Barack Obama fléchit devant la Corée du Nord

Barack Obama fléchit devant la Corée du Nord

Nouvel essai balistique des communistes nord-coréens samedi, si le ciel leur est favorable… Le régime ossifié de Kim Jong-Il a choisi le 100ème anniversaire de la naissance du fondateur de la République populaire et démocratique de Corée pour lancer un premier défi à la nouvelle administration démocrate américaine. Barack Obama reste ferme, alors que ses diplomates font preuve de bonne volonté.

Le dictateur nord-coréen est moribond, il a subi plusieurs interventions chirurgicales dans les mois précédents, il était absent lors des cérémonies du 60ème anniversaire de la fondation du régime stalinien le 9 septembre 2008. Mais la Corée du Nord est également pour l’allié chinois un territoire tampon avec les suppôts du capitalisme que sont le Japon et la Corée du Sud. Le pays n’est pas autosuffisant, et ne doit pour une bonne part sa survie qu’à l’aide alimentaire envoyée par les ennemis occidentaux. Mais le 17 mars dernier, les États-Unis ont décidé de suspendre leur aide à la demande de Pyongyang : la Corée du Nord a informé les États-Unis qu’elle ne désire pas recevoir plus d’aide alimentaire américaine en ce moment, a confirmé le porte-parole du département d’État, Robert Wood, lors d’un point de presse.

Quelques jours plus tard, elle portait connaissance au monde son intention de lancer un satellite de communications, une occasion pour relancer la polémique sur les États voyous chère à George W. Bush. En effet, ses voisins estiment qu’il s’agit en réalité d’un missile balistique à longue portée, du type de celui qui a explosé en vol à l’été 2006, à la suite du brutale montée de fièvre diplomatique et militaire dans la région. La tentation de tester la nouvelle administration en poste à Washington est grande, et l’occasion de festivités grandioses à Pyongyang invite les caciques du régime ermite à entamer un nouveau bras de fer avec les États-Unis. Par ailleurs, il n’est pas exclu que la crise économique mondiale affecte également ce pays de 24 millions d’habitants replié sur lui-même : le dictateur aurait planqué son argent en Suisse et dans un certain nombre de paradis fiscaux, et certains des comptes qu’on lui attribue ont été longtemps bloqués par la volonté de George W. Bush. Kim Jong-Il nourrit-il aussi quelques craintes au sujet de la levée du secret bancaire ?

Autre atout dans la manche du dictateur coréen, deux journalistes américaines ont été capturées le 17 mars à la frontière chinoise. La Corée du Nord a annoncé le 31 mars son intention d’engager des poursuites judiciaires à leur encontre. L’Agence de presse centrale officielle a déclaré au sujet d’Euna Lee et de Laura Ling, travaillant toutes les deux pour la chaîne américaine Current TV, que leurs aveux ainsi que différentes preuves ont confirmé qu’elles ont pénétré illégalement sur notre territoire et qu’elles se sont livrées à des activités d’espionnage. La Corée du Nord évoque en plus de graves crimes qu’aurait commis l’employé du groupe sud-coréen Hyundai retenu dans la zone industrielle spéciale de Kaesong, en Corée du Nord, depuis le 30 mars. Il aurait été surpris en train de critiquer le régime et incité la population à s’exiler.

Toujours est-il que les officiels du Japon et de la Corée du Sud présents à Londres au G20 ont averti Barack Obama : nous avons fait savoir clairement aux Coréens du Nord que leur lancement de missile est provocateur, a répondu le président des États-Unis le lendemain à Strasbourg. Ça exerce une énorme pression sur les conversations à six et ils devraient stopper le lancement, a-t-il poursuivi en utilisant un langage de fermeté en phase avec sa présence aux sommet de l’OTAN. Mais dans le même temps, les diplomates en poste à Washington adoptent un tout autre langage : nous sommes prêts à poursuivre le dialogue direct avec la Corée du Nord à n’importe quelle étape, a indiqué Stephen Bosworth, négociateur américain aux pourparlers à 6 sur le problème nucléaire de la péninsule coréenne.

Si Barack Obama se concentre sur le problème afghan, le département d’État semble prêt à tout miser sur le Moyen-Orient en traitant la question de l’arme nucléaire en Corée du Nord à la marge. Or, les experts sont persuadés que les communistes coréens fournissent à l’Iran la technologie qu’ils ont acquise en matière balistique et nucléaire. La Corée, profitant des bonnes relations affichées entre Washington et Pékin pourrait profiter d’une fenêtre de tir… Face à la montée des tensions dans la région, la Chine fait les gros yeux, en appelant mardi toutes les parties concernées par le problème nucléaire de la péninsule coréenne à faire preuve de retenue et à s’engager davantage pour sauvegarder la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est, selon les mots du porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Qin Gang. Mais laisse faire…

Stephen Bosworth, de son côté, fait pour l’instant profil bas : nous devons travailler avec la Corée du Nord, telle qu’elle est, et non telle que nous voudrions la voir, a déclaré vendredi l’émissaire américain au Centre de la Presse étrangère dans la capitale américaine. Dans le même temps et à des milliers de kilomètres, Barack Obama donne la ligne de conduite de sa politique étrangère : on ne peut avoir une course aux armes nucléaires au Moyen-Orient.

 

 


Comment se comporter contre un État voyou ?
Se laisser faire est moins osé, mais plus facile,
Le risque est bien présent et demeure indocile
Si l’on consent dans le soulier un gros caillou !

Un chef d’État en a fait plus pour qu’il aille où
Bon lui semble avec un enthousiasme imbécile,
Mais le suivant préfère en tout point un concile
Au commerce impassible et sans dire I love you.

Composer sans courber l’échine à ce chantage,
Mais c’est la belle affaire en laissant l’avantage
Aux vrais provocateurs qui font régner leur loi !

Tous ces appels au peuple ont peu de bénéfice,
Mais il vaut mieux offrir un cierge à Saint-Éloi
Que d’insister sur place à craindre un maléfice !