Révolution sexuelle dans le monde arabe

Révolution sexuelle dans le monde arabe

Pour briser les tabous, dans une quelconque société, il faut en
parler. Dans le monde arabe, conservateur et rigoriste, la sexualité
représente encore et toujours un domaine défendu.

Cependant, depuis longtemps, les langues se sont déliées et des auteurs émancipés,
déterminés à briser le silence sur ce sujet, ont fait parler d’eux. Le
manuel d’érotisme arabe de cheikh Nafzaoui, Les Jardins parfumés,
n’est en ce sens que la révélation du courant de changement des
mentalités qui régnaient à cet époque prônant la levée du silence sur
tout ce qui a trait à la sexualité.

Aujourd’hui, des publications sur la sexualité continuent de susciter
des polémiques diverses. La revue trimestrielle libanaise Jasad est
dans ce sens une de ces publications qui choquent et charment à la
fois. Fruit d’un laborieux travail collectif, la revue est née en
décembre dernier et ne cesse depuis de faire parler d’elle.
Sa rédactrice en chef et conceptrice, la poétesse libanaise Joumana
Haddad, est réputée pour ses idées libérales, son émancipation
annoncée et son engagement à lever les tabous qui entourent la
sexualité.

Jasad est un trimestriel qui aborde avec beaucoup de liberté les
sujets liés à la sexualité sans aucune censure. Plus de tabou, plus de
honte liée au corps, au plaisir, à la jouissance, telle est la devise
de la poétesse, convaincue de la nécessité de normaliser la sexualité.
Son contenu a choqué au Liban plus d’un conservateur et religieux, au
nom des valeurs morales et religieuses dont est réputée la culture
arabe traditionnelle, mais cela n’a aucunement empêché Joumana d’aller
de l’avant dans son projet.

Pour preuve, les thèmes abordés dans la revue sont, le moins qu’on
puisse dire, très instructeurs et surtout mis en valeur par un choix
d’illustration pertinent. Masturbation, homosexualité, première
expérience sexuelle, diverses pratiques et positions font la une de la
revue.

La Couverture de Jasad suit le contenu. En effet, l’on constate bien
sur le site, des représentations fort porteuses de sens sur lesquels
la sexualité est expressément mentionnée. A côté du mot Jasad, Joumana
a choisi de mettre des menottes. Une façon pour elle de souligner à
quel point sa revue tente de briser le silence qui enveloppe ce
créneau.

La poétesse a d’ailleurs cité, dans plus d’un entretien, sa
détermination à emmener les personnes, et les femmes en particulier, à
cesser de traiter leurs corps comme des choses honteuses, perception
qui provient d’une éducation rigoureuse, empreinte de conservatisme
religieux et social.

La revue vendue 10 dollars, n’est pas distribuée librement dans les
librairies. Personne n’ose la mettre en rayon, elle est donc livrée par
abonnement sur Internet.

Les auteurs de ce trimestriel sont pour l’ensemble originaires
d’Égypte, de Jordanie, du Liban, du Maroc, des territoires
palestiniens, d’Arabie Saoudite ou de Syrie.

Il mérite de signaler que si le magazine n’a point gêné les autorités
libanaises, il a suscité au Liban la colère des autorités religieuses
et d’organisations féminines estimant que sous le couvert d’une
publication culturelle, la revue éveille les instincts sexuels des
individus.

La fondatrice de Jasad a expliqué que le magazine est destiné à un
public adulte. D’ailleurs, elle affirme qu’il est vendu dans une
enveloppe en plastique fermée où la mention pour adulte est marquée.
Le magazine qui se vent fort bien, n’est distribué que par abonnement,
car aucune librairie dans les pays arabes n’ose le détenir. Le premier
numéro a été écoulé à 3.000 exemplaires en 11 jours. Le second s’est
déjà vendu à 4.000 exemplaires, selon Joumana qui a affirmé également
que le plus grand nombre d’abonnement a été enregistré en Arabie
Saoudite avec 282 sur environ 400, a été enregistré en Arabie
Saoudite, où la publication a été accueillie avec beaucoup
d’enthousiasme », affirme Joumana Haddad, qui a elle-même financé le
projet.

Pour défendre sa revue, Joumana rejette l’idée que le Moyen-Orient
n’est pas prêt pour ce genre de publication. Elle évoque, à titre
indicatif, le livre « les jardins parfumés » de cheikh Nafzaoui (un
manuel d’érotologie) et Les Mille et Une Nuits qui recèlent beaucoup
d’érotisme susceptibles de choquer le plus libéré des lecteurs
occidentaux, selon elle.

Pour conclure, sur le site de la revue Jasad, dont
la version est anglophone, le lecteur est capable d’accéder à la
version du trimestriel et de demander un numéro en s’abonnant sur un
espace réservé aux internautes. La livraison est garantie.