Trois pygmées violés par des militaires au Congo

Trois pygmées violés par des militaires au Congo

L’arrestation de Laurent Nkunda le 22 janvier n’a pas mis fin au conflit qui ravage l’est du Congo. La Ligue des Droits de la personne dans la région des Grands Lacs (LDGL) attire notre attention sur de nouvelles exactions commises par les forces armées toujours en activité sur le terrain.

Depuis plus de 5 ans, des factions rivales soutenues par les pays voisins de la République Démocratique du Congo (RDC) livrent un combat larvé aux forces armées congolaises et de la Mission Internationale des Nations-Unies (MONUC), multipliant les exactions et les actes de pillage sur les populations locales, souvent contraintes à la fuite vers des camps de personnes déplacées. Ceux-ci ne désemplissent pas depuis la guerre civile qui a embrasé le Rwanda en 1994.

Plusieurs mois après la conclusion d’un accord de paix visant à mettre un terme au conflit dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC, des civils continuent d’être tués, violés, enlevés ou torturés par des groupes armés et des soldats des forces gouvernementales, fait savoir la LDGL. Amnesty International a recueilli des éléments importants qui démontrent que des groupes armés actifs dans le Nord-Kivu continuent de commettre des crimes relevant du droit international, et notamment de torturer, violer et tuer illégalement, ainsi que de recruter et utiliser des enfants soldats, alors même que ces groupes avaient promis dans l’Acte d’Engagement du 23 janvier 2008 de mettre immédiatement un terme à ces agissements.

Dernier épisode de ces crimes de guerre en date, des militaires de la 85ème brigade ont sodomisé 3 pygmées de sexe masculin pour acquérir une force surnaturelle qui confère l’invulnérabilité, appelée kilemba. Le chef du village, appartenant lui aussi au peuple pygmée, a été déshabillé et violé en présence de sa femme, ses enfants et sa belle fille. Les enfants ont été déshabillés à leur tour, puis violés devant leur père. Enfin, l’école des pygmées a été détruite par les soldats. Les pauvres pygmées étaient contraints de transporter les rapines des militaires sur plus 50 Km dans la brousse. Des participants à cette exactions ont été arrêtés et confondus par la suite.

Les actes de viol commis sur les femmes sont récurrents dans l’Est de la RDC. Les bourreaux ne choisissent plus leurs victimes. Des femmes âgées, des enfants sont violés par les éléments de groupes armés et les militaires des forces armées de la RDC confondus. Si les derniers sont pour moment condamnés par la justice militaire, les miliciens de tout bord échappent à la rigueur de la loi. Les statistiques publiées par les ONG locales et internationales relèvent la récurrence des cas de viol et ses conséquences sur la santé des victimes. Les avocats, membres du Centre pour la Formation et la Promotion des Droits de l’homme (CFPD) ont été envoyés au courant de la dernière semaine d’avril assister des victimes des violences sexuelles pygmées. C’est entre les 18 et 19 mars que les violences ci-dessus mentionnées ont été perpétrées, alors que les militaires de la 85ème brigade s’étaient déplacés vers Hombo, localité située à 108 kilomètres de Walikale. Sur leur chemin, ces militaires ont commis d’autres exactions graves sur la population civile, des actes de viol, pillage et autres traitements inhumains et dégradants.

Des membres de l’armée détiennent toujours de manière illégale des enfants qui sont, dans certains cas, torturés et maltraités, et ils continuent de violer des femmes, des filles et des fillettes ou de leur infliger d’autres formes de sévices sexuels. A Walikale, une fille de 16 ans a été violée par un militaire de la 85ème brigade. Le tribunal militaire de la garnison de Goma a ouvert les procès dès le 16 avril 2009. Les militaires, auteurs des actes de viol ont été condamnés à des lourdes peines et ont été acheminés à Goma, où ils purgent leurs peines. Les dossiers sont néanmoins toujours suivis par les avocats du CFPD.

Dans cette région, les populations pygmées sont en général considérées comme des être à part, et quelquefois des sous-hommes. Invités à un festival de musique en juillet 2007, des artistes pygmées ont été logés dans un zoo à Brazzaville, avec les animaux. Une réminiscence des expositions coloniales européennes, a dénoncé un journal local. Une femme à l’abri d’une tente de toile allaite son bébé, décrit-il, tandis qu’une autre attise le feu sur lequel est posée une marmite fumante. La scène se passe au zoo de Brazzaville, au Congo, non loin de l’espace réservé aux animaux en cage. Ces deux femmes et le nourrisson font partie d’un groupe de vingt pygmées installés là pour satisfaire la curiosité des citadins accourus pour voir comment vivent des sauvages mal dégrossis, et cette attraction attire de plus en plus nombreux visiteurs au zoo de Brazzaville.

Lorsqu’ils sont capturés par les militaires ou des éléments des factions armées qui écument le Nord-Kivu, les pygmées sont en général emmenés comme esclaves après avoir subi des sévices. Ils portent les lourdes charges de l’intendance, les munitions et parfois même les armes des combattants. Aux femmes sont assignées diverses tâches ménagères, et le repos du guerrier, tandis que les enfants sont souvent embrigadés pour participer aux combats.