Rumeurs plus Précises sur le Remaniement

Rumeurs plus Précises sur le Remaniement

Cette fois-ci, Nicolas Sarkozy devrait être encore plus à la peine pour rafraîchir le casting gouvernemental qu’à la fin de l’année dernière. Les gros poissons comme les petits se méfient de l’usure du pouvoir.

Le grand public connaît déjà le nom des sortants de l’équipe gouvernementale, du moins en ce qui concerne les ministres engagés dans la campagne pour les élections européennes. En dépit de sa victoire et des réserves que les partenaires sociaux expriment à son égard, Brice Hortefeux est maintenu aux Relations Sociales. Xavier Bertrand en a fait l’annonce dès lundi matin à la radio : "Je pense qu’on a besoin de Brice Hortefeux au gouvernement".

Le maintien du fidèle de Nicolas Sarkozy est certes en contradiction avec l’engagement que ce dernier a pris avant le scrutin, affirmant par la voix du porte-parole du gouvernement : "quand on se présente à une élection, c’est pour siéger dans l’assemblée pour laquelle on a été candidat", mais elle n’a ému personne.

En revanche, Rachida Dati et Michel Barnier sont bien sur le départ. Cela ne veut pas dire qu’ils vont siéger à Strasbourg pour autant : la première consulte à tout va pour échapper à cette corvée, dans l’espoir de se trouver un point de chute. La communicante Anne Méaux lui prêterait main-forte. Michel Barnier ne songe pas non plus à Strasbourg, car il espère intégrer la prochaine équipe de José Manuel Barroso à Bruxelles… pourvu que le Traité de Lisbonne soit mis sur les rails à temps !

Pour les remplacer, la presse évoque Éric Woerth à la Justice et Maurice Leroy à l’Agriculture. Or, ni le président de la République, ni son Premier ministre François Fillon n’ont envie, ni intérêt à bouleverser les équilibres antagonistes qu’ils ont institué dès le début du mandat de Nicolas Sarkozy. À l’heure actuelle, trouver un technocrate de confiance pour administrer les Comptes Publics en cette deuxième partie de mandat s’avère mission impossible. De même, l’entrée au gouvernement de Daniel Cohn-Bendit, à la place de Jean-Louis Borloo, demeure du domaine de la pure spéculation.

"Je ne verrais aucune objection à ce que Daniel Cohn-Bendit entre au gouvernement", aurait dit Fadela Amara. Mais ce n’est pas à présent que Nicolas Sarkozy s’apprête à porter l’estocade finale aux centristes de François Bayrou qu’il lui viendrait à l’idée de se fâcher avec les radicaux que représente le ministre de l’Écologie au gouvernement… D’autant plus qu’il s’est allié les bonnes grâces de Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche.

Celui-ci est depuis longtemps courtisé pour mettre un terme à la scission de 1973 au sein de l’UMP. En revanche, Brice Hortefeux, de qui Fadela Amara dépend, a jeté en vain son dévolu sur Marielle de Sarnez. Mais elle est beaucoup trop proche de François Bayrou pour songer à lui faire un enfant dans le dos ! Tout au plus la venue de Roger-Gérard Schwartzenberg, en remplacement de Valérie Pécresse est-il très plausible.

Mais Valérie Pécresse n’est pas encore partie ! Elle espère bien profiter un peu des ors de la république après la fronde à laquelle elle a été sujette avec ses deux réformes universitaires successives… Ça lui laissera le temps de préparer sa campagne pour les élections régionales, qui sont encore loin d’être gagnées malgré la déconfiture des socialistes. Christian Estrosi, de son côté, multiplie les appels du pied au président de la République pour effectuer un retour triomphal au gouvernement.

Las ! Le chef de l’État a besoin de lui encore pour préparer le terrain sur ses terres. Il devra attendre un an de plus. Et Michèle Alliot-Marie, caution chiraquienne au gouvernement, est on ne peut plus utile au moment où la dernière pièce de l’échiquier est à faire tomber après les vacances, lorsque Dominique de Villepin se verra signifier une condamnation en correctionnelle. Le ministre de l’Intérieur apparaît donc aussi inamovible que ne l’était celui de la Défense au cours de la législature précédente. Patrick Ollier, d’ailleurs, pourrait même viser un strapontin.

Le Figaro cite les noms de Victorin Lurel, député de la Guadeloupe et de Nora Berra, élue le 7 juin dans le Sud-Est, pour afficher plus de diversité encore au gouvernement. Un geste en direction des DOM-TOM serait en effet bienvenu, tandis que dépouiller les listes de l’UMP des heureux élus dimanche ne serait pas du meilleur effet ! Yves Jégo n’a certes pas fait des flammes à l’Outre-Mer, mais en est-il vraiment responsable ? Le remplacer signifierait lui donner une mission politique, car il demeure un fidèle de longue date de Nicolas Sarkozy.

Christine Albanel et Nadine Morano se sont brûlé les ailes avec Internet. La déconfiture de la première et les outrances de la seconde pourraient leur valoir une sanction. Frédéric Lefebvre attend au coin du bois, mais sa personnalité haute en couleurs risque de ne passer ni dans le public, ni au gouvernement. Donnés partants également, Roger Karoutchi et Christine Boutin. Le premier s’est cramé plus ou moins volontairement, tandis que la seconde se voit préparer une sinécure au Conseil Général des Yvelines.

 

 


Les rumeurs vont bon train sur ce gouvernement
Qui semble assez fané après deux ans d’antenne,
Sans avoir trop servi pour nous rendre incertaine
La nouvelle ère en panne et pour un bon moment.

Le peuple est maintenant dépouillé d’un serment,
Mais lorgne avec dégoût la bourgeoisie hautaine
Et moque à longueur d’an cette horreur puritaine
Qui lui tient lieu de foi sans couper son tourment.

Ces lauriers qu’on affiche ont tari tout leur lustre,
Le pouvoir plus fort tangue et se tient au balustre
Quand il pense à son tour s’en prendre à la nation.

Messieurs les grands esprits qui spéculez du vôtre
Au sommet des pouvoirs dans leur noble ambition,
Ne cherchez pas aussi cet espoir qu’il sauve autre.