Portraits d’écrivains mexicains

Portraits d'écrivains mexicains

Deux écrivains appelés pour célébrer un rêve en mouvement. Deux écrivains de deux pays différents. La France et le Mexique. Ou le Mexique et la France. L’ordre n’a pas d’intérêt dans cette fable.

Car les territoires culturels de ces deux pays sont vastes. De ces deux hommes aussi. L’un étant de la montagne. L’autre de la mer. Il faut donc autre chose pour les réunir. Serait-ce la littérature ? Car n’avons nous pas vu, jadis, l’imagination flamboyante d’Antonin Artaud dans le pays des Tarahumaras ? N’avons nous pas, hier, croisé Octavio Paz dans les rues de Paris ? André Breton n’a-t-il pas découvert que le surréalisme était déjà ancré dans les terres mexicaines ?

Faut il faire le tour du monde pour découvrir ce qu’il y a tapis au fond de nous-mêmes ? Est-ce la voix des ancêtres qui fait chambre d’écho ? Car, à bien y regarder, les uns comme les autres, Français et Mexicains ont célébré l’aube du monde. Pour cela ils ont su voir à travers les vies des dieux et des rois. Ils ont eu recours à la narration de la comédie humaine.

Prenant prétexte du Salon du livre de Paris, les éditeurs braquent leurs objectifs sur le Mexique. Ne boudons pas notre plaisir pour découvrir des auteurs étonnants. Carmen Boullosa (Eux les vaches, nous les porcs), Fernando del Paso (le Joyce mexicain), Ximena Escalante (une dramaturge dont la pièce Phèdre et autres Grecques a fait le tour de France), Carlos Fuentes (que l’on ne présente plus), Pura Lopez Colomé (auteur écolo), etc.
Nous mettrons à l’honneur le poète Aridjis (photographié dans un miroir) qui possède la vision la plus ambitieuse du Mexique actuel. Car il ne tente pas de perpétuer une idée passéiste de la culture de son pays. Il ose nous proposer un avenir incertain. Un avenir ouvert. Sans doute pessimiste mais exact. Un avenir plein d’entrain et d’enthousiasme.

Parmi cette galerie de 44 portraits photographiés avec humour et un grand sens de la mise en scène, il y a une question fondamentale. Posée par Le Clézio dans Le Rêve mexicain, ou la Pensée interrompue. Une question qui devrait en déranger plus d’un et vous poussez à découvrir les nouveaux auteurs qui tentent de porter leur écriture vers cette quête.
Donc, Le Clézio s’est interrogé sur ce qui se serait passé sur l’Empire aztèque n’avait pas été conquis par les Espagnols. Oui. A quoi ressemblerait la littérature mexicaine contemporaine si elle avait été écrite dans des langues indigènes ? Comment refléterait-elle la pensée, la culture, la cosmogonie de dizaines d’ethnies ? Une question qui devrait hanter vos nuits …

Gastón Garcia, Portraits d’écrivains mexicains, préface de JMG Le Clézio & Homero Aridjis, 44 photographies couleurs de Daniel Mordzinski, 195 x 245, Gallimard, mars 2009, 120 p. – 20,00 €