John McCain a réagi un jour après que Sarah Palin a stupéfié le monde politique américain en annonçant sa démission avec 18 mois avant la fin de ses fonctions comme gouverneur de l’État de l’Alaska. Le sénateur et ancien héros de la guerre du VietNam a sorti Sarah Palin de l’ombre en lui offrant de devenir candidat avec lui à la Maison-Blanche, au moment de lancer le dernier épisode de sa campagne présidentielle l’année dernière, contre le démocrate Barack Obama.

"J’ai les plus grands respect et affection pour Sarah, Todd, et leur famille", a déclaré John McCain dans un communiqué à l’adresse de son ex-colistière. "J’ai été profondément honoré de l’avoir comme candidate à la vice-présidence et la crois capable de continuer à jouer un rôle important dans la direction Parti Républicain et de notre nation". En revanche la sénatrice républicaine de l’Alaska Lisa Murkowski a publié un sentiment contrarié : "Je suis profondément déçue que le gouverneur ait décidé d’abandonner l’État et ses soutiens avant la fin de son mandat".

Sarah Palin a battu le père de Lisa Murkowski, l’ancien gouverneur Frank Murkowski, aux primaires républicaines de 2006 pour le gouvernorat. Figure emblématique du courant néo-conservateur toujours très influent au sein du parti de l’âne, et personnalité de plus en plus populaire dans les rangs des conservateurs américains, Sarah Palin a été souvent été considérée comme une possible candidate à la nomination pour la présidentielle républicaine en 2012. Sa décision soudaine, annoncée sans ambages, a fait voler en éclat le consensus politique dans sa ville natale de Wasilla, Alaska, et alimente toutes sortes de spéculations sur les intentions réelles de Sarah Palin pour la suite de sa carrière politique.

Des observateurs sont ébahis par cette étrange attitude pour quelqu’un qui prétend avoir des ambitions présidentielles, et ne sont pas avares de critiques en justifiant la prise de position de Sarah Palin dans le cadre d’un ordre du jour personnel. Dans son communiqué de vendredi, Sarah Palin a fait référence à une série de sondages évaluant sa politique en tant que gouverneur et maire de Wasilla auparavant, lesquels ont montré qu’elle aurait failli : "Mon équipe et moi-même ont dépensé la plus grande partie de nos journées au progrès notre État", explique Sarah Palin, "et ce n’est pas ce que n’importe qui en Alaska a eu à l’esprit".

Le soutien de John McCain arrive après que certains des siens pendant la campagne de l’année dernière ont rendu publiques leurs critiques vis-à-vis de Sarah Palin dans un article de Vanity Fair. Sarah Palin, 45 ans, a vraiment boosté la campagne de John McCain au début, en particulier avec son discours à la convention nationale républicaine où elle s’est présentée comme une hockey mom. Mais les opinions favorables ont dégringolé à la suite d’une série d’entretiens télévisés désastreuse, et beaucoup d’électeurs ont eu le sentiment que la candidate à la vice-présidence des États-Unis manquait franchement des qualités nécessaires.

La dérision publique est allée à son comble huit mois après l’élection. Sarah Palin s’est récemment engagée dans une controverse avec l’humoriste David Letterman à cause des plaisanteries qu’il a faites au sujet de sa fille Bristol et d’elle-même, au cours d’un show télévisé The Late Show with David Letterman. Il se trouve donc des républicains pour être satisfaits de la voir démissionner. "Je suis sûr qu’elle a estimé que la seule manière d’en finir avec un ridicule qui a fini par déchirer sa famille est de quitter la scène dès maintenant", a dit Dana Perino, auparavant attaché de presse du Président George W. Bush.

Sarah Palin a fait savoir qu’elle était en train de mettre la dernière main à un livre d’entretiens. Par ailleurs, Nick Ayers, directeur exécutif de l’association républicaine des Gouverneurs, a déclaré vendredi à Fox News qu’elle ambitionne d’accroître son influence dans le débat national. "Une partie de sa décision vient du fait qu’elle veut passer plus de temps à faire campagne pour d’autres candidats". Ce pourrait être un rôle pour elle dans certains courants du Parti Républicain, qui a perdu beaucoup de voix aux élections nationales de 2006 et 2008, et cherche un nouvel essor et de nouveaux chefs pour se reconstruire.

Dana Perino observe que cette "élection de 2008 et ses conséquences seraient quelque chose de très durs à surmonter du point de vue politique" pour elle, mais Sarah Palin est en mesure de devenir un beau symbole pour un parti qui essaye d’encourager plus de femmes à prendre des responsabilités politiques.