Nicolas Sarkozy envoie François Fillon au Charbon

Nicolas Sarkozy envoie François Fillon au Charbon

Tandis que le chef de l’État prévoit de passer la journée de jeudi à Bruxelles, François Fillon reste à la barre et doit répondre aux questions que posent les salariés qui se sont donnés rendez-vous dans la rue. Le Premier ministre est interrogé à 20 heures sur TF1, tandis que le ministre des Relations sociales intervient sur France2. Pas d’annonce en perspective : il s’agit juste de faire front face à la grogne et aux attentes insatisfaites. Pour quoi faire ?

Contrairement à la précédente journée d’action du 29 janvier dernier, Nicolas Sarkozy n’a pas l’intention de réagir, et a fait savoir un peu partout que tout ce qui était possible avait été donné lors du sommet social du 18 février. Le porte-parole du gouvernement a déclaré que le sommet social du 18 février avait permis d’engager un certain nombre de réponses. Il n’y a donc pas lieu d’assurer une présence au sommet du pouvoir en ce qui concerne le président de la République. 2 membres du gouvernement vont faire leur possible pour déminer le terrain et compatir aux difficultés du peuple français.

L’absence du chef de l’État de la capitale est un signe en lui-même, et si par ailleurs, Christine Lagarde attend une reprise de l’activité qui conduirait à une hausse du PIB de 1% pour l’année prochaine, le nombre élevé de ses déclarations optimistes n’incite guère à lui accorder le moindre crédit. Il semblerait même qu’elle ait été déléguée à lancer une annonce aussi insolite pour bien montrer qu’il n’y a plus rien à faire, juste à mettre le casque lourd en attendant que passe l’orage. Les interventions de François Fillon à la télévision, lors d’un journal de 20 heures, sont d’ailleurs assez rares pour être remarquées pour ce qu’elles valent. La dernière l’a d’ailleurs été pour les mêmes raisons le 4 décembre 2008, au soir d’une journée de mobilisation sociale.

À chaque fois d’ailleurs, il s’agit de revenir sur des décisions déjà prises, et de refaire un coup de pédagogie. Au président de la République les coups d’annonce, à son collaborateur et chef du gouvernement le soin de faire un synopsis des réformes et du travail accompli. Que peut-on espérer de mieux ? Au fil du temps, le pouvoir s’est défait de tous les leviers de commande économiques, et de la plupart des instruments macroéconomiques. La France s’est inscrite dans une logique néolibérale depuis la fin des années quatre-vingt, et même Lionel Jospin se désolait au début du siècle que l’État ne peut pas tout, avant d’affirmer malheureusement que son programme n’est pas socialiste.

Nous l’avons bien remarqué au cours des mois précédents : les fonds publics investis dans les appareils industriel et financier l’ont été au bon gré des gestionnaires privés. Il a fallu que l’alerte soit vraiment très chaude, avec l’effondrement du fonds spéculatif commun aux caisses d’épargne et de la Banque populaire, collecteurs de l’épargne populaire, pour que le pouvoir politique place enfin à la tête de l’ensemble un homme à lui.

Le secrétaire général de FO considère qu’il n’est pas besoin de refaire un sommet social médiatique à l’Élysée : nos revendications, Nicolas Sarkozy les connaît ; Il peut nous répondre. Il se trompe lourdement lorsqu’il réclame une hausse significative du Smic, pour obtenir un effet direct sur la relance de la consommation et une mécanique de négociation dans les entreprises. Une hausse des salaires en l’absence de croissance économique aboutirait fatalement au retour de l’inflation et serait rapidement anéantie par des hausses de prix significatives. Quant aux entreprises, elles n’ont aucune envie de négocier quoi que ce soit. Les plus florissantes ne rêvent que de faire des affaires en Extrême-Orient et les autres, le bon vouloir des banquiers en vue d’obtenir de nouveaux crédits afin d’attendre la reprise économique.

Le gouvernement est définitivement dans l’impasse. La situation est identique aux États-Unis, où Barack Obama peut tempêter tout ce qu’il peut contre la distribution des dividendes avec la manne publique, sa politique est de plus en plus contestée par les tenants d’un libéralisme orthodoxe, qui profitent de l’installation d’une administration démocrate pour lui refuser tout net ce qu’ils ont accordé à la précédente. À François Fillon donc, d’expliquer ce soir qu’il n’y a plus rien à faire qu’à patienter, et le mieux serait de souffrir en silence.

 

 


Pas de plaisant printemps pour ce gouvernement,
Il n’a rien su prévoir et craint les coups de pique,
Sa morgue en sous régime est maintenant épique
Mais nous ne savons pas s’il est bête ou s’il ment.

Le voilà mal-en-point pour vivre un noir moment
Quand tout le monde entend la rengaine utopique,
Tandis que l’entreprise approuve un coup typique
Pour faire un peu moins cher ailleurs et gentiment.

Que va-t-il nous rester quand elle aura pris l’heure
À la pendule en verre en nous vendant pour leurre
Les valeurs de la peine au long de grands discours ?

Leur dessein nous échappe et nous voyons l’image
D’un modèle aux abois dont le prix n’a plus cours,
Sauf la foi pour chacun de nous d’être au chômage.