Angela Merkel a aussi un problème de paquet fiscal

Angela Merkel a aussi un problème de paquet fiscal

Angela Merkel, chef du gouvernement en Allemagne fédérale, a les mêmes soucis que Nicolas Sarkozy avec son programme de baisse des impôts. En lançant la campagne de son parti dans la bataille des élections européennes, elle se heurte au scepticisme des électeurs vis-à-vis du bien-fondé des réformes envisagées, jusque dans son propre camp.

C’est avec une grande identité de vues que le président de la République française est allé donner un coup de main au chef de gouvernement allemand. Ils ont tous deux grand besoin d’un succès aux prochaines échéances électorales, afin de faire face à l’usure du pouvoir, autant que pour trouver un nouvel élan pour légitimer leurs politiques libérales dans un contexte de récession que celles-ci semblent avoir favorisée.

Il y a peu de marges de manœuvre pour soulager les gens, a déclaré en fin de semaine le ministre de l’Intérieur Wolfgang Schäuble : c’est une potion amère que nous sommes en train de vous administrer. Le social-démocrate Franz Müntefering, chef du SPD a exhorté son homologue de la CDU, Angela Merkel d’être dès à présent sincère et de dire exactement ce qu’elle désire en réalité. La chancelière a obtenu le soutien du FDP, au centre, lequel pose l’élaboration d’une grande réforme fiscale comme condition pour sceller à nouveau sa traditionnelle alliance avec la CDU. Avant toute estimation sur l’impact des finances publiques, il est apparu de plus en plus clair que les moyens dont disposent les pouvoirs publics sont épuisés.

Depuis que la chancelière a déclaré pour une interview qu’elle souhaitait pour trois ans qui viennent mener de front liquidation de la dette publique, favoriser les investissements dans l’innovation et un allègement de la pression fiscale, les membres de son parti tirent à hue et à dia. Tandis que la CSU, à droite, voit son exigence au sujet des exonérations fiscales enfin reconnues, les experts en matière de budget et les chefs de gouvernements régionaux de la CDU prennent de plus en plus de distance.

Wolfgang Schäuble explique dans Bild am Sonntag, que personne ne peut affirmer pour le moment quand et si des baisses d’impôts seront possibles. Si la conjoncture se maintient en l’état l’année prochaine, la priorité est d’abord au désendettement. Ensuite il faudrait voir le financement des investissements à venir. Un audit fiscal montrera dans la semaine les faibles marges de manœuvre existe pour d’autres soulagements des citoyens. Finalement, les citoyens se verraient déjà soulagés en 2010 par une baisse de l’ordre de 10 milliards d’euros pour leurs cotisations à la caisse d’assurance maladie.

Dieter Althaus (CDU), président du Conseil de la Thuringe, a déclaré au magazine Super Illu que des allègements d’impôts ne sont pas possibles à court terme. La coalition gouvernementale se porte garante de la solidité des finances publiques et doit veiller à ce que les pouvoirs publics demeurent efficaces. Franz Müntefering (SPD) estime pour sa part qu’une baisse d’impôt de l’ordre de 25 à 30 milliards d’euros serait d’une totale stupidité. Elle ne serait envisageable que si les aides pour la formation et le social étaient réduites : et ce serait à la charge des plus modestes !

De quelles marges de manœuvre l’État dispose en effet pour ses finances publiques, c’est ce que les experts doivent estimer jeudi, lors d’un cogrès à Bad Kreuznach, dans un nouveau pronostic jusqu’en 2013. Le Handelsblatt a cité comme base de travail pour les experts des autorités financières, de la Bundesbank et des établissements financiers les estimations du Ministère des finances fédéral. Peer Steinbrück, le ministre des finances, s’attend à un moins-perçu de 48 milliards d’euros pour 2009, à cause de la récession. Ceci par rapport au estimations précédentes, qui datent de novembre. En 2010 et par conséquent, les recettes fiscales enregistreront une baisse de 73 milliards d’euros sur une enveloppe de 522 milliards, et de 80 milliards d’euros pour les années suivantes.

Parce que le gouvernement ne souhaite pas grever la situation en se mésalliant l’épargne des ménages, des nouveaux emprunts doivent être envisagés pour couvrir les engagements déjà pris. L’État fédéral seul devrait emprunter au moins 80 milliards d’euros en 2009 aux banques. Ce qui viendrait à doubler le précédent record d’endettement de 1996.

La CSU a défendu son point de vue pour accorder des réductions fiscales aux citoyens allemands : celui qui défend les baisses d’impôt se place d’une manière d’autant plus crédible, qdans la perspective des élections au parlement, a dit samedi Horst Seehofer au congrès de la CSU à Deggendorf. L’endettement pourrait alors être réduit ensuite dans des délais envisageables. L’adaptation du taux d’imposition à l’évolution salariale a une valeur de quelques dizaines de milliards.

Guido Westerwelle, chef du FDP, au centre-droit, a déclaré dans Welt am Sonntag, qu’une des tendances les plus inquiétantes de ces dix dernières années est que la classe moyenne se dissout. Elle ne comprend plus les deux tiers, mais la moitié de la population. Plus de 5 millions de personnes ont glissé dans la classe des assistés. La société part dans tous les sens dans la perspective où la classe moyenne est encore plus sous pression. Par conséquent, il doit selon lui se mettre en œuvre une réforme fiscale qui laisse plus de net que de brut. Un leitmotiv que les Français connaissent bien désormais…