"Voici" couvre la Campagne de Ségolène Royal

"Voici" couvre la Campagne de Ségolène Royal

La Zapaterreur en maillot de bain fait la une du magazine Voici cette semaine, et nous voilà revenus aux grandes heures de la campagne pour les élections présidentielles de 2007 !

Ségolène Royal est en vacances campagne en Grèce, où elle participe à un colloque sur l’avenir la social-démocratie en Europe, pendant que ses petits camarades du Parti Socialiste rivalisent d’initiatives pour savonner la planche de Nicolas Sarkozy. Présentée en couverture avec un maillot de bain une pièce à fleurs du genre tapisserie des années cinquante, la madone des sondages, qui s’est rendue dans la capitale grecque avec son compagnon André Hadjez selon le magazine, a été shootée au cours d’une studieuse séance de bronzage.

Forcément, le climat d’Athène est plus propice à l’élaboration d’un programme, et depuis quand la Grèce ne fait-elle plus partie de l’Europe ? Il s’agit tout de même, en conviendra Nicolas Sarkozy, du premier pays à s’être libéré du joug ottoman… Et passons sur le fait qu’une fois le fond du programme révélé malencontreusement dans un magazine, il n’y a pas de mal à l’afficher dans un autre. Vous reprendrez bien un peu de dessert ? C’est certainement Laurent Fabius qui va rire, lui qui en d’autres temps nous déclarait sentencieusement voici mon programme, il n’est pas dans Voici !

Là n’est pas l’important. La guerre fait rage dans la presse people comme en politique, et l’une sert l’autre quand ce n’est pas l’inverse. Après tout, les revues qui passionnent les midinettes participent au débat public tout autant que les grands quotidiens nationaux que plus personne ne lit plus, à part dans les ministères. Ségolène Royal a construit son parcours politique en jouant sur son double statut de femme et d’énarque, elle utilise donc les moyens de communication qui conviennent à ce titre. Une apparition supplémentaire dans un tel magazine ne doit cependant rien au hasard, et pendant que la candidate malheureuse à la présidentielle de 2007 se dore au soleil grec, les langues se délient sous la pluie parisienne, en préparant le terrain.

Ségolène Royal se présentera quoi qu’il advienne à la présidentielle, en concurrence avec le candidat du PS, nous fait savoir Gérard Collomb. Le maire de Lyon redoute un tel scénario, et le dit parce qu’il ne fait plus partie des soutiens de la candidate malheureuse au poste de n°1 du PS, du moins c’est ce qu’il voudrait nous faire croire. Vrai ou pas vrai cela n’a guère d’importance, puisque Gérard Collomb est casé pour 5 ans encore. Ce qu’il raconte n’a rien d’un scoop non plus, mais l’important est le moment choisi pour le dire. La campagne électorale est bien partie, mais il ne s’agit pas de celle des européennes, ni de celle des régionales. Nicolas Sarkozy vient à peine de souffler ses deux bougies à l’Élysée que les présidentielles ont déjà commencé. Les candidats se déclarent, pour l’instant par voie interposée, les pièces se mettent en place sur l’échiquier politique.

Il serait vain dès à présent d’espérer un autre débat que celui qui tourne autour de la personne qui détient les clés du pouvoir. Nicolas Sarkozy est l’homme à abattre et sa concurrente directe fait habilement mine de ne pas s’en apercevoir. Pour Georges Contogeorgis, professeur de science politique à l’université Panteion d’Athènes et ancien ministre de la Grèce,
la gauche au colloque actuellement à l’œuvre dans la capitale grecque, n’a jamais eu si peu de choses à dire sur l’avenir du monde, y compris sur la sortie de la crise financière. Mais le plus grave est que les participants n’ont rien dit qui évoque des idées de gauche. C’est pourtant là que se dessinent les alliances futures au sein de la social-démocratie européenne, et Martine Aubry a bien tort de l’ignorer. À moins qu’elle se satisfasse de son travail actuel.

Sur la place d’Athènes, à la place de Ségolène Royal, nous aurions bien vu Jack Lang. L’ancien ministre de François Mitterrand a fêté l’anniversaire de la révolution cubaine pour Nicolas Sarkozy, et n’a pas caché son souhait de donner une dimension internationale à son image politique. Mais l’ancien ministre de la Culture est toujours en train de déminer le terrain de Christine Albanel, sans pour autant briguer un maroquin ministériel… Qu’est-il allé faire dans cette galère ? Lui aussi construit savamment un parcours qui doit le mener au seuil de la campagne présidentielle. Et ni l’un, ni l’autre, ne se dépense en attaques directes envers le chef de l’État. Une telle stratégie devrait nous faire réfléchir.

 

 


Ce sont les élections dont on rêve aux prochaines,
Un flot de candidats qui nous offre un grand soir,
Tous les jours que dieu fait à coups de repoussoir
Et le jour passé ment aux roseaux sous les chênes.

Pendant ce temps, sans vrai crédit, tu te déchaînes
Contre un coup dur qui t’a fait choir au déversoir,
Un soutien te console à grands coups d’encensoir
Pour te laisser plus tard tout seul avec tes chaînes.

Le grand soir reste à voir et n’est pas pour demain
Quand le pouvoir demeure identique en leur main,
Mais le progrès s’en trouve un peu moins évitable.

Plutôt qu’un roi, la reine aurait pour nous les soins
Dont nous craignons la part plutôt moins équitable,
Mais c’est souvent l’absent qui pense à nos besoins.