Nouvelles craintes pour la banquise à l’été 2009

Nouvelles craintes pour la banquise à l'été 2009

La tendance négative observée dans le grand nord se poursuit. D’après les simulations, les chercheurs polaires craignent pour cet été une augmentation accrue de la fonte des glaces au Pôle Nord, et même un nouveau record de chaleur.

Les scientifiques sont engagés dans une course contre la montre pour évaluer cet été la fragilité de la banquise en mer arctique. Les premiers pronostics n’offrent hélas pas de raisons pour se réjouir. Sur Sea Ice Outlook, de nombreux scientifiques se réunissent depuis tous les points du globe en vue de prédire l’avenir du manteau blanc qui couvre le grand nord. En Allemagne, des climatologues de l’institut Alfred Wegener pour exploration de la mer et les pôles (AWI) et du KlimaCampus de l’université de Hambourg participent à ce triste challenge.

Conformément à leurs prévisions, la glace est amenée à fondre encore plus cet été dans l’Océan Arctique : il est fort possible que nous atteignions cette année les valeurs records de 2007, estime Rüdiger Gerdes, expert en glaciologie de l’AWI dans un entretien avec la presse allemande, et l’éventualité d’un nouveau record de température dans la région du pôle nord. D’après ses calculs, la probabilité pour que le manteau glacé soit plus petit que jamais s’élève à 28% cet été. Les prévisions du KlimaCampus de l’université Hambourg est un peu plus positif : les risques d’un tel scénario se chiffrent à 7%, mais ils pourraient être revus à la hausse.

Les chercheurs de Bremerhaven ont utilisé un modèle statistique enrichi avec des données observées au cours des périodes les plus récentes pour. Le pronostic des scientifiques de Hambourg est fondé sur une projection de données satellites des 36 dernières années. Dans chacun des cas, la fiabilité des prévisions est assez faible à l’heure actuelle. Rüdiger Gerdes fait par conséquent remarquer qu’on ne peut pas prendre ces 28% de probabilité pour argent comptant.

Un problème se pose pour la prévision de glace et il est crucial : les scientifiques disposent évidemment de jour en jour de cartes actualisées depuis les satellites en ce qui concerne la surface de la glace. Mais les informations qui concernent l’épaisseur de la banquise ne sont pas à leur disposition comme autrefois. Seul le lancement du Satellite Cryosat 2de l’ESA, l’agence spatiale européenne à la fin de l’année pourra y remédier. À long terme, il n’y a plus aucun doute pour Lars Kaleschke, de l’institut pour les gens de mer à Hambourg : la glace de l’Océan Arctique fondra beaucoup plus vite encore cette année, avec des conséquences de grand ampleur en ce qui concerne l’exposition au rayonnement solaire et les températures.

En principe, il est clair que l’étendue de mer glacée dans la région du Pôle Nord doit énormément se rétrécir dans l’avenir — à la grande satisfaction des entreprises de navigation, qui y voient des itinéraires de transport plus courts. L’intérêt se manifeste aussi dans le gaz et le pétrole arctiques, qui deviennent ainsi plus facilement exploitables. Mais à savoir quand toute la glace aura disparu en été des régions arctiques, les pronostics divergent.

L’été dernier, la surface minimale de glace, conformément aux indications du National Snow and Ice Data Center (NSIDC) aux États-Unis, a été mesurée juste au-dessus des records enregistrés en 2007. Et ils l’ont été en dépit du refroidissement provoqué par le phénomène climatique de La Niña sur une grande partie de la Terre. Il a été mesuré une surface de glace minimale de 4,5 millions de kilomètres carrés, a déclaré le NSIDC, et c’est la valeur la moins bonne depuis le début des enregistrements en 1979. À la fin de l’été 2007, la banquise avait une surface de 4,1 millions mètres carrés.

Une certaine marge d’incertitude demeure toutefois, en fonction de la méthode de calcul utilisée pour mesurer la surface des glaces. Faut-il par exemple y intégrer les nappes d’eau emprisonnées par la glace ? Il existe aussi une différence d’appréciation dans l’interprétation des photos satellites. Des flaques d’eau s’étendent ainsi à la surface de la banquise, mais faut-il les considérer comme des éléments océaniques ? Les calculs possèdent ainsi un facteur de pondération.

La tendance semble claire en dépit de tels facteurs : un Océan Arctique libre de glaces en été est inévitable, a prévenu Mark Serreze à plusieurs reprises, au cours de ses recherches en glaciologie au NSIDC. Qu’importe ! Ce qui compte en été, c’est le soleil et la mer.