Baisser les salaires est le vœu du gouvernement

Baisser les salaires est le vœu du gouvernement

Dans un entretien accordé au journal Le Figaro, François Fillon assume l’aggravation des déficits publics sous le poids de la crise, mais il entend poursuivre avec une rigueur scrupuleuse l’effort de réduction des dépenses et la modernisation de l’Économie françaises.

Le chef du gouvernement table sur une reprise progressive en 2010 sur le territoire européen et un ralentissement de la hausse du chômage après l’été. Il juge que l’économie française enregistre des signaux encourageants même si elle n’est pas à l’abri des à-coups. Rien n’est encore gagné, souligne-t-il. Alors que les syndicats jugent insuffisantes les mesures de relance décidées par le gouvernement, François Fillon écarte tout plan supplémentaire pour le moment et continue de s’interdire des mesures coûteuses, comme des coups de pouce à la consommation ou une baisse de la TVA, que réclame l’opposition.

Les partis de Gauche encore plus que les syndicats souhaitent au contraire voir le gouvernement pratiquer une relance par la consommation, avec une hausse substantielle du SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance), mais comme son nom l’indique, ce salaire de base n’est plus vraiment d’actualité en période de récession. De son côté et depuis l’été 2007, Laurence Parisot et le Medef préconisent sa suppression. Dans cette période difficile, nous gardons notre sang-froid en évitant de prendre des décisions qui coûteraient très cher au pays lorsque la reprise viendra, explique le Premier ministre. Alors que les syndicats jugent insuffisantes les mesures de relance décidées par le gouvernement, François Fillon écarte tout plan supplémentaire pour le moment et continue de s’interdire des mesures coûteuses, comme des coups de pouce à la consommation ou la baisse de la TVA que réclame l’opposition.

L’État s’est engagé dans la restructuration du système financier français et la reprise économique plus que de raison. Les aides publiques massives accordées aux secteurs stratégiques de la finance et de l’automobile, quand bien même elles ont un caractère factice, ont largement dépassé les possibilités des pouvoirs publics. Il n’est à ce titre pas faux de s’interroger sur le sens d’un engagement de la Caisse des Dépôts (CDC) dans l’augmentation de capital du Club Méditerranée, si ce n’est pour barrer la route à un raider aux intentions trop claires… S’il accepte "l’idée d’un creusement du déficit dans les conditions économiques" actuelles, François Fillon n’abandonne pas son objectif premier, le retour à l’équilibre des finances publiques pour lequel il ne fixe plus d’horizon après avoir abandonné l’échéance de 2012.

Bien plus qu’une crise économique, nous assistons en ce moment à un redéploiement des activités industrielles dans le monde. Les pays occidentaux sont arrivés à une sorte de point de non-retour en ce qui concerne les biens d’équipement et de consommation, à tel point qu’à l’heure actuelle, nombreux sont les foyers dotés de plusieurs postes de télévision, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Royaume-Uni, en Allemagne et en France ! Le parc automobile en circulation est également à saturation, et les constructeurs ont tellement de stock qu’ils en sont réduits à ne plus produire, alors que les marchés futurs se trouvent en Russie, en Chine et dans d’autres grands pays émergeants. Est-ce à dire que le temps de la décroissance est venu ? Nous n’en sommes pas loin.

Les mesures seront annoncées à l’été en vue du budget 2010. François Fillon n’en précise pas la nature mais il indique que l’analyse des dépenses sociales sera approfondie avec pour mot d’ordre équité et que le débat sur les relations financières entre l’État et les collectivités locales sera reposé. Pas de hausse de salaire donc, ni dans l’administration ni dans le secteur privé. La part de la rémunération du travail dans la valeur ajoutée des entreprises est restée stable depuis plusieurs années en France de même que l’écart entre les bas et les hauts revenus, à l’exception notable des très hauts.

Nous faisons le constat d’un partage de la valeur ajoutée assez stable au cours des vingt dernières années, avec un tiers destiné aux profits et les deux tiers à la masse salariale, a déclaré le directeur général de l’Insee Philippe Cotis, lors de la remise de son rapport à l’Élysée mercredi. Mais dans le même temps, cette valeur ajoutée n’a progressé en moyenne que de 2% par an, soit un rythme bien moindre que la période antérieure au premier choc pétrolier des années 1970, et a servi dans la période la plus récente, depuis le milieu des années 1990, à rémunérer des emplois additionnels. Au bout du compte, le surplus de productivité distribuable aux salariés a été de 0,7 point de produit intérieur brut en moyenne depuis 1990, contre plus de deux points au cours de la décennie précédente, une situation que l’Insee explique par la faiblesse de la croissance de l’économie française.

L’urgence est donc venue de prendre à bras le corps le problème des salaires, non plus en les réclamant toujours à la hausse, mais en les menant concrètement au niveau de ceux qui sont pratiqués dans les pays émergeants. Comment en effet, un chef d’entreprise peut-il reclasser ses salariés français lorsque ceux qu’il vient d’embaucher en Inde se satisfont de 69 € par mois ?