Elections à la française

J’adore les élections ! C’est mon dada. Je kiffe ma race à gribouiller la face de Karl Lang ou de Jack. Ces deux grandes asperges permanentés ou rasé de frais. Qu’on ne me taxe pas d’antisémitisme, de poujadisme, de pluralisme car je suis sans sujet, sans partis, sans bateaux.

Je coule à sec, seul dans mon F3. Je peinturlure toutes les affiches dans mon village et ne prend pas ces grands menteurs au sérieux. C’est ma force.

D’ailleurs en lisant une liste quelconque de gauche, de droite, d’extrême divers centre, aucun nom ne me parle. Quand je vois leurs photos, souriant mais ne riant pas (la politique c’est sérieux), quand je lis leurs arguments parfois en contradiction totale avec leur propre gouvernement, quand je m’amuse à comparer les effets de démarcation professionnelles qui accompagnent leurs matricules dans le style « préfet, chef d’entreprise » pour la droite ou « chercheur et artiste » pour la gauche, je me dis que le café du commerce sent le sapin. La femme à deux sexes pue de la moule face à ces bonimenteurs pour pauvres qui sortent d’une même grande école riche.

Comme je suis quelqu’un d’assez tragique, je ne peux que rire de moi-même (car je ne fais pas de politique et ne suis donc pas sérieux) et m’envoyer en l’air avec un chichon roulé dans un bulletin. J’allume ma télé, dès 19 heure. Aux premières estimations, j’ai l’oil rouge de l’innocent carbonisé par la drogue.

Carole Guessler est super mimi dans son petit tailleur blanc immaculé colombe. Claire Chazal l’a copié. Guerre des chaînes. Combat de l’audimat. L’urinoir de l’isoloir se présente sur TF1 et France 2 mes blanches colombes.

Quand à nos petits camardes masculins qui vont marquer le tempo, ils n’ont pas fait d’efforts vestimentaires mais on sent par contre que ce sont eux les patrons.

Que ce soit Bill ou PPDA, ils ne vont pas se laisser marner la couenne par une petite gonzesse sortie de l’école de journalisme il y a plus ou moins longtemps. Elles sont là pour le décor, pour la beauté du sport mais pas plus. La parité tu te la fumes en calumet pépère.

Claire a déjà servi dans le corps de Patrick, quant à l’autre elle est la préférée d’Arlette Chabot.

« Tu pourras dire l’évaluation Soffres sur la Haute-Garonne ma chérie mais laisse moi driver la salle » déclare Billalian à sa collègue en off.

C’est vrai qu’il y a des filous dans l’auditoire. Des verts, des rouges, des blancs, des centristes même. Tiens, que fait Raymond Barre ? Mort et enterré en lousedé par un loukoum traître ?

J’aperçois à la débotté un petit facteur, un grand gaulliste et même une femme panthère qui serait la fille d’un africa-corps séjournant sous une fausse identité à Nice.

A les écouter. Tous sont ravis. C’est la victoire de la citoyenneté. Ils ont tous gagné ou si c’est pas le cas, ce sera pour la prochaine et voilà. Tout est question d’angle mort. De perspective social. Pleins de choses intelligentes, que nous pauvres spectateurs, ne pouvons décrypter sans Richard Gulliver homme de main du Figaro-Madame et d’un institut de sondage.

La flamme bleue est au firmament, le poing rouge avec une rose qui pique resplendit à nouveau, l’union fait la force. Mais que fait la police et Sarkozy un dimanche d’élection ?

Ma grand-mère adore voter pour celui qui lui offre un chocolat devant la porte des chiottes du bureau de vote. Confidence pour confidence, je sais par une source sure, que Jacques Chirac regarde Tattort sur TMC tellement il trouve les soirées électorales bas de game. Over.

Dans ce genre de solennités, nos représentants sont tous dénommés « Monsieur-Madame » quelles que soient leurs accointances avec la gégène. Oil de verre qui louche sur oeil de biche, « Claire une tournée de Buckler pour ces messieurs » demande Etienne Mougeotte.

