L’OTAN Nid d’Espions russes ?

L'OTAN Nid d'Espions russes ?

Le ministère belge des Affaires étrangères a annulé mardi l’accréditation de Viktor Kotchoukov et Vassili Tchijov, employés de la représentation permanente de Russie auprès de l’Alliance atlantique, apprend-on mardi des agences de presse russes. Une telle procédure, employée à l’égard des membres présumés de services secrets étrangers, est-elle en relation avec la soudaine tentative de coup d’État militaire en Géorgie ? Toujours est-il que la décision de l’OTAN de procéder à des manœuvres militaires dans la région fait resurgir le spectre de la guerre froide.

À peine vient-elle d’intégrer le commandement de l’OTAN que la France risque de se trouver en délicatesse avec son partenaire russe. Souvenons-nous que Nicolas Sarkozy s’est mis en quatre l’été dernier pour trouver une solution au conflit armé qui s’est déclaré en Ossétie du Sud, un territoire séparatiste appartenant à la Géorgie, mais revendiqué par la Russie en raison de l’importance de sa population russophone. La situation s’est normalisée depuis, et une première réunion du Conseil Russie-OTAN (CRO) s’est tenue à Bruxelles le 29 avril dernier, au niveau des ambassadeurs.

Mais la présence navale américaine en mer Noire a toujours agacé les Russes, et Moscou est prête à sanctionner unilatéralement l’OTAN, si ses exercices de juin en Géorgie ne sont pas annulés. Les autorités russes y voient une manœuvre de déstabilisation dans une région ultra-sensible, puisque sa flotte de guerre est basée à l’heure actuelle en territoire étranger. Ces exercices sont organisés dans le cadre du programme de Partenariat pour la Paix. Prévus depuis longtemps dans le cadre d’un programme des plus anodins de l’OTAN, auquel la Russie avait en son temps participé activement, ces exercices ne représentent aucune menace pour Moscou du point de vue militaire. Surtout lorsqu’on sait qu’ils se dérouleront sous forme de jeux virtuels, au moyen d’ordinateurs et de téléphones, sans utiliser de matériels militaires ni d’armements.

Soudain, une mutinerie a éclaté, mardi 5 mai, dans la base militaire de Moukhrovani proche de la capitale géorgienne, Tbilissi. Elle s’est achevée le jour même et sans violence par la reddition de la plupart des rebelles, annonce le ministère de l’Intérieur. Plus tôt, une correspondante de presse affirmait qu’une trentaine de chars et de véhicules blindés de transport de troupes, partis de Tbilissi, faisaient route vers la base militaire. Dans la matinée, les autorités géorgiennes assuraient avoir empêché un soulèvement armé. Le ministre de la Défense expliquait que la mutinerie visait à perturber les manœuvres militaires de l’OTAN et à tenter un coup de force militaire.

Les chefs de corps de la base de Moukhrovani ont été limogés. Bien sûr, la partie russe dément toute implication, et utilise le même argument à son profit : c’est une légende inventée par Tbilissi pour justifier l’organisation d’exercices otaniens sur le territoire du pays et obtenir davantage d’argent pour ses propres services spéciaux. Il n’est pas rare que les propres services spéciaux de tel ou tel pays imitent des coups d’Etat et des attentats pour justifier leur propre existence, augmenter leurs effectifs ou monter dans la hiérarchie.

Quel rapport avec l’expulsion de diplomates russes en poste à Bruxelles auprès de l’OTAN ? Herman Simm, 61 ans, aurait transmis 3.000 pages de documents classifiés à ses officiers traitants pour un peu plus de 100.000 dollars. Entre 2001 et 2006, Herman Simm mène des négociations avec les alliés de l’Union Européenne et de l’OTAN comme représentant de l’Estonie pour les questions de sécurité de l’information. Il est donc de la poignée d’hommes qui en savent beaucoup. Herman Simm a été arrêté à Talinn en septembre 2008, condamné le 25 février 2009 à douze ans et demi de prison. Certains pensent qu’il aurait été recruté lors de vacances au Maroc en 1995, d’autres affirment qu’il l’aurait été dans les années 1980, avant la chute de l’URSS et qu’il serait par la suite resté un agent dormant.

Mais la piste estonienne paraît un peu courte pour justifier l’expulsion, neuf mois plus tard, de diplomates, un automatisme jadis bien rôdé. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une affaire différente. Il est possible que l’OTAN et le Kremlin ont choisi de donner un maximum de retentissement à l’affaire diplomatique, dans une complicité paradoxale mais elle aussi éprouvée. Victor Kortchakov, 63 ans, premier conseiller, est un vieux routier de la mission russe : il y a passé au total 11 ans. Le second, Vladimir Tchijov, 23 ans, est le fils de l’actuel ambassadeur russe auprès de l’Union Européenne.

Une autre piste pourrait être envisagée avec cette soudaine montée des tensions en Géorgie. Les exercices de l’Otan prévus en Géorgie, même si on cherche à nous convaincre du contraire, sont une provocation grossière, a déclaré jeudi le président russe Dmitri Medvedev. La Serbie et l’Arménie ont depuis renoncé à leur participation, certainement sous la pression de Moscou. Mais au centre du jeu se trouve encore l’OTAN, dont le siège est à Bruxelles…

 

 


Organe assez obscur et vraiment très puissant,
Tout à la perfection et l’orgueil de ses maîtres
Avec des beaux canons sur tant de kilomètres,
Notre arme est inaudible au vacarme incessant.

Car le colosse aux pieds d’argile est rougissant,
Son corps aurait subit de l’assaut des trimètres
Et non du moindre espion au fil des périmètres,
Plus bel hommage aurait l’air d’être ahurissant.

Nous accordons crédit à de nombreux conciles,
Si pompeux et plutôt prompts sur les codicilles
Quand la force est l’affaire en fait de bras ailés.

Mais la routine est trop pataude et n’a pas d’aile
Pour des gens malgré tout, qui ne sont pas zélés,
Dans la faction sans mœurs méfions-nous d’elle.