Le polar qui assassine l’univers des traders

Le polar qui assassine l'univers des traders

Laurence Biberfeld dégaine plus vite que son ombre un polar qui se situe dans le second arrondissement de Paris et qui n’est pas côté en bourse mais se fripe et se castagne avec les banquiers, requins en eau profonde !

Dans sa collection « Mona Cabriole » (c’est le blaze de l’héroïne), une invitation nous est offerte de visiter Paname arrondissement par arrondissement. Dans ce présent épisode c’est le second qui mène les pas de Mona, reporter tout-terrain miné pour "Parisneuws" sur la toile, succombant aux bras et de la sensualité du trader Django (A poil, il est très difficile de mentir à quelqu’un qui vous écoute avec les mains, p. 78) à Jingyi jeune chinoise sans papiers révoltée au Sentier de la dénonciation de sa condition d’esclave.

Il y a de la verve (j’en raffole !) à la Jean-Bernard Pouy le roulant littéraire et son « Poulpe » décliné multiforme. L’auteure Laurence Biberfeld qui en est à son sixième polar, n’a-t-elle pas été sélectionnée pour le prix du Polar SNCF 2002 depuis la parution de son premier roman très remarqué « La BA de Gardamone » à la "Série Noire" ? Ces deux là sont des pairs et font la paire. Ils s’activent du clavier pour féconder le tremblement des traverses par delà les chemins qui croisent le fer littéraire. Il y a aussi du Jean Vautrin symphonie grabuge et son acolyte Dan Franck et leurs fameux personnages des "Aventures de Boro, reporter photographe", (Mona shootait la scène avec son petit Leica, p. 111) et du Raymond Queneau pour le choix du blaze des personnages : Taloche / Parkinson / Alzheimer…

En plus et pour corser le tout, il y a un jeu des contraintes. Je cite l’éditeur La Tengo : Chaque auteur dispose également d’une carte blanche pour donner une tonalité rock à son roman. Qu’est-ce à lire ? Les propos, les scènes, les lieux sont truffés de références musicales. La B.O du roman de Laurence est pour le moins éclectique ! De la délicieuse Gina (ex VRP) et l’orchestre, Brigitte Fontaine, Patti Smith, Zebda, Stell Pulse, Serge Utgé-Royo, Pink Floyd, Darf Punk, Bernard Lavilliers et tant d’autres….

Même, je pense que toutes les chroniqueuses et tous les chroniqueurs du Mague devraient lire ce livre, histoire de rêver à la fiction de ce que pourrait être un Mague en ligne viable avec tous les apartés du boulot d’investigation et tout le toutim que nous ne sommes pas en mesure d’offrir à nos lectrices et nos lecteurs, faute de moyens !

Je ferme l’aparté et retourne en pages 152 et 153 du roman. Je rassure les provinciaux qui ne connaissent que dalle à la capitale, un plan du IIème arrondissement de Mona Cabriole vous place le métro, les bars, restaurants et autres lieux. Merci pour eux, c’est vraiment sympa de ne pas penser que Paris c’est une blonde au centre du petit monde franchouillard ! Même que, pourquoi ne pas porter cette idée géniale d’une intrigue qui pourrait aussi se prêter à vivre en direct dans les différents arrondissements d’autres mégapoles françaises, telles que Marseille, Bordeaux, Lyon, Toulouse, Lille etc…. Avis aux éditeurs !!!

J’en viens à l’histoire qui nous intéresse. Aliocha, jeune trader à la Banque générale trouve un jour une jeune prostituée chinoise du Sentier (le quartier de la confection) clamsée dans son page. Le Président Klaus est-il le commanditaire de ce crime à ramifications boursicotières ? Ne sommes-nous pas aussi dans le quartier de la Bourse ? On pense tout de suite à Jérôme Kerviel, sauf que dans notre roman qui fleure bon la liberté de ton et d’actions, nous avons deux traders, géniaux anticapitalistes en agitation…. qui se vouent au minage du navire financier international. Une banque honnête est un oxymore (page 83).

Encore une autre qualité à son actif, Laurence sait écrire une langue vivante et pétillante. Les personnages sont campés et se télescopent du côté de l’échoppe parisienne et jamais l’action du roman ne fait flop. J’ai été tellement prise par l’intrigue de ce livre fascinant, que je l’ai lue en une seule fois et gare au Bartos qui radinait sa fraise pour aller à la plage. Nada. J’étais plongée dans les pages et je nageais avec Mona la belle rebelle au milieu de ce quartier. J’ai vraiment la curiosité de découvrir les autres arrondissements de Paris sous les plumes d’autres auteurs de romans noirs (Antoine Chainas, Marin Ledrun) mais aussi des artistes de la scène musicale tels que (Arthur H, Joseph d’Anvers, Nada et Armand Méliès.

D’autant que déjà quatre arrondissements ont couvert un certain périmètre :

Tournée d’adieu, de Pierre Mikailoff : Ier arrondissement, février 2009,
Les fleurs du Marais, de Thomas Hedouin : IVème arrondissement, février 2009,
Le cinquième clandestin de Marin Ledrun : Vème arrondissement, 15 juin 2009.

En plus, cet éditeur aime rencontrer ses lecteurs :

Mardi 16 juin à partir de 19H30 à la librairie l’Arbre à Lettres dans le Vème arrondissement, "rencontre apéritive" pour la sortie du roman Le Cinquième clandestin de Marin Ledrun / mercredi 17 juin au Smile, 16 rue du Pot au Fer dans le cinquième, soirée Mona Cabriole suivi d’un concert avec une bath chanteuse qu’apprécient les éditeurs.

La Bourse ou la Vie de Laurence Biberfeld / Mona Cabriole IIème arrondissement, 160 pages, format poche, 7 euros, 17 avril