Le Plan Com’ de Martine Aubry marche à Contresens

Le Plan Com' de Martine Aubry marche à Contresens

Au Parti Socialiste aussi, c’est la crise des valeurs ! Tandis qu’un dernier sondage donne dans toutes les circonstances Nicolas Sarkozy vainqueur face à un(e) candidat(e) socialiste, Martine Aubry essaie de faire passer le four du Zénith par pertes et profits chez Michel Drucker dimanche.

La Première Secrétaire du Parti Socialiste se livre dimanche à l’exercice intimiste des fausses confidences sur le canapé de Michel Drucker dimanche après-midi. Tournée en partie à Lille, terre d’élection de Martine Aubry, l’émission montre une édile qui fait la cuisine après avoir fait son marché. Elle évoque son enfance et des difficultés scolaires auxquelles on a du mal à croire, confie avoir été une élève moyenne et séché les cours de dactylo. Jacques Delors, son père, arrive à la rescousse et soutient qu’elle était une enfant très studieuse, très organisée. Elle va remettre le PS au travail car elle a le sens de l’organisation.

Le sens de l’organisation de Martine Aubry n’est pas en cause, et la presse s’est déjà fait l’écho, à cause de certains grincements de dents des ténors socialistes, d’une reprise en main de l’appareil du parti. Pierre Moscovici en remet d’ailleurs une couche dans Marianne, où il se fait le porte-voix des militants et responsables à regretter, voire à dénoncer, la chape de plomb présidentialiste qui pèse sur le Parti Socialiste, sans pour autant résoudre la question du leadership — qui ne se décrète pas. Sans se souvenir apparemment, qu’elle est élue dans des circonstances mémorables…

Le problème du parti de Martine Aubry est qu’il n’est jamais là où on l’attend : sur le trottoir et non dans les manifestations, dans ses locaux et non aux côtés des salariés victimes de plans sociaux… Les propos des ténors socialistes apparaissent tellement déconnectés du débat qui agite la société qu’on se demande si leur opposition affichée à la politique gouvernementale n’est pas feinte ! Le PS vient de s’adjoindre les services d’un communicant, Claude Posternak, ancien directeur de la publication du Nouvel Économiste et collaborateur de McCann Erickson et de EURO-RSCG. Il possède un domaine de 8 hectares où il produit un Armagnac de qualité. Rien que de très populaire, en somme.

Un sondage CSA commandé par l’hebdomadaire Marianne crédite Dominique Strauss-Kahn de 39 points de popularité face à Nicolas Sarkozy, contre 39 points pour Martine Aubry et 35% pour Ségolène Royal. Les socialistes ont décidé de laisser les problèmes de gestion de la crise au pouvoir et à Nicolas Sarkozy, pour s’occuper de leurs problèmes de boutique. Après tout, Lionel Jospin et Martine Aubry ont montré en d’autres temps tout le bien qu’ils pensent de la mondialisation économique, et leur soutien à l’intégration européenne est revendiqué.

Il ne leur reste plus qu’à patienter, le temps que des échéances électorales importantes arrivent, pour se poser en seule alternative crédible à une droite décomplexée qui s’est déconsidérée à force de provocation… Mais ce pari comporte un risque, avec les dissensions et la guerre des chefs qui se profile à l’horizon, occuper l’espace en faisant juste acte de présence ne permet pas d’envisager le succès. Martine Aubry, qui s’est fait tirer l’oreille pour s’aligner dans la course à la tête du Parti Socialiste, n’a sans doute pas l’ambition d’aller plus loin.

 

 


Quand les succès se font attendre et rien ne va,
Il faut serrer les dents sans rien dire en silence,
Et conserver pour soi cet ennui qui nous lance
Pour feindre un grand entrain de danser la java.

Mais on voudrait mourir dans un fond de calva
Plutôt que de répondre alors qu’on nous relance
À mettre un argument de poids dans la balance,
L’attrait lui manque aussi pour être un peu diva.

L’espoir est moins aisé à voir qu’on ne le pense
Quand on recherche et l’on attend la récompense
Avant d’avoir œuvré pour prendre un gros râteau.

Où l’entêtée aurait plus d’un tour dans la manche
Pour rentrer par la porte en vainqueur au château,
C’est le destin, et nous n’en savons rien dimanche.