Ce film est universel car il touche à la mémoire de l’humanité et pas seulement du cas israélien, ni du Proche-Orient. Abordant l’impossible réalité d’un homme plongé dans le chaos de la guerre, il embrasse les multiples raisons qui poussent au conflit, des rivalités religieuses, géo-politiques ou économiques ; il démontre les ravages de la haine sortie aux forceps de l’âme humaine dès qu’une occasion permet à certains de manipuler les plus faibles. Israéliens et Phalangistes libanais unis dans une même soif de sang à l’encontre des Palestiniens n’est pas qu’une réaction passagère d’une guerre parmi tant d’autres.
Via le passé de ces soldats juifs – pour la plupart fils de déportés –, par l’endoctrinement fasciste chrétien des miliciens à la solde de Bachir Gemayel, par l’idéologie de Charon, alors ministre de la Défense du gouvernement Begin, se dessine cette carte du psyché de ces hommes qui semblent avoir été oubliés de Dieu, donc de toute parcelle d’humanité car les animaux n’agissent pas de la sorte. Seul l’homme est capable de monter ainsi les marches de l’horreur et de la terreur dans un jeu de dupes dont les simples soldats, comme Ari Folman, font toujours les frais. Soit qu’ils le paient de leur vie, soit qu’ils en gardent au plus profond d’eux-mêmes des blessures que l’amnésie volontaire ne parviendra pas à masquer.