2 étudiants anarchistes en procès à Perpignan

2 étudiants anarchistes en procès à Perpignan

Poursuivis pour outrage, Yann Dubois et Pierre Habet sont « invités » à se présenter au Palais de justice de Perpignan le 29 juin. Une affaire qui remonte aux manifs de 2007 contre la loi LRU. L’audience s’annonce mouvementée.

L’histoire de Yann et de Pierre a été présentée sur Le Mague en mars 2008. Comme des milliers d’autres jeunes, ces deux étudiants s’étaient mobilisés contre la loi Liberté et Responsabilité des Universités (LRU) pendant l’automne 2007.

Le fait que Yann et Pierre, syndiqués à Sud Étudiant, soient aussi militants de la Coordination des groupes anarchistes (CGA) peut sans doute aider à expliquer la répression choquante et disproportionnée qui s’est abattue sur eux. Arrêtés en décembre 2007, Yann et Pierre ont eu droit au grand jeu : perquisition, saisie d’ordinateurs, garde-à-vue de 48 heures, plainte pour dégradations, vol, violences et menaces de mort...

Accusés par des profs anti-grévistes, Yann et Pierre s’étaient retrouvés avec un sévère contrôle judiciaire sur le dos, une interdiction d’entrer dans la fac et sur le campus de Perpignan, une interdiction de sortir des Pyrénées-Orientales, une interdiction d’avoir des contacts entre eux et avec le personnel de l’Université... Au bout du compte, certaines de ces mesures furent levées et la plupart des charges contre Yann et Pierre furent abandonnées. Restent les « outrages » à l’encontre de trois professeurs. L’un d’entre eux qui avait été qualifié de « connard de fasciste » s’était empressé de répondre : « Et fier de l’être ! » Ambiance. Cerise sur le gâteux, Yann et Pierre avaient refusé qu’on prélève leur ADN, ce qui est considéré comme un « délit aggravant ».

Organisé par la Coordination des Groupes Anarchistes, par SUD Étudiant Perpignan et par Maulets, un mouvement de solidarité de grande ampleur s’était très rapidement manifesté. Plus de trois mille personnes, dont la moitié venue du monde éducatif, et de nombreuses organisations ont apporté leur soutien aux deux étudiants en signant une pétition qui proteste contre la criminalisation des mouvements sociaux.

« Ils sont les boucs émissaires désignés par un État plus enclin à réprimer la contestation sociale et la révolte étudiante qu’à écouter les critiques et les revendications qui montaient et montent encore des assemblées générales des universités en grève illimitée. Aujourd’hui comme hier, nous dénonçons toutes les manœuvres tendant à monter artificiellement des poursuites contre les militants », expliquent les militant-e-s du groupe Puig-Antich de la CGA qui réclament l’arrêt de la procédure à l’encontre de Pierre et de Yann.

« Yann et Pierre passeront en procès au seul motif que leurs choix politiques et leurs engagements ne satisfont pas les tenants d’un État fort, d’un ordre sécuritaire indiscutable et d’une société acritique », poursuit la CGA qui appelle à un rassemblement devant le Palais de justice de Perpignan le lundi 29 juin, à partir de 14 heures.

La CGA, Sud Étudiant et Maulets comptent sur le soutien de tous les militants anarchistes, des mouvements libertaires, des syndicalistes, des organisations de Catalogne sud, des étudiants et des personnels éducatifs de l’université de Perpignan qui ont signé la pétition en faveur de Yann et de Pierre. À l’intérieur comme à l’extérieur du tribunal, l’ambiance sera chaude. Un concert est même prévu sur le parvis.

Plus d’infos auprès du comité « Justice pour Yann et Pierre » à la librairie Infos (2, rue Théodore-Guiter) c/o C.E.S. BP 40233 66002 Perpignan Cedex. Courriel : comite_justice[at]yahoo.fr