Halde à la discrimination contre les plus riches !

Halde à la discrimination contre les plus riches !

La Halde (Haute autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité) a reçu en 2008 7.788 réclamations soit 25% de plus qu’en 2007, dont la moitié concernent l’emploi, indique-t-elle dans un rapport annuel publié mercredi. Dans le même temps, un autre rapport, établi par le directeur général de l’Insee Jean-Philippe Cotis, montre que l’écart entre les bas et les hauts revenus, à l’exception notable des très hauts, est resté stable.

Que signifie cette conjonction d’informations officielles, sinon pour faire un peu plus peser le poids et les difficultés de la crise économique sur les personnes les plus aisées ? Nicolas Sarkozy, qui n’a pas réussi son pari sur le pouvoir d’achat, est-il en train de mettre tout le monde sur le même pied d’égalité, en nivelant tous les salaires par le bas ? Cherche-t-il à loger tous les Français à la même enseigne en stigmatisant l’effort et l’astuce de ceux qui se sont sortis du pétrin en travaillant dur ? C’est en tout cas ce que doit penser le pauvre Daniel Bouton, poussé vers la sortie depuis presque un an et demi, d’une carrière honorable passée au service de l’État et de l’épargne des Français… Adieu bonus, stock-options, parachutes dorés !

Au bout du compte, le surplus de productivité distribuable aux salariés a été de 0,7 point de produit intérieur brut en moyenne depuis 1990, contre plus de deux points au cours de la décennie précédente, une situation que l’Insee explique par la faiblesse de la croissance de l’économie française. S’agissant des écarts de salaires, le ratio entre les 10% les plus bas et les 10% les plus hauts est relativement stable, voire en légère baisse aux alentours de 3, depuis plusieurs années, alors qu’il augmente certains pays de l’OCDE (Organisation de coopération et développement économiques).

Dans un univers très contraint, avec des gains de productivité très faibles, les conflits sur les différences de répartition des revenus, c’est quelque chose d’un peu inévitable, a concédé Jean-Philippe Cotis. Le directeur général de l’Insee s’est toutefois abstenu de toute recommandation pour le suivi politique de ce rapport, qui établit encore que, en 2007, le partage du profit brut des entreprises (hors impôts et charge d’intérêts) se répartissait entre capacité d’autofinancement (57%), dividendes (36%) et épargne salariale (7%).

Les syndicats dans leur ensemble ont vu dans ce rapport un motif pour réclamer des discussions sur les salaires. Le taux de croissance annuel des salaires des 0,1% de Français les mieux payés a été de quatre à cinq fois supérieur à celui des 10% du bas de l’échelle, une situation qu’ils n’ont pas manqué de souligner. Il faut une politique fortement incitative, avec le conditionnement des aides publiques à la conclusion d’accords, a dit Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT, dans une interview au journal économique Les Échos. La CFTC s’est pour sa part félicitée mercredi du rapport Cotis, regrettant toutefois qu’il n’ait pas mesuré l’impact sur la création de richesse, des aides et exonérations dont bénéficient les entreprises.

Pour Louis Schweitzer, les cas de discrimination dans l’emploi portent d’abord sur le déroulement de carrière (38%) puis sur le recrutement (12%) : ils sont près de deux fois plus nombreux dans le secteur privé que dans la fonction publique. Le premier critère de discrimination reste l’origine (29%) suivi du handicap (21%), de l’âge (7%), des activités syndicales (5%) du sexe (4%), les convictions religieuses n’étant invoquées que dans 2% des cas. La Halde cite également parmi les résultats de ses interventions les 200.784 euros de dommages et intérêts accordés par la Cour d’appel à une salariée licenciée pour raison de grossesse et aussi les 560.000 euros accordés à une victime de discrimination à l’embauche du fait de son orientation sexuelle, à l’issue d’une médiation.

Nous faisons le constat d’un partage de la valeur ajoutée assez stable au cours des vingt dernières années, avec un tiers destiné aux profits et les deux tiers à la masse salariale, a déclaré le directeur général de l’Insee. Surprise : c’est exactement ce qu’a souhaité Nicolas Sarkozy à la télévision Face à la Crise et aux Français le 5 février dernier… Tandis que le gouvernement fait profil bas lorsque des déprédations sont commises dans les usines menacées de fermeture et leurs cadres dirigeants sont menacés physiquement, voire séquestrés par les délégués syndicaux pour leur arracher de meilleures conditions de licenciement, les gens s’aperçoivent tout de même qu’un traitement de défaveur est accordé aux plus favorisés, qu’on achète en les écrasant de responsabilités.

Une fois de plus, Nicolas Sarkozy a choisi de jeter l’opprobre sur une catégorie de privilégiés en les montrant du doigt. La coïncidence entre la remise du rapport de Louis Schweitzer et celle de Jean-Philippe Cotis n’a pas d’autre objectif que celui d’installer la France dans un socialisme égalitaire à la soviétique, où seuls des bureaucrates insipides ont finalement la haute main sur les personnes et les biens.