Le présentateur est neutre et ne bande que sous la table. « Carole, une petite pipe pour le score de l’UMP en Gironde ! » gueule Daniel Bilalian tout en laissant la parole à Valérie Giscard d’Estaing qui agite les bras pour prouver qu’il est, lui, encore vivant.

Nous sommes tous des sondages en puissances. Des électeurs charmant et attentionnées. On te représente en graphique, en colonne, en rhésus positif. L’affaire du sang contaminé n’est pas loin, Fabius rode.

Nous aimons les costumes cravates et les belles toilettes de ces dames. On matte les seins de l’hotesse d’accueil qui leur désigne d’un doigt marianesque l’endroit de la joute oratoire et visuel. On regarde l’arrivée des stars de la politique dans les couloirs marbrés, on se croirait à une belle soirée de Champs-élysées. Dommage que Michel Drucker est décidé d’arrêter la télévision. On s’imagine le petite père des peuples serrer la louche au bouddha de l’entertainement. « Salut tu vas bien Etienne ? », « Ouais et toi, toujours en Safrane »

La seule personne dont on oublie de parler, dont on tait le nom. Le seul vrai vainqueur quoi qu’il arrive. Depuis très longtemps c’est l’abstention. Je ne sais pas pour qui il gouverne lui mais il fait toujours le meilleurs score.

Même s’il y a un sursaut pour voter Noël Mamère de la part des chasseurs alcooliques anonymes, l’abstention gagne haut la main toutes les élections qu’elles soient présidentielles, régionales, européennes, rurales, factices ou importante.

D’ailleurs ils sont très peu, dans ceux qui se présentent, à parler de lui. J’ai cherché dans mon Point Magazine de cette semaine pour trouver sa bouille mais impossible. Il se cache. Il se taire. C’est grâce à un ami à lui qui s’appelle résignation que j’ai retrouvé sa trace. Affaiblis par son chômage longue durée, abstention voulait pourtant étant jeune, devenir un artiste. La vie, sa femme, l’ont obligé à usiner dans une grande entreprise sponsorisé, un coup par la gauche et le septennat suivant par la droite.

Toujours dans la même galère qu’elle que soit la direction de l’aiguille. Toute tendance confondue il a passé la barre des 40 ans. Il s’en sortait pas mal avec son pavillon, sa clio turbo diesel et son chien arthritique. Tout était beau dans le meilleur des mondes, jusqu’à il y a 3 ans et son licenciement économique avec reclassement dans une usine à vélo d’Argenteuil.

Pas doué pour la chaîne, il a bénéficié d’une reconversion forcé vers le secteur du bâtiment car comme lui disait son interlocuteur à l’ANPE « Quand le bâtiment va, tout va ! ». Malheureusement, son dos n’a pas tenu longtemps face au labeur du carreleur. C’est en invalidité qu’il a poursuivit sa misérable existence. Doué pour les chiffres il aurait pu faire comptable. Il mettait à exécution son don numéraire pour payer des impôts directs et indirects de ceux qui ne voulaient pas le voir. Il est devenu d’ailleurs un chiffre lui-même. Un numéro de sécurité asocial, un nantis du droit au logement et a perdu toute espoir en l’humanité et en l’homme politique.

C’est devant sa télé qu’il passe le plus clair de son temps. A vrai dire, Arthur à quand même plus de charisme qu’Elizabeth Guigou, quand l’une promet la refonte du porte avion en char d’assaut, l’autre ouvre des boites avec de l’argent facile dedans. Franchement on aurait tord de voter pour l’une alors que l’autre ne demande rien d’autre qu’un peu d’attention.

Abstention est devenu pragmatique. Tout pour sa gueule vu qu’il n’a plus rien. Il n’aime pas les beaux discours mais veut des actes parlant comme dans Navarro. Tiens Roger Hanin se présenterait, il ferait peut être un effort pour s’extraire de son canapé-lit. Finalement Abstention a tout à fait raison de rester abstentionniste car les autres, ceux qui se déplacent pour élire un pantin manipulé par les dividendes d’Auchan, vont encore louper un épisode de la Chance Aux Chansons ou Pascal Sevran sodomise un petit malien qui veut devenir chanteur.