son talent à profit dans le drame psychologique. "Nous pouvons apprendre de tout le monde", remarque-t-elle.

Tout l’intérêt demeure en effet pour le public de discerner la nouveauté dans ce remake d’un des plus grands classiques de l’art dramatique. Mais la dimension personnelle est loin d’être absente dans cette pièce de 1598 écrite, pense-t-on, par William Shakespeare. Dans"Twilight" déjà, la question de démêler le vrai du faux se posait déjà au spectateur, dans une histoire de vampire qui ne parvient pas à s’assumer à cause de l’amour qu’il éprouve. De même, Hamlet a-t-il échappé à la folie qu’il simule pour venger l’assassinat de son père ? Catherine Hardwicke nous répondra sans doute avec tout le brio qu’on lui connaît à présent.

Extrait et image d’illustration : Laurence Olivier dans "Hamlet", film de 1948 par Sir Laurence Olivier, avec Jean Simmons et Laurence Olivier.