Découvrir le charme désuet de la Turquie en Europe

Découvrir le charme désuet de la Turquie en Europe

Seulement 3% du territoire turc se trouve en Europe, et pourtant 20% de la population y réside. Hormis l’ancienne capitale Istanbul, qui s’étend sur les deux rives du Bosphore, la Turquie d’Europe est le parent pauvre des circuits touristiques. Dommage collatéral d’une controverse politique au sujet de la définition de l’Europe ?

Plus que le noyau d’un empire dépecé au lendemain de la première guerre mondiale, la civilisation turque s’est toujours présentée comme un pont enjambant l’héritage historique et l’avenir, entre les différentes cultures qui l’empêchent de montrer au monde un visage uni. Elle est à l’image du Pont du Bosphore, long de 1560 mètres, qui fait le lien entres les deux rives du détroit des Dardanelles depuis 1973.

Aux temps antiques, la rive asiatique de la mer Égée est grecque. Homère est réputé être né à Smyrne, tout comme l’ancien chef de gouvernement français Édouard Balladur… L’héritage du poète est fondamental pour la civilisation européenne, puisqu’il nous a laissé le premier récit historique de notre culture gréco-romaine. La guerre de Troie, dont il a livré l’épopée, s’est déroulée pour partie sous les murailles de cette cité mythique, elle aussi située sur la rive orientale de la mer Égée.

Istanbul est la seul ville au monde à s’étendre sur deux continents, séparée par le Bosphore. Trois noms mythiques se sont succédés pour une même ville : Byzance, Constantinople et maintenant Istanbul. Un séjour dans cette ville chargée d’histoire ne saurait s’achever sans la traditionnelle et inoubliable excursion sur le Bosphore, ce détroit sinueux qui sépare l’Europe et de l’Asie. Ses rives offrent un mélange ravissant du passé et du présent, de splendeur grandiose et de beauté naturelle. La promenade est d’environ 6 heures pour admirer les rives de ce détroit sinueux, long de 30 Km et large de 650 à 2.800 mètres.

Un estuaire en forme de corne, divise en deux la partie européenne d’Istanbul. C’est l’un des meilleurs ports naturels du monde, et la base de la marine de guerre et de la flotte marchande byzantines, puis ottomane. Des parcs et promenades agréables bordent ses rives. Au soleil couchant, l’eau y reflète une belle couleur dorée. Fener et Balat sont des quartiers à mi-chemin de l’estuaire et abritent des rues entières de vieilles maisons, d’églises et de synagogues de des époques byzantine et ottomane. C’est à Fener que réside le Patriarche orthodoxe.

Un peu plus haut, Eyüp possède une architecture de style ottoman. Le café de Pierre Loti, en haut de la colline, est un endroit merveilleux pour jouir de tranquillité de ces lieux. Les murailles d’Istanbul, autrefois infranchissables, s’étirent sur 7 Km de la mer de Marmara à la Corne d’or. Les murs datent de l’époque Théodose (IVème siècle) et ont été plusieurs fois restaurés. Ils font partie du patrimoine culturel mondial recensé par l’Unesco. Rumeli Hisari, la forteresse européenne, a été construite par Fatih Sultan Mehmet (le conquérant) en 1542, avant la prise d’Istanbul. La construction a pris 4 mois seulement, et c’est l’un des plus beaux ouvrages d’art militaire au monde.

La Tour de Galata a été érigée par les Génois en 1348, elle s’élève à 62 mètres au-dessus du sol de l’autre côté de la Corne d’Or. D’en haut, le panorama sur la Corne d’Or et le Bosphore est extraordinaire le soir. Les touristes apprécient son restaurant, son night-club et son bar. L’Église Sainte Irène est l’une des premières églises chrétiennes. Cet édifice a été construit en 324 par l’empereur Constantin le Grand, puis reconstruit par Justinien en 540.

On ne saurait quitter Istanbul sans voir La Basilique Sainte Sophie. C’est sans aucun doute l’un des plus splendides monuments de tous les temps. Fondé par Constantin et rebâti par Justinien au Vème siècle, son dôme immense s’élève à 55 mètres au-dessus du sol, avec 31 mètres de diamètre. Il était le siège du patriarcat orthodoxe de Constantinople et le lieu d’accueil privilégié des cérémonies impériales. Hagia Sophia en grec, Sainte Sophie en français et Ayasofya en turc, ce bâtiment est le symbole et le plus grand monument religieux de l’empire byzantin et de l’empire ottoman. Flanqué de quatre minarets pointus par le sultan Mehmet II, qui sauva le bâtiment de la ruine, l’église est devenue mosquée avant d’être aujourd’hui un musée.

Depuis Istanbul, il est possible de prendre le train pour Erdine, l’autre ville historique de la Thrace. Le parcours est lent, à peine sinueux, escarpé parfois, entre mer immobile, labours d’automne et broussailles décharnées. Des bergers attendent l’hiver, dans une brume blanche d’humus et d’embruns mêlés, ni douce, ni froide, trop humide sans doute. La ville abrite un musée historique, mais plus instructif est le musée d’archéologie et d’ethnographie, qui permet de faire le point sur le nombre ahurissant de peuplades qui ont emprunté ce passage du Bosphore pour se rendre d’une rive à l’autre. Aujourd’hui, notre destin serait-il condamné à rester figé ?

 

 


La mer les sépare et les lie ensemble
Pour offrir en débat le bien commun
Ou balayer les doigts depuis la main
En désaccord total à ce qu’il semble !

Le regard de chacun alors ressemble
Au pont suspendu tellement humain,
C’est l’espoir accroché le lendemain
Si l’appel à la raison nous rassemble.

Un désir de culture a cédé au respect
Offert avec l’empire au noble aspect
Sous un pont tel un fil entre les rives.

Voici les bâtiments aux toits pointus,
Dans le raisin vont picorer les grives
Sans savoir que les voisins sont têtus.