Nicolas Geant s’occupe des abeilles en plein Paris

Nicolas Geant s'occupe des abeilles en plein Paris

Nicolas Geant est un apiculteur pas tout à fait comme les autres : la dernière ruche dont il s’est occupé est sur le toit du Grand Palais, au cœur de Paris, et juste au-dessus des Champs-Élysées… En effet, cet apiculteur préfère la ville à la campagne pour ses insectes préférés, symbole du printemps, mais aussi des espaces champêtres. Que nenni ! Une abeille aussi se plaît plus à Paris qu’au milieu des champs. Nicolas Geant nous explique pourquoi.

Le MAGue : Pourquoi installer des ruches en plein Paris ?

Nicolas Geant : J’ai proposé cette idée au Grand Palais en octobre 2008, et j’ai posé la ruche sur le toit jeudi. Les gens du Grand Palais ont tout de suite été partants. Pour eux, il s’agit de participer à la biodiversité. Envisager de faire du miel les a emballé, il sera vendu au début de l’année prochaine à la boutique en cours d’installation dans le bâtiment, sous le nom de miel du Grand Palais. Je m’occuperai des abeilles en partenariat, parce qu’ils n’ont pas le temps de le faire. D’habitude, je fais des essaims et des ruches pour les gens qui désirent en posséder pour le plaisir. On ne le sait pas, mais il existe plein de ruches en ville. Beaucoup de particuliers me demandent d’en installer dans leur jardin ou sur le balcon. Dans le cas du Grand Palais, je reste propriétaire de la ruche et j’en fais l’entretien. C’est beaucoup plus simple quand un particulier me demande d’en installer chez lui, car une fois posée la ruche au printemps, il prend plaisir à l’entretenir et récolte du miel en hiver. Une seule ruche donne entre 20 et 40 Kgs. Seulement une dizaine d’apiculteurs vivent en Ile-de-France de leur activité.

Le MAGue : Quelles sont les difficultés pour un apiculteur en ville ?

Nicolas Geant : On ne le sait pas, mais les abeilles vivent beaucoup mieux en ville qu’à la campagne. Il y a une myriade de petites fleurs, des châtaigniers, des tilleuls, et même de la lavande ! Ce n’est plus le cas dans la grande plaine autour de Paris, où l’on voit des hectares de blé, mais pas de fleurs. Les abeilles sont évidemment très sensibles aux insecticides et aux fongicides, et les exploitants agricoles en répandent en grande quantité pour protéger leurs cultures. L’apiculture n’est pas mon métier, j’élève des abeilles en tant que semi professionnel. Il faut deux à trois cents ruches pour passer pro à 100%, et gagner sa vie. Comme les ruches utilisent un espace important pour butiner, j’installe des ruchers de 25 ruches tous les 3 à 4 Kms. Pour ce faire, je trouve en général un arrangement avec des propriétaires de terrains : je paye le prix du loyer en miel… Aujourd’hui, je possède une centaine de ruches, et je compte bien développer la commercialisation du miel. Jusqu’à présent, je vends plus de ruches et d’essaims, car beaucoup de gens m’en demande. Pour en installer, mieux vaut un endroit avec des fleurs de toute nature, et bien orienté coté soleil, car les abeilles aiment le soleil et craignent l’humidité. À Montpellier ou à Lille, je procèderais bien sûr de manière différente. Et je n’ai rencontré aucune difficulté, parce qu’il y a un capital de sympathie important envers les abeilles et mon activité. En fait, les gens, comme le Grand Palais, sont très demandeurs.

Le MAGue : Y aura-t-il un jour une appellation "Miel de Paris" ?

Nicolas Geant : On commercialise du miel de Paris, parce qu’il est très recherché à l’étranger, notamment par les Japonais. Les Français trouvent que leur capitale est polluée, alors qu’elle ne l’est pas autant que Grenoble, Marseille ou Le Havre, par exemple. Alors que pour les étrangers, Paris demeure la Ville-Lumière. En Angleterre, une ruche est considérée comme un porte-bonheur. Dans ma clientèle, je compte ainsi beaucoup d’Anglais, des Américains, des Allemands, des Danois et un Égyptien. Un essaim coûte 120 euros, et une ruche 250 euros. On commence d’abord par un essaim, qui est en quelque sorte une jeune ruche. L’entretien en est facile, et la ville est propice à l’épanouissement des abeilles, dans la mesure où il y a moins de produits polluants que dans les zones cultivées. Les gaz d’échappement sont moins dangereux que ne le sont les insecticides et les fongicides. Nous vendons un "miel toutes fleurs de Paris", parce qu’il est fait avec un mélange des différentes variétés de fleurs butinées en ville. Une ruche peut soit produire du miel, soit produire des essaims, et j’ai jusqu’à présent plus de demande pour fournir les essaims. J’ai l’intention de produire des essaims et les livrer sur toute l’Ile-de-France. L’entretien d’une ruche n’est pas astreignant, puisqu’il suffit d’intervenir quatre fois par an, et c’est pourquoi nombreux sont les gens qui s’y mettent. Mais j’aimerais bien développer la production du miel.