Les Paris en Ligne prêts à tisser leur Toile en France

Les Paris en Ligne prêts à tisser leur Toile en France

Le marché français s’apprête à accueillir la concurrence de la Française des Jeux, mais avec beaucoup de réticence de la part des pouvoirs publics vis-à-vis des ténors des paris sportifs. Unibet et BetClic ont lancé dans ses médias des opérations de sponsoring et de publicité, déclenchant une mise en garde de Bercy.

Après l’effondrement des marchés boursiers, celui des loteries et des paris en ligne apparaît très prometteur. Pour le moment réservé à la Française des Jeux et au PMU, il a représenté en 2008 un chiffre d’affaires de 1,170 milliard d’euros (630 millions pour la FDJ et 540 millions pour le PMU). Une étude menée par un cabinet de conseil en stratégie, publiée récemment, évalue ce marché à 3,4 milliards d’euros dans cinq ans, de quoi aiguiser les appétits.

La manne espérée ne devrait pas être aussi importante, puisque les frontières n’existent pour ainsi dire pas sur Internet, et les sites dédiés opèrent depuis l’étranger en toute impunité. Le Suédois Unibet encaisse tout de même 123,4 millions d’euros des produits bruts des jeux en 2008, et revendique 3,1 millions de joueurs, quand son concurrent anglais BetClic revendique plus d’un million de joueurs dans douze pays européens. Il est représenté par l’ancien de l’équipe de France de Football Marcel Desailly.

Jusqu’à présent, la loi du 21 mai 1836 fixait le principe de l’interdiction de toute opération, offerte au public, faisant naître l’espérance d’un gain et reposant sur le hasard. Néanmoins, des textes ont prévu quelques exceptions pour les sites de loteries ou de paris gratuits. En ce qui concerne les paris payants, le joueur pouvait être considéré comme complice de l’activité exercée par le site de paris en ligne, en vertu de l’article 121-6 et 121-7 du Code Pénal. C’est pour la plus grande part la pression opérée par les poids lourds du secteur sur la commission européenne qui a décidé l’État français à les accepter désormais, et pour le solde, l’impunité dans laquelle le réseau virtuel leur permettait d’opérer en dépit de toute autorisation.

En effet, les Français n’auront pas de peine à devenir aussi accros que les Anglais aux loteries. Des sites Internet conseillant des méthodes de jeu inspirées des martingales mises au point pour les casinos existent et prouvent, si besoin en était de le faire, que la puissance publique a des limites aujourd’hui très vite dépassées. Par ailleurs, la station de radio RTL a lancé la semaine dernière une émission spéciale de 3 heures dédiée aux paris sportifs, en partenariat avec La Française des Jeux. Par ailleurs, le parieur n’est guère protégé par la législation, en dépit des nombreuses préventions qui s’expriment à intervalle régulier dans les médias, car l’addiction au jeu n’est pas un vain mot ! Rien ne garantit que le site paiera les gains que vous aurez acquis : l’article 1965 du Code civil n’accorde, en effet, aucune action en justice pour une dette de jeu ou d’un pari contractée dans le cadre d’une activité autorisée ou non.

Pour autant, tout porte à croire que le ministère de l’Intérieur saura dans le texte qui doit être mis en débat à l’été garantir un peu les intérêts des joueurs français, dans celui de la Française des Jeux… Par exemple, le Code de la consommation refuse de reconnaître aux personnes réalisant des paris, par le biais d’Internet, la possibilité d’exercer un droit de rétractation. Une fois versées, les sommes pariées ne peuvent être remboursées sur ce fondement. Par ailleurs, le modèle des paris, comme celui des loteries est fondé sur le même concept que le système financier, à savoir la confiance. En effet, l’espérance de gain est généralement si faible, qu’il faut au parieur avoir suffisamment confiance dans la probité de l’organisateur et des règles du jeu pour miser.

Dans cette activité comme dans d’autres, les failles et les tromperies existent. Le 7 avril dernier, 5 joueurs de la 4ème division anglaise de Football ont été accusés d’avoir parié 4.000 livres sterling sur le match de leurs équipes respectives. Bien sûr, des scandales ont déjà défrayé la chronique sur Internet, mais en raison de l’illégalité de cette activité, les pouvoirs publics n’ont pas souhaité s’y intéresser. D’ailleurs, comment établir du point de vue juridique un pari illégal sur le territoire national dès lors qu’il est fait dans un domaine cybernétique encore mal défini par le juriste ? Les sites Internet sont assez nombreux pour fournir toutes sortes de martingales, pour les dénoncer ensuite comme des arnaques.

Une chose est sûre. Si Robert Riblet a pu démonter l’astuce utilisée par La Française des Jeux avec ses jeux de grattage, il sera bien plus difficile de décortiquer le programme informatique gérant tel ou tel type de pari. Car de la même manière qu’au PMU, des combinaisons de jeu complexes sont mises au point pour augmenter ses chances et ses gains. Mais l’affaire devient vite un casse-tête chinois, exactement comme les opérations de Bourse.

 


Le jeu en ligne est pour nous tous l’eldorado
Sur le marché sans âme où l’argent est facile,
Mais en allant au loin pour plumer l’imbécile
Et celui qui se sert sans remords d’un pseudo.

Tant pis s’il est tout seul après sur un radeau,
Quand l’effet d’un système aplati qui vacille
A pour dur contrecoup ce pouvoir trop docile
Qui voit dans un concept si fixe un bon credo.

S’enrichir sans produire est notre escroquerie
Et l’aubaine en ce monde assez fat qui charrie
Tant d’embarras, tant de malaise et d’appétits.

Chacun se tait au train d’enfer de la duchesse
Quand ses revenus dus vont rester tout petits,
Car l’humain s’accomplit ici dans la richesse !