En Iran Mahmoud Ahmadinejad est fichu

En Iran Mahmoud Ahmadinejad est fichu

L’Ayatollah Ali Khamenei a décidé mercredi d’entériner le résultat contesté des élections, en dépit des manifestations dans lesquelles les partisans iraniens de Mahmoud Ahmadinejad voient la main des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Mais l’intervention de Bernard-Henri Lévy rend ces allégations infondées, et bien plus menaçantes pour le régime iranien.

L’opposition a refusé d’être muselée. Le religieux réformiste Mehdi Karoubi, qui est dernier au premier tour du scrutin du 12 juin, a qualifié le pouvoir d’illégitime et environ 200 manifestants ont bravé les forces de l’ordre près du parlement. La police anti-émeute a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les opposants au régime.

La police et la milice ont cette semaine réussi en grande partie à devenir maîtres à nouveau des rues après les plus grandes manifestations contre le régime depuis la révolution islamique de 1979. Mais le pouvoir en place s’obstine à nier l’évidence. "J’avais souligné, et j’insiste encore sur la stricte application de la loi sur électorale", affirme Ali Khamenei, le personnage le plus puissant en Iran.

L’Iran blâme l’attitude des puissances étrangères. "La Grande-Bretagne, l’Amérique et le régime sioniste sont derrière les récents troubles à Téhéran", a dit le ministre de l’Intérieur Sadeq Mahsouli, selon l’agence de presse iranienne Fars. Le ministre des affaires étrangères Manouchehr Mottaki estime que l’Iran est sous tension avec la Grande-Bretagne après l’expulsion réciproque de deux diplomates cette semaine.

Il a de plus annoncé "ne rien attendre" de la réunion du G8 en Italie cette semaine sur l’Afghanistan. Sa déclaration, un jour après celle du président des États-Unis, "consterné et outragé" par la répression en Iran, confirme une montée des tensions avec les pays occidentaux. Barack Obama considère que les accusations iraniennes selon lesquelles Washington souffle sur les braises sont "évidemment fausses et absurdes".

Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, à qui l’on a demandé si Paris prévoyait de suspendre les relations avec Téhéran, a répondu qu’aucun mesure n’était envisagée, mais qu’il pourrait le faire si l’Iran continuait à expulser des diplomates. Les diplomates occidentaux considèrent que la conférence du G8 est une chance singulière pour discuter avec les puissances régionales comme l’Iran et partager des points de vue sur l’Afghanistan et le Pakistan.

Les forces de l’ordre ont quadrillé Téhéran pour empêcher au possible les rassemblements contre les résultats annoncés le 12 juin, et la contestation demeure en dépit d’un nouveau décompte partiel qui confirme les premiers : "Iran : le nouveau comptage partiel des suffrages confirme le résultat de l’élection", a écrit mercredi la chaîne iranienne en langue anglaise Press TV sur un bandeau déroulant.

Une campagne passionnée a révélé de profonds clivages au sein de l’élite politique en Iran, Ali Khamenei soutenant Mahmoud Ahmadinejad contre Mir Hossein Mousavi, appuyé par les anciens présidents Akbar Hashemi Rafsanjani et Mohammad Khatami. Une partie du clergé chiite est resté en dehors des débats, bien que le Grand Ayatollah Hossein Ali Montazeri ait réclamé trois jours de deuil national pour les manifestants tués dans les rues.

Au moins 20 personnes ont été tuées dans les manifestations, selon Press TV. Des documents vidéo amateurs témoignant des conflits violents avec les forces de l’ordre ont fait le tour du monde via le réseau Internet. Celle qui montre l’agonie de Neda, une jeune femme iranienne tuée par balles vendredi, est devenue le symbole de la révolte en Iran. Les partisans de Mir Hossein Mousavi ont prévu d’envoyer vendredi des milliers de verts et noirs dans le ciel avec le message : "Neda restera toujours dans nos cœurs" !

Fars a signalé mardi qu’un journaliste grec couvrant les événements pour le quotidien conservateur américain The Washington Times a été arrêté. L’épouse de Mir Hossein Mousavi, Zahra Rahnavard, a exigé sur son site Web la libération immédiate des personnes détenues depuis l’élection (dont 25 employés du journal de son mari) et critiqué la présence de forces armées dans les rues.

Le ministre de la Sécurité Intérieure Gholam Hossein Mohseni-Ejei a dit que des sujets britanniques ont été impliqués dans des émeutes, selon l’agence Fars : "L’un des leurs s’est déguisé en journaliste afin de recueillir des informations pour nos ennemis". Il ne fait pas de doute que de la même manière qu’en Géorgie, notre pourfendeur national de l’islamo-fascisme est en train de préparer la destitution de Mahmoud Ahmadinejad dans les jours qui viennent !

 

 


Le conflit se poursuit sans montrer une issue
Compatible avec l’offre où se perd le scrutin,
Un peuple un peu reclus est face à son destin
Devant le grand déni et des coups de massue.

Quand l’urne examinée apparaît bien bossue
Le citoyen croit qu’on l’a pris pour un crétin,
Mais ce benêt sans voix reste un menu fretin
Pour tout politicien plus froid que la sangsue.

Une émeute est horrible et fait vibrer le cœur
De tous les ennemis de toujours au vainqueur
Qui fait peur et présente un visage impossible.

Les changements au fond inspire un bel effroi
Or, le pouvoir ne doit jamais changer de cible,
Tout minaret ne se prend pas pour un beffroi !