Européennes : Angela Merkel devant Nicolas Sarkozy

Européennes : Angela Merkel devant Nicolas Sarkozy

65% d’opinion favorable au crédit d’Angela Merkel, contre 51% pour Nicolas Sarkozy. La chancelière bat tous les records de popularité lors d’un sondage réalisé la semaine dernière dans plusieurs pays d’Europe.

Les efforts déployés par la chef du gouvernement de la République fédérale d’Allemagne pour sauver le constructeur automobile Opel ont certainement pesé, encore que la consultation réalisée auprès d’un échantillon représentatif de quelque 4.000 personnes en Europe par Opinion Way précède la conclusion de l’accord réalisé avec Magna et l’argent russe. Opel emploie 50.000 personnes en Europe, dont la moitié se trouve en Allemagne. Les salariés le méritent, car ils ne sont pas responsables de la situation qui est le résultat d’une gestion catastrophique de GM aux États-Unis, a déclaré Angela Merkel samedi.

Savent-ils que leurs emplois ne sont pas sauvés pour autant ? Magna compte supprimer 10% des effectifs allemands, soit 2.600 personnes, sans fermeture d’usine, mais n’a pas encore précisé le détail des suppressions d’emplois. Et dans toute l’Europe, ce sont environ 11.000 postes qui seraient menacés, selon une source gouvernementale. Le ministre des Finances Peer Steinbrück n’a pas caché les risques de voir capoter le plan de sauvetage jusqu’à la mise en place de la tutelle sur la maison mère aux États-Unis.

Par ailleurs, Magna s’est fait fort du soutien de financiers russes dans le but de développer le marché automobile en Russie. La transaction sur la vente d’Opel avec la participation de la Sberbank doit être inscrite dans la stratégie du développement de la production automobile russe, a déclaré lundi Vladimir Poutine à l’issue d’un entretien avec Guerman Gref, président de la Sberbank. J’espère que la société Magna connue en Russie comme un des plus importants fournisseurs des pièces détachées, continuera à travailler directement dans notre pays et élargira son activité, a poursuivi le premier ministre russe.

Dès samedi, les industriels russes se sont frottés les mains. Le groupe automobile GAZ, de Nijni-Novgorod sur la Volga, souhaite devenir partenaire industriel de Magna, offrant une partie de ses capacités pour la construction de quelque 180.000 véhicules de marque Opel par an. Il confirme deux jours après pouvoir lancer la production en série de véhicules Opel au bout de 9 mois pourvu que le repreneur prenne cette décision, a annoncé lundi son service de presse. De là à imaginer que de nouvelles automobiles low-cost prendront bientôt les parts du marché dévolu jusqu’alors à la filiale de General Motors, il n’y a qu’un pas, vite franchi par la presse russe : cette transaction constitue la plus importante percée de la Russie dans le club constructeurs européens, claironne la Nezavissimaïa Gazeta, avant d’ajouter qu’il s’agit d’une expansion à l’étranger, ce qui est manifestement positif.

Pour Angela Merkel comme pour Nicolas Sarkozy, un clou chasse l’autre et la politique s’élabore au jour le jour. Si le programme commun qu’ils ont publié chacun dans leur pays respectif en vue des élections européennes a été bien accueilli, Nicolas Sarkozy sait qu’il navigue à vue, au gré des catastrophes et des faits-divers : je dois changer ma communication, je dois apaiser mon langage, être rassembleur, confie-t-il à l’hebdomadaire d’Arnaud Lagardère. Ça, il sait faire… Quant au communiqué publié conjointement par Le Journal du Dimanche et Welt am Sonntag, il demeure dans le champ des déclarations d’intention et de l’autosatisfaction.

Preuve en est que les commentaires de presse en ont pris et laissé selon leur bon vouloir. Nous refusons une Europe bureaucratique qui applique mécaniquement des règles tatillonnes et qui se méfie du changement, ont retenu les chroniqueurs français. Nous devons prévoir un dispositif efficace de surveillance des aides publiques au niveau de l’OMC qui empêche des pays tiers d’accorder des subventions excessives à leurs entreprises, créant ainsi une concurrence déloyale, ont préféré entendre les éditorialistes allemands. Quant à leurs détracteurs, ils se sont forcément focalisés sur le fait que le chef de l’État prenne une fois de plus la parole… Mais que ne s’y sont-ils pas habitués ?

Tout juste a remarqué Le Monde que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont bien gardés de réitérer leur opposition à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne (UE). Les opposants de l’un et de l’autre n’ont évidemment pas souhaité rouvrir les lignes de fracture sur lesquelles ils ne sont eux-mêmes pas d’accord, et de montrer que la tribune franco-allemande, qui invite les Européens à voter le 7 juin, est symbolique. Elle réitère les engagements en faveur de la régulation financière, du climat et de la protection de l’industrie, mais ne comporte aucune proposition décisive.

 

 


Face à l’épreuve et non sans risque, ils font l’effort
Pour nous donner envie en plus de mettre en œuvre
Tout, juste en apportant le gros de la main d’œuvre,
Par-delà les heurts au creux d’un méchant réconfort.

Chacun cherche à construire un parfait château fort
Pour des nations sans cesse au final à pied d’œuvre,
Quand pour conclure à pied, ils sont à la manœuvre,
Mais l’œuvre a juste offert d’imprimer un pied-fort !

Leur sacerdoce est grand quand la peine est minime,
Mais un malheur l’est plus quand l’échec les ranime
Avec la foi du charbonnier qui domine en ces temps.

Un peuple a cœur d’y croire au plus fort de l’ivresse
Sous un serment peu fiable auquel il croit longtemps,
Mais il prend l’eau sous les haillons de la pauvresse.