Valérie Létard n’ira pas au Printemps de Bourges

Valérie Létard n'ira pas au Printemps de Bourges

Très remontée contre le rappeur français OrelSan, la secrétaire d’État chargée de la Solidarité ne devrait pas honorer la manifestation musicale du Printemps de Bourges, apprend-on des services de son administration. Par ailleurs, Valérie Létard envisage de préparer un texte législatif pour réprimer les injures sexistes.

Dans une interview accordée au quotidien gratuit metro, Valérie Létard livre aujourd’hui le fond de sa pensée au sujet des chansons d’OrelSan. Elle estime que le texte de "Sale Pute" appelle au viol, au meurtre et à l’incitation à la haine envers les femmes, de même que celle intitulée "J’aime pas la Saint-Valentin", tout aussi violente. Jusqu’à présent très discrète au sein du gouvernement, la secrétaire d’État chargée de la Solidarité a enfourché un cheval de bataille autour de la polémique suscitée par la découverte par des blogueuses d’anciennes chansons du rappeur OrelSan sur son site Internet.

La gent féminine lui reproche les paroles très dures qu’il emploie pour explorer la carte du tendre, et pour magnifier les relations amoureuses. En effet, le jeune homme est moins familier de l’imparfait du subjonctif que de l’insulte graveleuse ! Est-ce une raison pour lui défendre de vociférer ? Sans doute existe-t-il un public pour cela, puisqu’il enregistre un certain succès auprès de gens abasourdis par le déluge de commentaires obscènes qui composent ses chansons.

Le but de Valérie Létard est de faire interdire — au même titre que les injures à caractère raciste — les propos sexistes. Elle indique avoir rencontré les responsables des sites de partages de vidéo, DailyMotion et YouTube, pour comprendre pourquoi ce clip était maintenu sur Internet, malgré les demandes de retrait. De fait, La réponse des hébergeurs est qu’aucun contenu manifestement illicite ne peut être invoqué pour interdire cette vidéo, explique la secrétaire d’État.

Dans le même mouvement, elle a tenté de faire pression auprès de l’organisation du Printemps de Bourges, qui se déroule du 21 au 26 avril, pour déprogrammer le concert du rappeur pour le moins discourtois : en déprogrammant OrelSan, notre festival ferait un acte de censure et de sanction vis-à-vis d’un artiste, a déclaré le directeur du Printemps de Bourges, Daniel Colling, dans un communiqué. La chanson "Sale Pute", rappelons-le, n’est pas jouée sur scène, et ne figure pas dans la discographie de l’artiste. Aussi scandaleux et odieux que soit le texte de cette chanson, ajoute l’organisateur, le Printemps de Bourges estime qu’il n’a pas à être complice d’un véritable tribunal populaire qui tente de se substituer à la justice dans un État de droit.

Auprès de ses services, la rédaction du journal Le MAGue a eu confirmation qu’aucune démarche n’avait été entreprise pour que la secrétaire d’État n’honore le festival de sa présence, une option dans l’agenda ministériel qu’il convient de souligner en raison du différent particulier qui a lieu entre la secrétaire d’État et le rappeur. Et Valérie Létard ne compte pas s’arrêter là, puisqu’elle regrette apparemment un vide juridique en ce qui concerne les propos sexistes.

Bien que la qualité des textes d’OrelSan ait peu de rapport avec ceux de Charles Baudelaire, souvenons-nous que le poète fut condamné le 20 août 1857 à l’audience de la 6ème Chambre correctionnelle, devant laquelle sont également traduits escrocs, souteneurs et prostituées, à cause de l’offense indéniable à la morale publique et religieuse de quelques unes de ses pièces du recueil Les Fleurs du Mal. Le cas n’est pas exceptionnel, mais il demeure peu commun au fur et à mesure de l’évolution de la société française. Le verdict est à la hauteur des plaidoiries, et il affecte profondément le poète condamné : le tribunal ne relève pas l’offense à la morale religieuse, mais considère qu’en se qui touche à la morale publique et aux bonnes moeurs, il y a bien lieu à condamnation, l’ouvrage contenant des passages ou expressions obscènes et immorales est par la suite censuré.

De la même manière, Valérie Létard a fait appel au procureur de la République et celui-ci nous dira aussi si ces paroles peuvent faire l’objet d’une qualification pénale, fait valoir le membre du gouvernement. Est-ce un retour à l’ordre moral ? De toute évidence, commente la secrétaire d’État, les filtres appliqués quand il s’agit de pédopornographie, d’incitation à la haine raciale et d’homophobie ne sont pas applicables à l’appel au viol et au meurtre envers les femmes. Chers amis poètes, choisissez bien vos mots et contentez-vous désormais de demeurer fleur bleue !