Des livres pour sortir la tête du sac

Des livres pour sortir la tête du sac

Avec deux essais et un recueil d’entretiens, trois nouveaux livres s’ajoutent au catalogue des éditions Libertaires.

Structure éditoriale militante, les éditions Libertaires ne manquent pas de souffle. Avec zéro salarié et zéro subvention, elles enchaînent titre sur titre comme autant de coups de pied au cul destinés aux maîtres du monde. En attendant la dérouillée générale, on lira ces trois dernières livraisons.

Maurice T. Maschino ouvre le bal avec La République des bigots. L’auteur n’est pas un débutant. On lui doit notamment Voulez-vous des enfants idiots ? (Hachette 1983), Savez-vous qu’ils détruisent l’université ? (Hachette 1984), L’école usine à chômeurs (Laffont 1993), Y a-t-il de bonnes mères ? (Belfond 1999), Parents contre profs (Fayard 2002), L’Algérie retrouvée (Fayard 2004)… Avec La République des bigots, Maurice T. Maschino démontre que l’Église n’a jamais cédé de terrain. Son influence est toujours immense : médecins qui refusent de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse, « intellectuels » qui se prosternent devant le pape, enseignants qui déguisent leurs cours de catéchisme en cours de grammaire, président de la République qui compte plus sur les curés que sur les instituteurs pour développer le « sens moral » des enfants… Les exemples ne manquent pas. Et pas seulement en Alsace-Moselle où les crucifix polluent encore les salles de classe. Si l’on ne veut pas que cette scandaleuse exception ne devienne la règle, il va falloir provoquer des tempêtes dans les bénitiers.

Changement de décor avec Lukas Stella. L’auteur s’était illustré en 2002 avec Abordages informatiques, un essai qui fustigeait l’informatisation de la pensée. Dans Stratagème du changement, Lukas Stella remet en question les idées reçues et s’interroge sur les pseudo solutions de changement qu’il juge autoritaires et inopérantes. Les détenteurs de vérités suprêmes sont sur le gril. Pour lutter contre la dictature à perpète du capitalisme, Lukas Stella propose une nouvelle interprétation des situations et imagine des boîtes à bricolages collectifs. « En modifiant les règles du jeu, nous augmentons le nombre des choix possibles, créant de nouveaux espaces de liberté. Cela nous permet d’utiliser les vertus de nos défauts, et ainsi débloquer l’accès à nos ressources en sommeil. » Tout un programme !

Terminons avec une série d’entretiens. Claude Margat dialogue avec son ami Bernard Noël, écrivain, poète, essayiste, critique d’art. Entretiens écornés. La première partie manque, avalée par un mini magnétophone au fonctionnement aléatoire. La fin manque aussi. Inaudible… Qu’importe. Un jour, au cours d’une balade dans Montréal, Gaston Miron m’avait expliqué que le poème commençait véritablement quand le lecteur sortait la tête du livre ou glissait dans la marge. Que l’on se rassure, Questions de mots n’est pas composé de pages vierges. Le facétieux magnétophone a conservé quelques belles traces, aujourd’hui imprimées noir sur blanc. Sur le ton de la conversation amicale, Bernard Noël et Claude Margat parlent de Zao Wou-Ki, de la Chine, de l’écriture, de L’Outrage aux mots, des dégâts de la télévision, des grèves, de la Commune de Paris, de fantômes, de révolution…

Maurice T. Maschino, La République des bigots, 98 pages, 10€.

Lukas Stella, Stratagème du changement – de l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles, 98 pages, 10€.

Claude Margat, Questions de mots – Entretiens avec Bernard Noël, 150 pages, 13€.

Contacts et commandes : editionslibertaires[at]wanadoo.fr

Plus d’infos sur le site des éditions Libertaires