Bordeaux alternatif : le "Samovar"

 Bordeaux alternatif : le "Samovar"

Un salon de thé et de lecture coopératif et solidaire où on y mange bio et végétarien à Bordeaux pour toutes les bourses : ça existe !

Le Bartos ne pensait pas que puissent encore se développer des lieux alternatifs de vie en France. Faut dire, Bordeaux et ses célèbres prout-prout dans la soie au cabinet du château de Juppé, ça paraissait désuet ! Et pourtant, d’autant que Milène et Sandra qui m’ont accueillie si chaleureusement sont des personnes sympathiques militantes et motivées.

Le Mague : Le Samovar à Bordeaux, qu’est-ce que c’est ?

Le Samovar : C’est un salon de thé qui existait, ça va faire sept huit ans, qui avait été fondé par une personne qui a laissé le lieu il y a trois ans. Nous, on a repris le lieu pour en faire un salon de thé et de lecture et en plus un lieu de promotion de l’agriculture biologique, de la coopération tout ça. Ca fait trois ans que c’est une scop qui propose l’été des tisanes biologiques, des produits locaux.

Le Mague et pour le scoop, qu’est-ce que c’est qu’une scop ?

Le Samovar : Une scop : c’est une société coopérative de production. C’est une forme d’entreprise dans laquelle l’outil de travail est aux mains des travailleuses et des travailleurs. En gros, c’est une entreprise avec quelques spécificités. La plus importante, une personne égale une voix, contrairement à une entreprise banale ou ça dépend des parts de capital. Les salariés y sont majoritaires dans le capital et le troisième point, les bénéfices sont partagés entre les salariés et puis l’investissement dans l’entreprise. C’est aussi dans l’idée de perpétrer un outil de travail et ne pas spéculer dessus.

Le Mague : Et le nom justement du Samovar ?

Le Samovar. On en a hérité. L’ancien propriétaire des lieux a séjourné pas mal de temps en Europe de l’Est. Notamment en Tchécoslovaquie où il a vécu et travaillé. Il nous a laissé un souvenir : un samovar électrique.

Le Mague : Qu’est-ce qu’on y mange et boit de bon au Samovar ?

Le Samovar : On essaie de faire boire de la tisane. Evidemment, notre axe principal, c’est consommer local et plus écologiquement possible dans les circuits de transport les plus courts. Maintenant plus exotique et toujours très bon, du thé. Du thé qui est importé et qui s’appelle « Les jardins de Gaia » en Alsace qui fait de l’importation du commerce équitable et bio issu de l’agriculture biologique. Il y a aussi du café qui est torréfié localement par des importateurs torréfacteurs qui se trouvent à Pessac (Gironde) et qui sont en scop eux aussi. Et ce qu’on y mange ? On a des spécialités reconnues dans le tout Bordeaux (sourire). Le fondant au chocolat, quand c’est le week-end. On essaie de faire de la cuisine à partir de légumes. C’est végétarien de toute façon. C’est-à-dire qu’on achète directement à un producteur. La farine aussi est locale, elle provient de sud Gironde. L’huile, elle vient des mêmes gens. A part, le chocolat, le café et le sucre, c’est local.

Le Mague : Ce qui est assez étonnant, dans votre lieu on peut y lire des livres. Ca peut être une bibliothèque. Comment ça fonctionne ? Les gens viennent boire, manger et lire ?

Le Samovar : Il y a plusieurs publics. Y’a des gens qui viennent pour l’ambiance calme, propice à la lecture. Y’a ceux qui rentrent tout à fait par hasard. Ils ont vu les livres. C’est varié. Il y a des gens qui viennent avec leurs propres bouquins. Comme on a un fond militant, il y a des gens qui s’intéressent spécifiquement à lire cette presse. Y’a des gens qui viennent pour les livres et les revues de voyage. C’est très varié. Y’en a qui viennent que pour manger. L’intéressant pour nous étant qu’ils boivent quand même quelque chose pour accompagner leur lecture.

Le Mague : Et quels évènements culturels se passent au Samovar ?

Le Samovar : On a des évènement réguliers en fait. Pendant les mois d’hiver entre janvier et mi-avril, il y a les « Contes du Chaudron » qui sont organisés par une compagnie de théâtre qui s’appelle « Le Théâtre Marivaux ». Un dimanche sur deux, il vient se produire ou il invite des conteuses ou des conteurs qu’il connaît.

Le Mague : Quels sont vos souhaits pour le Samovar ?

Le Samovar : On aimerait franchement qu’il soit plus fréquenté. Après, on aimerait que notre message porte un peu. Manger bio c’est pas du luxe. On a envie que le Samovar perdure quelques années encore. Qu’un jour, on n’ai plus besoin de Samovar. Que ce soit un lieu le plus utile possible. Y’a toujours besoin d’un lieu de rencontres, un lieu d’échanges, d’informations aussi. On édite aussi une plaquette « le petit atern’actif », petit guide sans prétention des alternatives sur Bordeaux et la CUB (communautés urbaines de Bordeaux).

Le Mague : Au niveau du quartier comment vous perçoit-on ?

Le Samovar : Y’a une place juste à côté. C’est la place quoi ! On peut s’installer dessus, c’est pas comme toutes les autres places de Bordeaux. Y’a des terrasses. Ce sont des salons de thé orientaux. C’est Kebab, thé à la menthe. On n’a plutôt pas grand-chose à voir avec eux, si ce n’est qu’on est obligé d’adapter nos tarifs à la clientèle locale. On n’est pas spécialement bien intégré dans une partie du quartier. C’est pas que des gens du quartier qui viennent, c’est pas tout à fait le même public. Y’a aussi les gens de passage, le tourisme intérieur. Les week-ends prolongés à Bordeaux, on est sur le chemin de la gare.

Le Mague : Vous arrive-t-il d’organiser des rencontres avec des auteur(e)s ?

Le Samovar : C’est sur proposition des gens. C’est spontané, quelqu’un qui passe qui se dit : Oh je dirai bien mon texte ici. Y’a des gens qui viennent le dire et qu’on ne revoie jamais, et puis ceux qui le disent, le redisent et finalement viennent tel jour à tel heure.

Le Mague : Et les enfants viennent aussi ?

Le Samovar : Oui mais pas tous seuls. Ils viennent par ce que leurs parents viennent.

Le Mague : Et est-ce que vous avez des retours de l’ambiance et de la convivialité de ce lieu ?

Le Samovar : Oui, des fois. Des gens qui ne sont pas de Bordeaux et qui nous disent : ce serait bien de créer un lieu comme ça chez nous. C’est un lieu qui donne aussi envie d’être refait.

Le Samovar, salon de thé et de lecture coopératif et solidaire, 18 rue Camille Sauvageau, Saint-Michel à Bordeaux, tout près de la gare Saint-Jean et du quai de la Monnaie.

Au programme des réjouissances selon les propos de la plaquette « Rêver tisane à la main, rencontrer, plats végétariens, se cultiver, rafraichissant jus fermier, refaire le monde, fauteuil moelleux ». Horaires d’ouverture : mardi, jeudi, vendredi : 10h30–20h00 / samedi, dimanche, lundi : 9h00–20h00, fermé le mercredi.

Au programme culturel :
Vendredi 12 juin à 18 h : le RDV du Pas de Côté,
Dimanche 21 juin : Le Samovar fête la musique,
Jeudi 25 juin à 20 h : Atelier-débat : « Se sentir mieux ».