À la recherche des boîtes noires de l’Airbus

À la recherche des boîtes noires de l'Airbus

Des aéronefs français se sont mis mercredi à la recherche des boîtes noires afin de recueillir les enregistrements à bord de l’Airbus A310-300 de Yemenia, qui s’est abîmé dans les eaux profondes de l’archipel des Comores en plein Océan Indien.

Une jeune fille de 14 ans a été repêchée mardi dans une mer agitée, 12 heures après l’accident. Baya s’est accrochée à un morceau de l’épave toute la nuit. Pour autant, l’espoir de retrouver vivant l’un des 152 autres passagers de l’avion s’amenuise avec le temps. "Aucun corps n’a été récupéré par les équipes de secours militaires françaises et américaines, ni par les canots de sauvetage de l’armée comorienne", a indiqué le ministre de l’Intérieur comorien, Hamid Bourhane. "Aucun corps n’a été trouvé depuis l’accident".

Un agent de l’administration internationale régionale pour la sécurité aérienne ASECNA a déclaré qu’un officier de la Marine Nationale participant aux recherches lui a signalé que l’épave pourrait reposer par 350 à 500 mètres de fond. L’Airbus A310-300 de Yemenia s’apprêtait à atterrir à Moroni, la capitale de l’archipel des Comores, achevant un parcours qui a commencé à Paris, en passant par Marseille et Sanaa au Yémen, pour s’achever aux Comores.

La compagnie aérienne a signalé que 75 Comoriens se trouvaient à bord, ainsi que 65 ressortissants français, un Palestinien et un Canadien. L’équipage était composé de 6 Yéménites, 2 Marocains, 1 Indonésien, 1 éthiopien et 1 Philippine. L’unique survivante, une adolescente franco-comorienne du nom de Baya Bakari, présentait des coupures sur son visage et une fracture de la clavicule. La France a communiqué qu’elle serait transférée dans un hôpital parisien. Elle a été rapatriée à bord de l’avion qui a transporté Alain Joyandet le secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie à Moroni.

"Elle a fait des signaux à un bateau de passage, et qui a pu la prendre. Elle a vraiment montré une force physique et morale incroyables", a déclaré Alain Joyandet à la radio. Le père de la rescapée, Kassim Bakari, a indiqué à la télévision française qu’il a contacté sa fille par téléphone. "Je lui ai demandé que ce qui s’est passé, et elle a dit : ’Nous avons vu l’avion tomber à l’eau. Je me suis aussi retrouvée dans l’eau. J’entendais parler des gens, mais je ne pouvais voir personne. Je me trouvais dans le noir. Papa, je n’arrivais pas très bien à nager. J’ai saisi quelque chose mais je ne sais pas ce que c’était’".

L’avion en perdition est le deuxième Airbus à tomber à l’eau en pleine mer depuis un mois. Un Airbus A330-200 de la compagnie internationale Air France s’est abîmé en plein Océan Atlantique, tuant 228 personnes à bord, après son décollage de Rio de Janeiro, au Brésil le 1er juin. La ligne Paris-Marseille-Sanaa au Yémen du vol de Yemenia est desservie par un Airbus A330. À Sanaa, les passagers à destination des Comores doivent changer pour un deuxième appareil, l’Airbus A310-300 qui s’est écrasé.

La cause de l’accident reste encore inconnue. Yemenia, une compagnie gérée par l’État yéménite, a signalé que l’enregistreur de bord — la boîte noire — a été localisé, une information démentie par le ministère de la Défense français. "Le Transall a pris un signal de la balise de détresse de l’Airbus pour celui de la boîte noire", précise un porte-parole du ministère. La Commission Européenne a envoyé une lettre à la compagnie Yemenia, selon laquelle ses avions pourront être interdits dans l’Union Européenne si elle ne fournissait pas les assurances qu’elle se soumettait aux contrôles périodiques de sécurité.

Un agent de la Commission a déclaré mardi que des problèmes ont été décelés sur des appareils frappés d’interdiction en 2007, mais Yemenia a contourné la mesure en relevant un petit peu ses normes. La France a banni de son espace aérien cet appareil Airbus A310 de Yemenia en particulier, après y avoir constaté des défauts. Le ministre des Transports du Yémen assure que l’avion a été vérifié de fond en comble en mai sous la surveillance du constructeur, Airbus. "Il était en conformité avec les normes internationales", a plaidé Khaled Ibrahim Al-Wazeer.

Au moment où une flotte de navires de tout tonnage a pris la mer depuis l’île de Grande Comore aux premières lueurs de l’aube, des voyageurs d’origine comorienne ont essayé de bloquer l’embarquement des passagers d’un un autre vol de Yemenia pour le Yémen à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. "Nous ne voulons plus de transports de cercueils. Nous ne voulons plus de Yemenia", s’est écrié Idris Ahmed, un porte-parole de la communauté comorienne. Environ 60 des passagers qui s’apprêtaient à prendre l’avion sont restés au sol, mais une centaine d’autres ont embarqué à bord du vol.

Avec une population de 800.000 habitants environ, l’archipel, ancienne colonie française jusqu’en 1975, est constitué par trois îles au large de Afrique de l’Est, juste au nord-ouest de Madagascar. Yemenia est la seule compagnie aérienne à assurer cette liaison régulière entre Paris et Moroni, avec une escale à Marseille et Sanaa. 200.000 ressortissants des Comores vivent en France métropolitaine.