Mémoires délibérées

Mémoires délibérées

Frank Henry est un bandit comme on les aime. De grand chemin, de grande tenue, un gentleman cambrioleur. Un gouailleur, un élégant tout droit sort d’un remake moderne d’Audiard. Un de ces voyous au grand cœur qu’on n’arrive pas à détester, mais dont on admire presque l’audace, la faconde et le goût du risque et de la transgression.

Un garçon stylé jusqu’au bout de la plume Sergent major, de ceux qui vous font vous évader avec le stylo, qui scient des barreaux avec des anecdotes, des phrases qui tuent, des expressions libres qui ne se font jamais la malle.

Sur un ton léger, un peu dilettante et participatif (l’auteur nous interpelle à chaque phrase avec des formules de connivence), Frank Henry dit "Frankus" nous raconte ses vies en cabales ou en cavales, en prison ou à la maison avec générosité et pudeur, avec fougue et recul, avec poésie et pertinence.

Entre exorcisme, exercice de style, simple survie, catharsis, douce vengeance, second degré, humour et décalages intempestifs, Frank Henry brosse le portrait d’un groupe qui n’existe déjà presque plus. Il met l’accent sur un milieu avec accent, sur un « Mitan » qui n’est pas que littérature mais bel est bien tout un pan de la société française ; le microsome très réglé du grand banditisme et de la pègre.

Franck Henry se livre sur trois cent pages qui grincent, qui amusent, qui écoeurent et qui fascinent. On assiste à l’éclosion d’un lucide, à l’avènement d’un écrivain qui se découvre par les mots et par le travail de mémoire. La revanche est belle pour le malfrat qui n’excuse en rien ses fraudes et qui a l’intelligence de constater qu’un voleur pris la main dans la sac doit rester beau joueur à l’arrivée des flics.

On suit ainsi sur plusieurs nouvelles toutes plus succulentes les unes que les autres à des tranches de vie sans concession, sans faux semblant, ne nous épargnant rien du sordide, de l’insolite ou du révoltant.
Des révélations du passé qui peuvent être lues comme un feuilleton fictionnel, inventif et drôle mené tambour battant comme un bon policier. Une course-poursuite entre Frank et Henry qui va à l’avantage des deux protagonistes qui triomphent comme un seul homme repenti, ou presque.

Vous vouliez chasser vos idées reçues sur le petit monde du crime et du vol réunis ; voici les dernières nouvelles du milieu et elles sont fameuses.

Frank Henry, Mauvaises nouvelles du Milieu, Nouvelles autobio... dégradantes, , 288 pages, 16 € ttc France (2004)

Frank Henry, Mauvaises nouvelles du Milieu, Nouvelles autobio... dégradantes, , 288 pages, 16 € ttc France (2004)