Chrysler : Légende automobile en bout de course

Chrysler : Légende automobile en bout de course

Le 3ème constructeur automobile américain est placé sous la loi de protection des faillites jeudi, après que les entretiens avec ses créanciers en vue de restructurer sa dette aient capoté. Chrysler est donc mis en faillite par le gouvernement des États-Unis, comme l’a déclaré un porte-parole de l’administration démocrate.

En dépit d’intenses négociations menées ces dernières semaines, Chrysler n’a pas reçu le soutien de ses créanciers, alors qu’il lui était nécessaire pour mettre une restructuration au point et pour éviter le premier dépôt de bilan d’un constructeur automobile américain. Il devrait être classé sous la protection du chapitre 11, lequel serait prononcé par le tribunal des faillites des États-Unis situé à Manhattan, et l’impact de ce dépôt de bilan pourrait créer une onde de choc dans le secteur automobile américain tout entier — y compris chez les rivaux de Chrysler, ses fournisseurs, ses revendeurs et des centaines de milliers de personnes qui vivent de l’industrie automobile. Une conférence du Président Barack Obama et des membres de son groupe de travail sur la situation de Chrysler et de l’automobile l’industrie a été programmé à midi.

La mise en faillite de Chrysler signalerait que l’administration démocrate est prête à jouer de front avec les actionnaires plutôt que de se soumettre à leurs atermoiements. Signal évidemment lancé en direction de General Motors, et cette attitude risque de donner le ton des prochaines discussions avec les actionnaires de GM, qui est lui aussi sur le fil du rasoir pour fournir aux pouvoirs publics un plan de restructuration avant la fin du mois de mai. Ce n’est pas la première action gouvernementale principale envers Chrysler, puisqu’en 1980, le Président Jimmy Carter a signé un crédit-bail fournissant à Chrysler plus d’un milliard de dollars de prêts garantis. La faillite était dans les tuyaux depuis plusieurs mois, a confié un chargé d’affaires à la Fifth Third Bank : lLa première question est ce que vont faire les différents actionnaires pour prendre les décisions difficiles auxquelles ils sont confrontés.

Les investisseurs ont réagi de manière positive à la nouvelle et l’indice Standard & Poor’s 500 a pris 1 point et demi. La valeur de l’action GM a augmenté de 4,4% et les parts de Ford de 9,7% jeudi matin à Wall-Street. La mise en faillite de Chrysler ne fait pas l’impasse des négociations en cours avec le constructeur italien Fiat. Le premier a cherché à mettre au point un plan de sauvetage et de négocier sa dette avec le second. Le journal italien Corriere della Serra a rapporté jeudi matin que l’affaire avait été conclue, ce que Fiat a démenti plus tard.

Les négociations sont menées par le groupe de travail de Barack Obama pour l’industrie automobile et l’ancien chargé d’affaires bancaires Steve Rattner. Pour emporter l’assentiment de 3 fonds d’investissement au moins d’échanger 2 milliards de dollars comptant contre l’amortissement des 6,9 milliards de la dette Chrysler, l’administration démocrate a promis d’injecter à nouveau 250 millions de dollars selon une source proche des négociations. Dans un courrier envoyé à ses employés un plus tôt, Robert Nardelli, le patron de Chrysler, leur a assuré que les principales préoccupations de l’entreprise sont de trouver un accord avec les actionnaires. Chrysler est la propriété de Cerberus Capital, et sa situation est la conséquence d’une récession qui n’épargne aucun constructeur, de même que tous ont ignoré les innovations à entreprendre face à la concurrence.

Le revenu annuel du secteur automobile américain, qui emploie plus de 9 millions de salariés, se situe à hauteur de 2,6 milliards de milliards de dollars, et il est équivalent au PIB de la France. Le dépôt de bilan de Chrysler est un tournant majeur dans l’histoire du constructeur automobile, et pour l’industrie manufacturière américaine tout entière. L’entreprise est née en1925, grâce à Walter P. Chrysler. 3 ans plus tard, il a posé la première pierre du bâtiment Chrysler, un temps le plus grand bâtiment et toujours un édifice caractéristique du paysage de Manhattan.

Barack Obama avait déclaré mercredi que les concessions des syndicats de Chrysler et des principaux actionnaires financiers lui avaient donnés plus d’espoir que le mois précédent, et qu’il pensait que le constructeur devait être viable. Chrysler a réussi à négocier des réductions de coûts de ses syndicats aux États-Unis et au Canada. Les négociations avec Fiat devaient aboutir mercredi. La mise en commun des capacités des deux constructeurs mettraient les ventes annuelles du groupe à 4,16 millions de véhicules environ, à égalité avec Hyundai et derrière Toyota, General Motors, Volkswagen et Ford. Sergio Marchionne, cadre supérieur chez Fiat, estime qu’un constructeur automobile doit produire au moins 5.5 millions de voitures par an pour assurer sa viabilité.