Les bonnes Idées de Frédéric Lefebvre sur l’Emploi

Les bonnes Idées de Frédéric Lefebvre sur l'Emploi

Cette fois-ci, Frédéric Lefebvre ne répond pas à une proposition de gauche : il crée l’événement avec un amendement destiné à développer le télétravail dans les entreprises qui n’y sont pas habituées. L’idée est insolite, puisqu’il s’agit de permettre à un salarié en arrêt maladie de travailler quand même, et chez soi.

L’idée du vibrionnant porte-parole de l’UMP est fort simple, elle permet à des personnes en arrêt-maladie, en congé parental d’éducation ou en congé maternité après les délais légaux de continuer leur mission. À première vue, cette proposition est contraire au droit du travail. Lorsqu’un salarié tombe malade, il quitte l’entreprise de façon temporaire et part pour l’hôpital, ou reste chez lui quand son affection ne nécessite pas de soins particuliers. Le salarié abandonne l’entreprise et il est indemnisé par la sécurité sociale parce qu’il ne peut pas travailler. Devenu très protecteur à son endroit, il revient à son poste de travail sans craindre un licenciement dès son rétablissement constaté.

La proposition de Frédéric Lefebvre, c’est un nouveau droit pour le salarié, déclenché uniquement à sa demande et si un certificat médical l’y autorise, selon ses propres termes : je laisse ensuite aux partenaires sociaux le soin de discuter des modalités d’application de ce texte lors de l’élaboration du décret. Hormis le fait que les difficultés ne manqueront pas de se révéler au moment de produire un décret d’application en conformité avec le droit existant, nombreux sont ceux qui voient dans cette idée une régression du droit du travail, quand ils ne la qualifient pas tout simplement d’aberration.

L’idée de Frédéric Lefebvre part cependant d’un constat fort justement établi : beaucoup de salariés malades sont remplacés et ne sont pas certains de retrouver à leur retour le même poste. Ce serait une façon pour eux de garder le contact avec leur entreprise. L’astucieux parlementaire prévoit des aménagements et une incitation financière pour le salarié. Non seulement les employeurs sont de plus en plus souvent à imaginer que leurs salariés se livrent aux pires turpitudes en profitant indûment de leur arrêt de travail, mais ils prennent parfois le prétexte d’une absence prolongée pour rendre le retour du malade difficilement envisageable sur son poste de travail.

Une histoire à la fois amusante et pénible a fait l’objet de nombreux échos le mois dernier : une employée suisse a été surprise à utiliser Facebook pendant un arrêt de travail de quelques jours. Son patron l’a immédiatement licenciée, estimant que cette femme aurait pu pianoter sur son lieu de travail, pour le plus grand bénéfice de l’entreprise ! Et l’employée fraîchement licenciée soupçonne fortement un de ses collègues de l’avoir tout bonnement espionnée dans ce but. En effet, un mystérieux inconnu l’a ajoutée à ses contacts pendant son absence, et l’a supprimée juste après son licenciement. Pour sa défense, elle a justifié avoir effectué les connexions Internet depuis son lit, avec son téléphone portable.

Jusqu’à présent en France, des agents de la sécurité sociale ont la possibilité de vérifier si le salarié malade est bien à son domicile, et non à la plage ou aux sports d’hiver… Le médecin autorise ou non un laps de temps dans la journée, où le malade a la possibilité de sortir pour se rendre à la pharmacie ou acheter de quoi manger. Pour autant, on ne cherche pas à savoir à quelles activités se livrent les patients chez eux. Internet a de ce point de vue bouleversé un certain nombre de choses.

En revanche, note Frédéric Lefebvre, en France, nos entreprises sont un peu frileuses sur le sujet : elles considèrent à tort que si le salarié n’est pas sur son poste de travail, c’est qu’il ne travaille pas. Le télétravail a du mal à prendre son essor dans notre pays parce que les patrons et les chefs de service ont l’impression lorsqu’ils ont leur personnel sous la main que le travail s’effectue normalement et dans de bonnes conditions de rentabilité pour l’entreprise. Seuls les commerciaux, contraints de visiter les clients, ont le droit d’aller et venir avec une relative insouciance.

Et pourtant, le travail à distance a des avantages paradoxaux : il réduit l’absentéisme, les temps de transports, certains coûts comme les frais de déplacement du salarié. Enfin, plus l’entreprise emploie de travailleurs à distance, plus légers sont également les coûts de l’immobilier de bureau… L’employeur peut alors économiser sur les notes d’électricité, de chauffage ou encore sur la climatisation d’un bureau isolé, par exemple. Autre avantage pour l’entreprise : en réduisant ses coûts, elle s’investit dans une nouvelle politique managériale. Ce n’est plus le volume horaire passé dans l’entreprise qui prime, mais le management par objectifs qui devient la règle dans le travail à distance.

Le télétravail suppose ainsi de nombreux avantages en termes de productivité autant que de coûts. Hélas, le management français a du mal à l’intégrer, prévoyant qu’un employé hors les murs est un salarié qui ne travaille pas. En revanche, nombreux sont les cadres, qui, empêchés par une maladie, ou tout simplement à la fin de leur journée de travail, emportent à la maison des dossiers en souffrance. Ils travaillent alors gratuitement pour l’entreprise, ce que la proposition de Frédéric Lefebvre empêchera de voir se réaliser.

 

 


En besognant chez soi ou bien à l’hôpital
Avec une affection est la nouvelle image
Du salarié qui voit tellement de chômage
Qu’il place le travail sur un vrai piédestal.

La loi est très inapte à fuir le choc frontal
Avec un dirigeant qui se voit tel un mage
Et cet absent n’est pas loyal à son ramage
S’il lui doit pour autant son abandon total.

La peur insuffle aussi à l’employé modèle
Un plus d’assiduité qui le rend plus fidèle,
Malade, on devrait bien se démener gratis.

Une entreprise est bien gérée à l’évidence
Avec la relation qui trouve en plein pastis
Le succès très banal et sans indépendance.