Le tout-automobile pose un problème aux États-Unis

Le tout-automobile pose un problème aux États-Unis

Aux États-Unis, quand les femmes partent au travail, elles prennent la voiture. Quand elles emmènent leurs enfants à l’école, elles prennent la voiture. Quand elles vont faire leurs courses, elles prennent encore la voiture. Pour les hommes c’est pareil, sauf qu’ils font plus rarement les courses ou conduisent leurs enfants à l’école…

La voiture est le mode de vie aux États-Unis et le symbole de l’american way of life un peu partout ailleurs, mais les experts disent que c’est une mauvaise habitude pour la santé. L’engouement national des Américains pour l’automobile est semble-t-il arrivé au point de non-retour. La révélation soudaine des difficultés que rencontrent en réalité les Big Three de Detroit ont invité les citoyens américains à réfléchir sur leur mode de vie, encouragés par des médecins et des scientifiques.

Dans le meilleur des cas, les gens devraient prendre 10.000 mesures par jour pour se maintenir en bonne santé, selon James Hill, professeur en pédiatrie à l’université du Colorado. Plus que vous conduisez, moins vous marchez. La marche à pied apporte néanmoins la dose d’exercice nécessaire à chacun sans qu’il s’en aperçoive vraiment. Mais pour ceux qui se bornent à marcher de leur domicile à la voiture et de leur voiture au bureau et retour, il leur faudrait seulement 1.000 mesures.

Le problème est que la culture de la bagnole oblige les gens à faire de l’exercice, et la conduite automobile sur de longues distances réduit le temps disponible pour s’y prêter. Si j’habitais une ville où il me faudrait marcher davantage à pied, je ferais automatiquement tout l’exercice dont j’ai besoin, explique Seema Shrikhande, professeur en communication à l’université d’Atlanta. Mais il me faut… établir un programme d’exercices physiques, et c’est très compliqué, parce que je suis très occupée !

L’obésité et les maladies cardiaques font partie des nombreux problèmes que rencontrent les gens habitués à un style de vie sédentaire. La dépendance à la voiture rend les choses plus difficiles pour se plier aux 75 minutes d’exercice hebdomadaire intense ou aux 150 minutes d’exercice modéré que recommande le gouvernement, estime le Dr. Dianna Densmore du centres pour le contrôle et la prévention des maladies. À l’université de Colombie-Britannique, Lawrence Frank a même établi le lien entre la distance parcourue en voiture et la masse corporelle de chaque personne.

Chaque demi-heure passé en voiture tous les jours se traduit par 3% de risque en plus de devenir obèse, fait-il remarquer. Ceux qui disposent de commerces et d’entreprises dans leur voisinage ont en revanche 7% de chances en moins d’être obèses. Les agglomérations plus anciennes aux États-Unis, telles que New York, Boston et Chicago, supposent un voisinage diversifié, établi sur un maillage de rues avec une population dense, et plus de transports en commun. Mais les plus villes nouvelles comme Atlanta, Dallas et Phoenix, ont connu une croissance rapide et sont ceinturées par des banlieues accessibles uniquement par la route, et pas seulement parce que les étés très chauds qui les baignent découragent leurs habitants d’aller à pied.

Seema Shrikhande signale que pendant ses études à Philadelphie, elle n’avait de voiture et marchait beaucoup. L’automobile à Atlanta n’était qu’un petit prix à payer pour accéder à un style de vie meilleur, qui se distingue par un temps plus agréable et des banlieues avec de la verdure et de l’ombre… Mais la santé est un seul des facteurs qui ont motivés les urbanistes à rechercher des alternatives au tout-automobile. Des prix du gaz élevés, la recherche du toujours plus font évoluer les agglomérations, tandis que les soucis environnementaux jouent également un rôle.

Ainsi, la ville d’Atlanta connaît une nouvelle migration vers le centre. La question se pose à présent d’obtenir un nouvel équilibre à partir de la dépendance à la voiture vers les circuits piétonniers, les pistes cyclables et une densité de population plus importante. Mais le problème devient politique. Les associations se sont inquiétées du changement climatique alors que d’autres font la promotion d’un mode de vie plus sain, invitant les pouvoirs publics à élaborer une autre carte fédérale en ce qui concerne les transports, ce qui demande aux responsables politiques de s’orienter vers des solutions alternatives à l’utilisation de la voiture.

On a pensé les villes pour ne plus marcher, déclare David Goldberg, de Smart Growth America, une association qui milite pour l’amélioration de l’urbanisme, mais c’est plus facile d’élargir une route en banlieue que d’obtenir de l’argent pour la rendre plus étroite au bénéfice des piétons ! Dans un pays où la voiture est le symbole de la liberté, ses efforts pour envisager une alternative sont mal perçus par la plupart des gens et les lobbies qui représentent les constructeurs automobiles et les entrepreneurs en travaux publics.