"Ces revues de presse sont devenues des jeux de massacre"

"Ces revues de presse sont devenues des jeux de massacre"

Jean-Pierre Gauffre n’a jamais rien choisi, du moins « C’est lui le dit » ! De journaliste papier à Jacques Martin et chroniqueur radio / télé, tous les chemins mènent ce fameux saltimbanque joyeux au Médoc.

Le Mague : Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lectrices et lecteurs du Mague ?

Jean-Pierre Gauffre : En quelques mots ? J’ai cinquante et un ans. J’exerce ce métier de journaliste depuis on va dire trente ans aujourd’hui et ça fait vingt ans que je suis en grand écart permanant entre le journalisme et l’humour. Et j’en connais pas beaucoup. Je le fais aujourd’hui à un niveau local après l’avoir fait à un niveau national pendant longtemps. Je crois beaucoup à une espèce de fatalisme et de destiné. Rien de ce que j’ai fait dans cette voie je ne l’ai choisie. Ca m’est vraiment tombé dessus. Et je pourrai dire qu’aujourd’hui, ça me convient. Je me rends compte que je suis de plus en plus dans l’humour et de moins en moins dans le journalisme pur et dur parce que la rédaction en chef du Journal du Médoc est quelque chose qui doit prendre un minimum de temps et que la jonglerie est un peu compliquée mais on y arrive.

Le Mague : Qu’est-ce qui vous a pris, franchement si mes informations sont exactes, dixit les renseignements généreux, de quitter Paname pour vous enterrer en 1996 au pays reculé du Médoc ?

Jean-Pierre Gauffre : C’est exact. De 1992 à 1996, j’ai travaillé avec un monsieur qui s’appelait Jacques Martin. Mon début de carrière, c’est archi classique, c’est France Inter, Europe 1, c’est L’Express… A un moment, je me suis retrouvé sans boulot. Je me suis retrouvé embarqué dans un projet en 1988 avec Radio Classique qui a fait sa petite révolution en créant un programme économique qui s’appelait radio Classique affaire pour la revue de presse. Ce que j’ai fait de 88 à 93. Ces revues de presse sont assez vite devenues des grands jeux de massacre pas du tout dans le conventionnel et ça m’a emmené des contacts donc deux contacts pérennes Le premier c’est Patrice Ricord, le plus grand caricaturiste français issu des grandes gueules de Pilote. Ceux qui dans les années 70 ont réinventé la caricature avec cet album « Ces animaux qui nous gouvernent », le passage en trois dessins de l’animal à l’homme politique. C’était assez formidable. C’est leur style qui a inspiré les Guignols de l’info. Il se trouve que Patrice Ricord était un auditeur de radio Classique. Il m’a contacté en me disant qu’il cherchait un auteur pour travailler avec lui pour sortir des albums avec une caricature et un texte en face. On a fait cinq albums ensemble. Le sixième sort le 5 mars prochain. Il va s’appeler « Faces à farces »*. On a passé en revue les hommes politiques, les sportifs, le show bise, les grands disparus…

Le Mague : Avec Jacques Martin, ça c’est passé comment ?

Jean-Pierre Gauffre : Le deuxième contact a été Jacques Martin qui m’a contacté de la même manière. Il m’a dit : - j’aime ce que vous faites. C’est drôle, c’est méchant, c’est intelligent. Si ça vous intéresse, j’ai un créneau en télé pour exploiter ce genre d’humour. C’est devenu durant quatre ans, ma participation à l’émission « Ainsi font font font », (entre autre avec Laurent Gerra, Virginie Lemoine, Julien Courbet…), qui était une émission, on va dire de chansonniers, d’humour sur l’actualité à base de sketchs de chansons parodiques, de fausses pubs. Ca m’a emmené dans un tout autre univers que je ne connaissais pas du tout. Ca c’est 92 / 96.

Le Mague : Et le Médoc alors ?

Jean-Pierre Gauffre : J’en viens bien sûr au Médoc. En 94, j’ai acheté une maison en Médoc, une maison de vacances. Je connaissais un peu beaucoup la région puisque j’avais quelques attaches familiales à l’époque. Et puis on prenait un certain plaisir à venir là à tel point qu’on se disait remonter à Paris ça devient un peu pénible. On se demandait s’il n’était pas possible de travailler à Paris et habiter ici. C’est devenu un projet de vie. Le créneau de travail chez Martin était assez pratique puisqu’on travaillait du mardi au jeudi en étant plutôt bien payé. Donc, c’était tout à fait jouable de s’installer dans le Médoc. On a déménagé en juin 1996 pour s’installer et quinze jours plus tard on a appris que l’émission était supprimée par la production. Donc, on s’est dit qu’est-ce qu’on fait ? Et puis un jour, de rencontres en rencontres, début 97, le sous-préfet de l’époque nous dit qu’en matière de communication dans le Médoc, il n’y avait rien. Y’avait même pas un journal local digne de ce nom. C’est pourquoi, le fatalisme, la destiné et le fait que souvent les évènements choisissent pour vous, moi j’y crois beaucoup. Radio Classique c’est pas moi qui l’ai choisi, le basculement dans l’humour c’est pas moi qui l’ai choisi, Martin c’est pas moi, le Journal du Médoc, et la suite locale ici c’est pas moi non plus. Donc, je suis allé voir dans mon entourage un ami dont je savais qu’il avait une petite surface financière pour nous soutenir tout au début pour assurer les six premiers mois de salaires, une petite équipe, payer l’imprimeur. On a sorti en juin 1997, le premier numéro du journal et puis bien sûr tout le monde nous prédisait le pire….

A SUIVRE…

*Les ouvrages publiés par Jean-Pierre Gauffre en collaboration avec Patrice Ricord :
Tête à tête (Denoël, 1992) / Gueules d’Etat (Glénat, 1995) / L’Académie des timbrés (La Sirène, 1995) / Le livre des Ricord (Soleil, 1997) / Les Ricord de la musique (Soleil, 1998) / Faces à Farces (Fetjaine, 2009)