Liberté immédiate pour Jean-Marc Rouillan !

Liberté immédiate pour Jean-Marc Rouillan !

Après trois mois de détention dans un hôpital-prison à Marseille, Jean-Marc Rouillan a retrouvé les hauts murs des Baumettes. Atteint du syndrome de Chester-Erdheim, il demande une suspension de peine pour raison médicale.

Après la brusque suspension de son régime de semi-liberté, Jean-Marc Rouillan était de nouveau derrière les barreaux de la prison des Baumettes à plein temps depuis le 4 octobre 2008. Son état de santé devenant très préoccupant, il avait été transféré, in extremis, le 6 mars dernier, dans l’Unité hospitalière sécurisé interrégionale (UHSI) de l’hôpital nord de Marseille.

Au bout d’une série d’examens tous plus douloureux les uns que les autres, la saloperie qui bouffe les os de l’ancien militant d’Action directe a été identifiée. Il s’agit d’une maladie évolutive très rare nommée syndrome de Chester-Erdheim. On compte moins de 200 cas dans le monde, dont une dizaine en France, dont qui vous savez. « En tant que vieux rebelle, je n’ai pas choisi le cancer, trop banal sans doute, mais une maladie plus rare que les maladies orphelines elles-mêmes. J’ai toujours été un minoritaire, mais là… c’est le comble ! », me disait, après un silence inquiétant dû à la souffrance et à l’épuisement, Rouillan dans un récent courrier. Un humour plus noir que noir pour ce gaillard rouge vif.

La recherche médicale tâtonne pour combattre le syndrome de Chester-Erdheim. Les traitements sont expérimentaux et totalement incompatibles avec la détention. Le 26 mai, l’avocat Jean-Louis Chalanset a donc présenté une demande de suspension de peine pour raison médicale auprès du tribunal de l’application des peines de Paris. Deux experts médicaux doivent être désignés pour examiner ce détenu définitivement hors du commun…

Très malades également, deux ex-militantes d’Action directe ont eu une suspension de peine. Joëlle Aubron, décédée en 2006, a bénéficié de cette mesure en 2004. Nathalie Ménigon est en libération conditionnelle depuis août 2008.

Selon Jean-Louis Chalanset, la loi ne prévoit pas de délai entre la demande et l’ordonnance de suspension. Un flou qui laisse imaginer que Jean-Marc Rouillan pourrait sortir de taule dans les prochains jours si la raison l’emportait sur la raison d’Etat. Dans tous les cas, il n’y a aucune justification légale pour qu’il attende le rendez-vous de la cour d’appel de Paris fixé au 26 novembre prochain. Cette audience doit dire si Rouillan peut ou non bénéficier d’une libération conditionnelle malgré la révocation de sa semi-liberté.

En temps normal, Jean-Marc Rouillan n’aurait qu’à attendre aussi patiemment que possible son passage au Centre national d’observation (CNO) de Fresnes afin d’obtenir l’avis de la commission pluridisciplinaire chargée de statuer sur la « dangerosité » des condamnés à perpétuité demandant leur libération. Le hic, c’est que le syndrome de Chester-Erdheim est là et qu’il continue à torturer Rouillan en se moquant totalement des méandres des lois et des subtilités politico-pénitentiaires françaises.

Nous apprenons que la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Paris a accordé aujourd’hui un régime de semi-liberté à Max Frérot, ex-militant d’Action Directe. Incarcéré depuis 22 ans, Max Frérot est à Lannemezan (Hautes-Pyrénées). Il sera transféré à Nîmes (Gard) à partir du 16 juin et pourra bénéficier d’une libération conditionnelle au bout d’un an. Dans ce contexte, à pleins poumons, nous crions « Liberté immédiate pour Jean-Marc Rouillan ! » Entendrons-nous bientôt cette phrase dans la bouche de tou-te-s les militant-e-s des Droits de l’Homme ?

Derniers livres parus de Jann-Marc Rouillan : Les Viscères polychromes de la peste brune (éditions La Différence), De Mémoire 2 (éditions Agone).

Informations sur le syndrome de Chester-Erdheim.

Vous pouvez écrire à Jean-Marc Rouillan n°147 575 centre pénitentiaire des Baumettes, 239 chemin de Morgiou, 13009 Marseille.

Photo : DR. Jean-Marc Rouillan à Marseille avant la suspension de son régime de semi-liberté.