Plus d’un milliard de personnes touchées par la faim

Plus d'un milliard de personnes touchées par la faim

Il y a de quoi être inquiet : selon les prévisions conjointes de la FAO, du PAM et du FIDA, la sous-alimentation atteindra un niveau record en 2009 : 1,02 milliard d’êtres humains, soit +11 % par rapport à 2008…

Malgré une production mondiale record de céréales en 2008, la crise efface peu à peu les progrès accomplis ces dernières années en matière de lutte contre la faim. Ainsi, selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la récente aggravation de la faim dans le monde n’est pas le résultat de mauvaises récoltes au niveau mondial, mais une conséquence de la crise économique qui a provoqué baisse des revenus et pertes d’emplois.

Parallèlement, le Programme alimentaire mondial (PAM) a réalisé une étude dans cinq pays (Arménie, Bangladesh, Ghana, Zambie et Nicaragua) qui montre les réponses dramatiques des ménages face à cette situation : réduction du nombre de repas, report sur des denrées moins chères mais moins nutritives (privation de viande, par exemple), vente du bétail, emprunts, déscolarisation des enfants, etc. On remarque par ailleurs que les plus sévèrement frappés ne sont pas seulement les pauvres les plus démunis, mais aussi de nouveaux pans de la population qui plongent dans la misère.

La faim dans le monde est un scandale qui dure. La sous-alimentation frappe partout, y compris en bas de chez nous  : plus de 25.000 personnes en meurent chaque jour. Il ne faudrait pourtant pas grand chose pour éradiquer ce fléau, en regard des sommes injectées dans le sauvetage des banques, qui sont des coupables, quand les affamés ne sont que des victimes.

Le monde ne manque pourtant pas de nourriture mais celle-ci reste mal répartie sur la planète : les excédents au Nord et les besoins au Sud. Dans nombre de pays pauvres, la production alimentaire et les rendements progressent, permettant souvent à ces pays d’être auto-suffisants, comme c’est le cas du Brésil ou du Vietnam. Mais la faim n’est pas seulement un problème de production, c’est d’abord une question de répartition des richesses. Même dans les pays riches, on est surpris de constater que la malnutrition existe encore, malgré tous les programmes sociaux : au total, neuf millions d’habitants des pays industrialisés ont faim, et c’est aussi le cas de 25 millions de personnes dans les pays dits "en transition".

Face à ce désastre persistant, les remèdes sont pourtant simples. Il faut relancer l’investissement dans l’agriculture en favorisant des projets de développement agricole durable dans les pays du Sud, tout en créant des infrastructures routières, ferroviaires et portuaires afin d’acheminer rapidement la nourriture vers les zones frappées par la famine.

Par ailleurs, la "bonne gouvernance" est un élément fondamental pour une solution durable au problème de la faim dans le monde. Les pays développés et les organisations internationales doivent avoir des exigences en matière de démocratie et de protection des droits de l’Homme face aux dictatures prédatrices vivant aux dépens de leur population, et la realpolitik ne doit plus être l’excuse pour susciter ou appuyer des guerres civiles comme on en a tant vu en Afrique. L’argent public doit pouvoir alimenter les populations, et non financer les guérillas et autres marchands de canons.

Le combat contre la sous-alimentation est porteur d’espoir car les outils sont à portée de main. Selon les experts, nous pouvons être pratiquement sûrs que la famine sera définitivement vaincue au cours de ce siècle. Mais cette victoire contre la faim peut se situer en 2030 comme en 2080. Entre ces deux dates, il y a cinquante ans, soit plus de quatre cents millions de morts.