Michael Jackson a certainement beaucoup en commun avec les autres artistes de renommée mondiale, hormis un sens des affaires qu’il n’a par exemple pas partagé avec Elvis Presley. Tout aussi dispendieux que la rock star, le roi de la pop music a, selon The Wall Street Journal, accumulé à peu près 500 millions de dollars de dettes. Quand Elvis Presley a vendu en 1974, des trois ans avant sa mort, tous ses droits d’auteur à sa maison de disques RCA pour un montant estimé à 5 millions de dollars et demi, Michael Jackson a soigneusement pris des participations dans de belles entreprises commerciales.

La maison de disques Sony-ATV, par exemple, appartient pour moitié à Michael Jackson, l’autre étant aux mains du géant de l’électronique japonais Sony. Les maisons de disques sont des prestataires de services qui font commerce des produits d’auteurs et de compositeurs de chansons. Ils engrangent des tantièmes, à chaque fois qu’une œuvre musicale est jouée à la radio ou utilisée dans un spot publicitaire. Sony-ATV détient les droits d’un million et demi de chansons, interprétées par les plus grandes stars mondiales…

Les comptes sont loin d’être clairs comme de l’eau de roche dans le secteur de l’édition musicale, mais une chose est sûre, Sony-ATV est l’un des 3 leaders, le numéro un étant le Britannique EMI. Des experts ont estimé récemment la valeur de l’entreprise à plus d’un milliard de dollars. Quand Michael Jackson acquiert l’entreprise ATV en 1985, il n’a déboursé que 50 millions de dollars.

Des trésors de la pop music se trouvent dans le catalogue de Sony-ATV, parmi lesquels des titres de Bob Dylan et de Leonard Cohen. Le portefeuille le plus précieux est constitué par le fameux catalogue Northern-Song, où figurent les chansons des Beatles John Lennon et Paul McCartney. Les droits des chansons de Michael Jackson, additionnés à celles des Beatles, vaudraient plus d’un milliard de dollars, selon une source de l’industrie du disque.

Les deux Beatles n’ont pas toujours écrit leurs chansons ensemble, et n’ont pas eu de propriété commerciale en commun pour toutes en tant que compositeurs. Mais Sony-ATV contrôle les droits de la plupart des standards des Beatles, depuis "Love me do", "Yesterday", "Hey Jude", jusqu’à "Let it be"… C’est le catalogue artistique le plus précieux de l’industrie du disque ! Un porte-parole de Sony-ATV se refusait à communiquer vendredi sur l’avenir de l’entreprise après le décès de Michael Jackson : "Aujourd’hui interdit pour le respect de l’œuvre de Michael Jackson de parler de ce genre de choses", a-t-il déclaré.

Sony en viendra sans doute à considérer sérieusement l’achat de l’autre moitié à l’entreprise. Howard Stringer développe avec ambition ses activités dans la musique. Sony a récemment acheté les parts de Bertelsmann en partenariat avec Sony-BMG, ce qui place le groupe au deuxième rang mondial. L’édition musicale est à l’heure actuelle un secteur plus intéressant que la distribution, en ce sens que les ventes de CD régressent un peu partout sous la pression du format numérique téléchargeable.

Par ailleurs, le talent de Michael Jackson n’a pas été complètement exploité du point de vue commercial. Si les ventes de ses albums ont soudain augmenté à l’annonce de sa mort, de nombreux enregistrements dorment encore dans les archives de la maison de disque, et la rumeur court que 100 chansons inédites seraient prêtes à être distribuées. Le style de vie somptueux de Michael Jackson a certes coûté à ses créanciers, puisqu’ils ont consenti un prêt de 200 millions de dollars gagés sur le catalogue des Beatles. Mais c’est un capital.

Le domaine de Neverland en Californie a été cédé en novembre dernier à Colony Capital, qui avait déjà investi 23 millions sur cette propriété, en espérant la rentabiliser, au point d’avoir annoncé le mois dernier qu’il estimait sa valeur entre 70 et 80 millions de dollars… Des clopinettes par rapport aux revenus formidables à tirer d’une œuvre musicale riche, novatrice et mémorable !