Téléchargement illégal : un défi pour la croissance

Téléchargement illégal : un défi pour la croissance

Selon une étude réalisée en Belgique, 79% des fichiers vidéo téléchargés par les étudiants en Belgique le sont de manière illégale. Ce chiffre s’élève à 64% pour les fichiers audio et à 62% pour les fichiers jeux. Les acteurs du marché de l’entertainment, en France comme ailleurs, ont compris tout l’enjeu de récupérer auprès des consommateurs l’argent du téléchargement illégal afin de faire prospérer à nouveau les affaires.

Les jeunes ne sont pas toujours conscients qu’ils sont dans l’illégalité, explique Olivier Maeterlinck, directeur de Bussiness Software Alliance, commanditaire de cette étude belge, qui révèle également que 90% des jeunes interrogés déclarent utiliser Internet pour télécharger des films, jeux vidéos, musique et logiciels. Mais certains sites, qui réclament paiement pour télécharger ne reversent en effet aucuns droits d’auteur et sont donc tout aussi illégaux que des sites gratuits. La faute semble donc partagée !

Quoi qu’il arrive, le problème est global : le Web que j’ai envisagé n’a pas encore vu le jour, a déclaré le Britannique Tim Berners-Lee, l’un des fondateurs du Web, à un séminaire sur le futur d’Internet : l’avenir est encore beaucoup plus vaste que le passé, a-t-il ajouté. En effet, à peine 23% de la population mondiale utilise actuellement Internet et son usage est beaucoup plus élevé dans les pays développés, selon l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). En Afrique par exemple, à peine 5% de la population utilise Internet, selon un rapport publié le mois dernier par cet organisme des Nations-Unies.

Or, dans le futur nous aurons plus d’Internet, plus d’usagers, plus d’accès via la téléphonie mobile, plus de vitesse, plus de contenus en ligne et plus d’appareils domestiques contrôlables par Internet, estime Vinton Cerf, un des vice-présidents de Google. L’ennui est que même chez le géant de Mountain View, les affaires ne sont pas très florissantes : le groupe californien a reconnu que pour la première fois de son histoire, son chiffre d’affaires a baissé d’un trimestre sur l’autre, alors que jusqu’à présent, la saisonnalité du marché publicitaire en ligne ne l’avait pas atteint. Il s’établit en effet à 5,51 milliards de dollars, soit 3% de moins qu’au dernier trimestre 2008. À 98% de nature publicitaire, il croît seulement de 6% l’an. Le directeur financier de Google, Patrick Pichette, a paru préparer le terrain à des résultats décevants pour le trimestre en cours en lançant une mise en garde sur la saisonnalité traditionnelle des activités du groupe.

Quand on parle de téléchargement illégal, on oublie un peu vite que le piratage des logiciels demeure une activité toujours très répandue. Ainsi Microsoft voit son résultat net s’effondrer de 32% ce trimestre, à 2,98 milliards de dollars, contre 4,44 milliards à la même période l’année précédente. En cause : la détérioration de l’environnement macroéconomique et la baisse de la demande, particulièrement sur les marchés économiques les plus matures a martelé Bill Koefoed, en charge des relations avec les investisseurs, lors d’une conférence téléphonique organisée hier aux États-Unis. Mais une telle analyse fait l’impasse sur les excellents résultats de son concurrent Apple, qui affiche un chiffre d’affaires de 8,16 milliards de dollars, contre 7,5 milliards de dollars un an plus tôt à trimestre comparable. La marge brute du groupe a également progressé à 36,4%, contre 32,9% une année plus tôt. Le résultat net, en progression, atteint 1,21 milliard d’euros soit un bénéfice de 1,33 dollar par action. Un chiffre supérieur aux prévisions qui tablait sur un gain de 1,09 dollar par action.

Qui est en cause ? Le piratage des logiciels, évidemment, qui reste un des gros problèmes que les concepteurs sont en train de résoudre en planchant sur des applications accessibles sur Internet. L’internaute de demain n’aura plus à se préoccuper d’acheter une suite de logiciels chez l’un ou chez l’autre, il y aura accès en se connectant sur Internet. De là est née la grande bagarre de Microsoft pour trouver un acteur majeur sur le Web, et la surenchère autour de l’acquisition de Yahoo ! Google en ce moment, travaille d’arrache-pied pour mettre au point une série d’applications qui donneront aux utilisateurs de Gmail la plupart des outils nécessaires à la rédaction de courriers avec du traitement de texte, et d’un espace virtuel de bureau sur un serveur dédié, comme en ce moment sur leur disque dur.

Pour les artistes, c’est beaucoup plus compliqué. Les finances des grands noms britanniques de la musique, comme Elton John, Paul McCartney, Mick Jagger et Robbie Williams, ont fortement souffert de la récession, d’après la liste du Sunday Times des 1.000 plus grandes fortunes de Grande-Bretagne partiellement publiée vendredi. Elton John a ainsi perdu sur l’année écoulée 26 % de sa fortune, passée de 238 à 175 millions de livres sterling en 2009. Cette baisse est notamment due à ses dons généreux à diverses organisations caritatives, pour un total de 42 millions de livres. Paul McCartney a perdu 60 millions de livres en un an (-12%), ses avoirs s’établissant à 440 millions de livres. L’ancien Beatle a dû verser quelque 24,3 millions de livres à son ex-épouse Heather Mills après leur divorce l’an passé, et certaines de ses propriétés et actions ont perdu de leur valeur. La sortie de crise passera-t-elle par la répression culturelle ?