Sortie de Crise pour Valérie Pécresse avant la fin Mai

Sortie de Crise pour Valérie Pécresse avant la fin Mai

Tandis que le gouvernement voit tomber un à un les blocages universitaires, les ministres se disent qu’ils l’ont échappé belle. Valérie Pécresse ne sort pas grandie de l’affrontement avec les enseignants-chercheurs et leurs étudiants, qui ont cristallisé l’anti-sarkozysme sur leurs revendications.

Paris-IV La Sorbonne a voté mardi la reprise des cours à l’issue d’une assemblée générale, donnant le signal de la fin des hostilités aux 6 universités qui demeurent bloquées. Le gouvernement, après maintes tergiversations, n’a pas plié sur la tenue des examens. Ceux-ci cependant, ne se tiendront pas dans les conditions de qualité minimales en raison de 16 semaines d’arrêt, mais qu’importe… Les vacances approchent et chacun pense à d’autres choses. Valérie Pécresse aux élections régionales, les enseignants à leur plan de carrière et les étudiants à leur job d’été. Les apparences sont sauvées.

Cette levée des blocages à La Sorbonne intervient au lendemain d’une réunion entre les syndicats étudiants et la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse, qui a multiplié des garanties concernant les conditions de passage des examens et la situation des étudiants dont les cours ont été perturbés par des blocages. Ainsi, tous les étudiants boursiers qui auront des examens en juillet ou septembre bénéficieront d’un mois de bourse supplémentaire. Aucun étudiant ne se verra privé l’année suivante d’une bourse pour des raisons liées à son assiduité aux cours du second semestre. En outre, les étudiants résidant en cité universitaire pourront demander une prolongation de leur bail pour le mois de juillet en s’acquittant d’un demi-loyer.

Tout le monde s’oriente donc vers une sortie de crise et les organisations qui ont porté la contestation ne sont pas parvenues à rééditer leur succès de 2006, lorsqu’elles ont fédéré autour de la revendication étudiante l’ensemble des syndicats dans leur combat contre le CPE de Dominique de Villepin. En menant toutes ses réformes de front, le gouvernement qui lui a succédé a réussi à scinder les catégories sociales, lesquelles ne se retrouvent plus que sur des revendications assez vagues lors de manifestations de masse et sans suite. Cette fois-ci, les grandes personnes n’ont pas suivi la jeunesse en révolte, songeant à leurs propres difficultés quant au salaire et à l’emploi. Nicolas Sarkozy est-il parvenu à atomiser la société française ? Une chose est sûre en tout cas, c’est qu’il a brouillé les cartes.

En s’attaquant de front à tous les problèmes à la fois, il n’a certes pas réussi sur toutes les questions sur lesquelles il a cherché à imprimer sa marque. La réforme du statut des enseignants-chercheurs est passée subrepticement, tandis que les autres ont bloqué à un moment donné, ou n’ont connu qu’un début d’exécution. Il s’en est pourtant fallu de peu que l’autonomie des universités soit également remise en question cette année. Au bout de toutes ces luttes menées sans véritable concertation du point de vue politique, chacun se trouve un peu désorienté. Mais il faut dire aussi que l’opposition parlementaire n’a pas vraiment d’orientation à proposer au pays. Elle attendrait que l’usure du pouvoir fasse son ouvrage pour reprendre les réformes de la législature actuelle à son compte que cela ne serait pas étonnant.

Une grande incertitude demeure cependant au sujet des examens : on ne sait pas à quoi s’en tenir et beaucoup d’étudiants ont arrêté de travailler, témoigne l’un d’eux. Moi-même, ça fait deux mois que je n’ai pas touché à mes bouquins. Je suis tellement dans le flou que je ne vois pas dans quel but réviser pour des examens dont on ne sait pas quand ils auront lieu… Leurs professeurs n’ont pas, malgré la grève et les perturbations, rompu le fil avec eux, et ils nous ont envoyé un contenu réduit du programme par mail. Mais le problème, c’est que, pour les examens, on n’est au courant de rien pour l’instant, reconnaît une autre. Le tour que prennent les choses est une validation des programmes acquis au début du semestre, avant que les hostilités ne soient déclarées. La valeur du diplôme est certes en question dans toutes les têtes, de même qu’à l’étranger.

Beaucoup d’étudiants s’interrogent, en outre, sur le contenu des examens qui devraient toutefois porter sur les cours qui ont eu lieu, selon les vœux du gouvernement. Selon un sondage paru au début du mois dans Le Parisien, 52% d’entre eux demandent qu’ils soient simplifiés, alors que 41% souhaitent qu’ils se déroulent dans les conditions habituelles. Le système universitaire, parent pauvre de l’enseignement supérieur sort encore affaibli. Son image est durablement écornée. Les 200.000 étudiants étrangers qu’il reçoit chaque année vont repartir avec une certaine idée de la France. Les partenariats conclus à travers le monde par les facultés risquent de n’être pas reconduits, ou financièrement honorés. 4% des étudiants espèrent leur suppression pure et simple. La vérité doit se trouver entre les deux.

 

 


Les étudiants non plus n’ont pas trouvé la faille
Chez ce pouvoir qui tue avec la montre en main
Des conflits durs en les versant dans l’inhumain,
Vers l’absolu mépris et ne rompt rien qui vaille !

La chicane est bien prise au flanc qui la travaille
Quand ce gouvernement repousse au lendemain
L’épreuve à tout le moins pour faire un examen
De ces rapports de force et du front qui défaille…

Sans le moindre remords le pouvoir se surprend
À vaincre au grand dépit dont son parti dépend,
Portant les tractations dans le cynisme aux nues.

La question de leurs cours est là mise au rencart
Et pour leur prétention de se battre à mains nues,
Nos grands enfants ont fait les frais du grand art !