Désaveu pour les partis au pouvoir en Europe

Désaveu pour les partis au pouvoir en Europe

Les électeurs européens ont sanctionné leurs gouvernements respectifs dans plusieurs pays d’après les sondages effectués à la sortie des urnes avant la fin des élections européennes dimanche soir.

Malgré ce désaveu attendu, les partis du centre devraient conserver leur position dominante au Parlement de Strasbourg, dont le rôle pour l’élaboration des règles communes en Europe est déterminant. Des sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote indiquent les contre-performances des majorités gouvernementales en Grande-Bretagne, en Irlande, en Grèce et en Lettonie… Les partisans d’Angela Merkel en Allemagne conservent cependant une grande influence en reculant toutefois sur leurs positions. De même pour la majorité présidentielle en France.

Des études d’opinion menées avant le scrutin ont présenté une défaite annoncée des partis aux affaires en Grande-Bretagne, en Espagne, en Bulgarie et en Hongrie, tandis que des partis situés à l’extrême droite seraient susceptibles de faire leur entrée au Parlement européen en cas de fort taux d’abstention dans un électorat de 375 millions de personnes. Sans conséquences directes pour les gouvernements nationaux, ces élections pourraient cependant les mettre en situation délicate. Gordon Brown a déclaré qu’il n’était pas question pour lui de démissionner avant les résultats, ce qu’il pourrait être contraint de faire juste après !

Ces élections n’ont pas l’air d’être un triomphe ou un grand moment pour la démocratie européenne, a déploré un observateur à la Commission de Bruxelles : les gouvernements ont montré que l’Europe apparaît sans utilité en ne fournissant pas de message suffisamment fort d’unité pour traverser la plus grande crise économique depuis les années trente… Beaucoup d’électeurs sont inquiets de la hausse du chômage et considère que l’Europe est trop laxiste, trop en retard, pour affronter la crise économique, bien qu’elle ait mis un plan fiscal sur pied en vue de relancer l’économie en injectant beaucoup d’argent.

Un certain nombre d’entre eux estiment que l’Europe est trop éloignée de leurs préoccupations et n’a pas suffisamment d’impact dans leurs vies quotidiennes. Certains trouvent les mécanismes de décision trop compliqués, ils ont du mal à situer les responsabilités respectives de la Commission et du Parlement européens. Par ailleurs, la plupart des campagnes a favorisé les enjeux nationaux, dans des conjonctures défavorables pour les gouvernements en place.

En Irlande, les sondages à la sortie des urnes ont montré que le parti majoritaire Fianna Fail pourrait céder un de ses 4 sièges aux opposants au traité de Lisbonne, signé en vue de rationaliser le processus de prise de décision au sein de l’union européenne depuis qu’elle comprend 27 États membres. Les électeurs irlandais avaient rejeté l’année dernière ce traité, leur soutien s’avère essentiel pour que cette réforme soient finalement entérinée.

Les citoyens grecs, las des scandales et de la crise économique, ont offert une victoire aux socialistes de l’opposition sur le parti au pouvoir Nouvelle Démocratie. Beaucoup d’électeurs ont montré leur déception de la politique traditionnelle en accordant leurs suffrages à de petites listes ou en votant blanc, tout simplement. Je suis vraiment déçu, déclare un petit patron, tous ces politiciens veulent est notre argent, ils font avec des choses inacceptables et puis reviennent nous demander nos voix !

Le parti travailliste dans l’opposition à Malte est désormais majoritaire en voix dans cette île en Méditerranée, tandis que partis d’opposition en Lettonie ont progressé de façon notable, où des russophones ont apparemment obtenu de très bons scores. Un sondage à la sortie des bureaux de vote signale qu’un ancien fonctionnaire communiste letton est en voie d’obtenir un siège au Parlement européen, indiquant les difficultés rencontrées par un gouvernement qui fait face à une crise économique et à une forte dévaluation de la monnaie nationale.

Le Parti de la Liberté de Geert Wilders, est devenu le second parti des Pays Bas en dénonçant l’immigration, avec 4 des 25 sièges à pourvoir, un de moins que le principal acteur de la coalition gouvernementale. Plusieurs autres partis minoritaires devraient bénéficier du faible taux de participation aux élections européennes. Un homme d’affaires hongrois déclare à la sortie de son bureau de vote qu’il souhaite envoyer un message aux politiciens d’aujourd’hui en ne cautionnant pas la manière dont ils s’acquittent de leur mission.