Soupçons de Fraude aux Élections en Iran

Soupçons de Fraude aux Élections en Iran

Les organes d’informations officiels ont déclaré le président sortant Mahmoud Ahmadinejad gagnant vendredi d’un scrutin très suivi en Iran, tandis que son rival Mirhossein Mousavi l’explique par des irrégularités en s’octroyant pour lui-même le bénéfice de la victoire.

Le chef de la commission électorale iranienne annonce 69% des voix pour Mahmoud Ahmadinejad, contre 28% pour Mirhossein Mousavi sur un décompte de 19% des votes déjà dépouillés. L’agence de presse officielle IRNA a estimé que "le Dr Ahmadinejad, en obtenant la plupart des voix dans la 10ème élection présidentielle, a consolidé sa victoire".

Son rival a tenté un peu plus tôt de fléchir les annonces officielles en appelant à une conférence de presse, à laquelle il affirme qu’il y a eu des irrégularités pendant la tenue du scrutin, notamment en ce qui concerne une insuffisance de bulletins de vote. "Je suis le vainqueur final de cette élection présidentielle", a-t-il déclaré à cette occasion. Il n’y a pas eu de réponse immédiate de la part de Mirhossein Mousavi à l’annonce des chiffres apportés par la commission électorale.

La campagne, conduite avec amertume et vives tensions de la part des candidats, s’est traduite par beaucoup d’enthousiasme à l’intérieur du pays, en provoquant un grand intérêt dans le monde entier. Tous les dirigeants du globe ont recherché les signes d’un changement dans l’attitude iranienne, qui n’a pas cessé d’empirer pendant le mandat de Mahmoud Ahmadinejad.

La victoire de Mirhossein Mousavi aurait pu contribuer à détendre les relations avec le monde occidental, très préoccupé par les ambitions nucléaires de Téhéran, en plus d’ouvrir la porte à un dialogue souhaité par le président des États-Unis, Barack Obama, lequel a souhaité un nouveau départ dans les relations avec le monde musulman. Mirhossein Mousavi, ancien premier ministre, a signalé que beaucoup de gens n’ont pas pu voter en dépit d’un scrutin prolongé de quatre heures.

Un peu plus tôt, à Washington, Barack Obama a manifesté tout son intérêt par rapport au débat en cours en Iran, souhaitant qu’il contribuerait à engager les deux pays sur une nouvelle approche. Mirhossein Mousavi a détaillé au cours de sa conférence de presse les problèmes rencontrés pendant la tenue du scrutin. "Nous attendons la fin du décompte des voix et des explications sur ces irrégularités", a-t-il indiqué : "nous attendons de faire au plus tôt la fête avec les gens" !

Le rival de Mahmoud Ahmadinejad exprime aussi des réserves sur la sincérité des scrutateurs : "nous espérons que les autorités responsables font leur travail en ce sens, guidées par la sagesse du chef suprême et que les résultats auront lieu d’être convenables". Le code électoral stipule qu’un second tour aura lieu le 19 juin entre les deux favoris dans le cas où aucun des candidats ne parvient à rassembler 50% des voix sur son nom.

De longues files d’attente se sont formées devant les bureaux de vote, que ce soit dans des quartiers nord et aisés de Téhéran où Mirhossein Mousavi est très populaire, que dans les banlieues méridionales de Téhéran, plus pauvres, qui sont les bastions de Mahmoud Ahmadinejad. On espère un signe de la haute assemblée, dont les réformateurs se sont effacés au moment de l’élection de Mahmoud Ahmadinejad en 2005, pour raviver la flamme et les valeurs de la révolution islamique de 1979. Les observateurs ont pronostiqué un faible écart de voix.

Pour des Iraniens, c’est aussi une opportunité pour émettre un avis sur la rente pétrolière de la République islamique d’Iran, un pays soumis aux exportations de pétrole. Si Mahmoud Ahmadinejad, 52 ans, se fait fort d’avoir rétabli la croissance économique et une hausse des prix limitée, l’inflation et un taux de chômage élevé sont les enjeux principaux de la campagne électorale. Officiellement, l’inflation est de 15% environ.

Les conséquences sociales, en ce qui concerne le code vestimentaire strict des femmes, les tensions entre l’Iran et le reste du monde, ont aussi été abordées pendant la campagne électorale, mais les résultats des voix n’apporteront immédiatement de changement dans la politique extérieure de l’Iran, déterminée essentiellement par l’Ayatollah Ali Khamenei. Les États-Unis n’ont pratiquement aucune relation avec l’Iran depuis la révolution islamique, mais Barack Obama réitère à Washington que les États-Unis "ont essayé d’envoyer un message clair en ce qui concerne une opportunité de changement" dans leurs relations.

Mirhossein Mousavi, 67 ans, rejette des demandes occidentales en ce qui concerne l’enrichissement de l’uranium, mais les experts sur l’Iran signalent qu’il serait favorable à une approche différente des relations irano-américaines, et des entretiens sur le programme nucléaire iranien, sur quoi les occidentaux nourrissent des craintes en matière d’armes de destruction massive. L’Iran s’inscrit en faux dans ce procès.

Une campagne électorale de trois semaines a été marquée par par la polémique, Mahmoud Ahmadinejad accusant ses rivaux de corruption. Ses adversaires lui ont rétorqué ses mensonges au sujet de la situation économique. Ils ont également saisi le ministère de l’Intérieur et l’Ayatollah Ali Khamenei pour qu’ils s’assurent de la sincérité du scrutin. En plus de Mirhossein Mousavi, étaient en lice le religieux libéral Mehdi Karoubi et l’ancien chef des Gardiens de la Révolution Mohsen Rezaie.

L’épouse de Mirhossein Mousavi, Zahra Rahnavard, a cassé les codes en vigueur dans ce pays musulman conservateur, en menant une campagne active pour son mari, et son action a rencontré beaucoup de succès chez les militants du droit des femmes. "Je remercie tout le monde de sa présence verte, laquelle a créé un miracle", s’est exclamé Mirhossein Mousavi en référence aux couleurs portées par ses soutiens nombreux dans les rues de Téhéran pendant la campagne, et où lui-même a voté, accompagné par son épouse.

 

 


Les élections sont tout au moins ce piège à cons
Posé aux pieds du peuple en fait de calligramme,
Quand pas un candidat n’a suivi son programme
Après qu’il l’ait choisi pour paraître aux balcons.

Le choix du peuple après suit un vol des faucons
Si sûrs d’avoir raison contre un raide épigramme,
Car le pouvoir défend toujours son monogramme
Et le devoir des gens tourne au désordre abscons !

Pourquoi voter pour rien si rien ne tourne ensuite
Comme il faut d’ordinaire hormis sur la poursuite
Des buts de guerre enfouis dans l’esprit collectif !

Nous voudrons bien voter un jour sous la menace,
Mais laissez-nous choisir dans notre trouble hâtif
Celui que nous voulons voir tourner dans la nasse.