Grippe A : "Le virus est présent dans notre pays"

Grippe A : "Le virus est présent dans notre pays"

13 collégiens d’une même classe de sixième d’un collège de Quint-Fonsegrives, non loin de Toulouse, ont été hospitalisés à cause de l’apparition de symptômes de grippe A/H1N1, avec un de leurs professeurs. "La spécificité de cette situation, c’est que ces cas ne sont pas liés à un déplacement à l’étranger. Le virus est présent dans notre pays", a souligné la directrice de cabinet du préfet de Haute-Garonne.

Parmi les patients mis samedi sous surveillance médicale, seuls sept cas de grippe A/H1N1 sont avérés. Les collégiens malades sont toujours à l’hôpital dimanche, après avoir manifesté des symptômes grippaux (fièvre, toux et fatigue), mais leur état n’inspire pas d’inquiétude. Il leur a été administré un traitement antiviral. Les huit autres collégiens ont regagné leurs domiciles. D’autres analyses de cas éventuels étaient en cours.

L’affaire est préoccupante, dans la mesure où aucun des patients n’a été en contact avec des personnes ayant voyagé à l’étranger, ou n’ont eux-mêmes voyagé à l’extérieur des frontières du territoire national. "Les premières investigations n’ont pas mis en évidence pour ces cas ni voyage, ni contact avec des personnes malades ayant voyagé dans une zone où circule le virus A/H1N1", a déclaré le sous-préfet de Haute-Garonne.

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot avait déclaré vendredi qu’il y avait depuis fin avril 80 cas confirmés de grippe A/H1N1, dite porcine en France, dont 68 importés par des voyageurs et 12 personnes "d’une très grande proximité" avec des gens revenus de l’étranger. Pour autant, les autorités françaises n’ont pas suivi les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui sont de passer à un niveau 6 d’alerte, correspondant à une pandémie mondiale.

Passer au niveau d’alerte maximale, le niveau 6, "serait sans doute prématuré car ce n’est qu’une suspicion de cas groupés. Il faut qu’on pousse un peu plus loin les investigations", a estimé le directeur général de la santé, Didier Houssin. Au cours d’un entretien paru samedi dans le journal Le Monde, il estimait qu’"en France, il n’y a pas de circulation active du virus. Nous avons peu de cas et aucun n’est grave. Nous restons donc en phase 5 A". Sans doute n’était-il pas encore averti de l’évolution de la situation.

Les pouvoirs publics ont mis en route un dispositif d’alerte sur le territoire national, qui fonctionne apparemment bien : "il y a le signal spontané émanant de voyageurs recevant à leur arrivée dans les aéroports français une invitation à se manifester en cas de symptômes. Cette disposition va être élargie aux ports et aux gares ayant des liaisons internationales. Nous invitons à la vigilance les professionnels de santé oeuvrant dans les hôpitaux, en milieu scolaire et universitaire, dans des collectivités. Là où les gens sont rassemblés, il est plus facile de repérer les cas groupés".

Prendre des précautions drastiques, telles que des quarantaines et des mesures de confinement, suspendre les vols internationaux serait certainement mal perçu par la population. Elles ne se justifient certainement pas pour le moment, et jusqu’à présent, 29.669 cas de grippe A/H1N1 ont été recensés dans 74 pays, dont 145 mortels, selon un dernier bilan de l’OMS annoncé vendredi. Ces mesures extrêmes seraient dommageables pour l’activité commerciale, comme le Mexique en a fait la cruelle expérience au début de l’épidémie. Toutefois, il convient de remarquer la confiance avec laquelle agissent les autorités, au moment où s’est déclarée la peste en 1720 à Marseille, comme aujourd’hui.

À l’époque, un navire a été exempté de quarantaine afin que sa cargaison soit exposée sans retard à la foire de Beaucaire. Les échevins de la ville, impliqués dans le commerce, ont laissé faire, laissé passer avec une légèreté qui s’est avérée coupable et dramatique. Près d’un tiers de la population marseillaise a péri, et 100.000 décès ont été à déplorer dans le sud de la France en 1720 à cause de la peste. Les intérêts commerciaux se sont révélés plus importants que la santé du public. Aujourd’hui, l’état d’esprit de nos gouvernants ne paraît pas s’être modifié, alors que le souvenir de l’affaire du sang contaminé demeure vivace dans toutes les mémoires.

De récentes études sur le virus de la grippe A/H1N1 ont montré que la combinaison virale de souche porcine, aviaire et humaine existait plusieurs années avant qu’elle ne soit détectée au Mexique… Pour ces scientifiques, le virus est en circulation de façon subreptice, depuis suffisamment longtemps pour qu’il se soit modifié plusieurs fois et sans que personne ne l’ait détecté. Bien qu’il n’ait été révélé chez aucun porc, son origine apparaît pourtant avérée. Mais nous pouvons douter qu’en France, tout comme dans le reste du monde, une inspection soit dès à présent diligentée sur les cheptels.

 

 


Pas de panique en nos quartiers ou nos villages,
Tant nos pouvoirs publics ont prévu la question
Car ils sont observés vraiment dans leur bastion
La prévention nous vient de nos tribuns volages.

Sur un soupçon d’erreur tirons bien les voilages
Ne nous tracassons pas des maux de congestion,
Tant que notre souffrance est dans la suggestion
Quand le problème est de tailler plus d’attelages.

Les freins pour la santé sont la question d’argent
Qui joue avec prudence un vrai problème urgent,
Mais soigne avec raison les cordons de la bourse.

Plus d’un scandale a fait le bonheur des journaux
Si tout homme a besoin de voir ce qu’il débourse,
L’argent s’en va dans des dossiers aux tribunaux !