L’image de la femme au Maghreb

L'image de la femme au Maghreb

Jusqu’à présent, la question féminine au Maghreb a été appréhendée sous l’angle du statut de la femme. Voire de son rôle dans la société. Elle aura été au centre des enjeux politique de ces pays du bassin méditerranéen. Et donc objet prisé pour des études académiques.

La politisation de cette question correspond aux promesses faites par les politiques. Et aux revendications des féministes. Pour demander la révision du code de la famille. Désillusions en cascade …
Car, aujourd’hui encore, la condition féminine est l’un des angles d’études pour qui veut comprendre les mutations en cours dans les sociétés de ces pays. En effet, voilà cinquante ans que les aspirations des femmes ont évolué. Et cela dans un laps de temps très court … Car, si pendant les luttes pour les indépendances, les femmes on dû se fondre dans le combat national (et soutenir les hommes qui combattaient) elles n’en espéraient pas pour autant ne pas bénéficier des changements politiques en cours. Désillusion, déjà … Les femmes du Maghreb regardaient vers l’Europe et désiraient bénéficier de la même émancipation que leurs sœurs Françaises. Les médias leur montraient abondamment ce qu’elles n’auraient jamais. Car la chape de plomb de la tradition déguisée sous le manteau de la religion allait tuer dans l’œuf tout espoir.

Pourtant, à l’aune des années 1990, la télévision par satellite – puis l’arrivée du Net – allaient changer la donne. De nouvelles images allaient montrer aux femmes du Maghreb que leurs sœurs s’émancipaient aussi dans le monde arabe. Une multiplicité des modèles qui renvoie à un environnement qui change. Ainsi doivent coexister comportements et modes vestimentaires, tradition et modernisme.

C’est précisément cette approche en termes d’images et de représentation que les auteurs de ce livre ont voulu montrer à travers des regards différents. Celui d’une journaliste indépendante algérienne, Ghani Mouffok, qui analyse la manière dont la presse de son pays rend compte de la femme. Celui de Zakya Daoud, une autre journaliste franco-marocaine, qui pense que la "prégnance féminine" s’est banalisée dans les médias marocains.
Outre ces deux regards sur la construction de l’image de la femme, Hédi Khélil, critique cinématographique tunisien, s’attache à la manière dont l’histoire des femmes est racontée par les films de son pays.
Enfin, le dernier regard est celui d’un historien du Maghreb, Pierre Vermeren, pour qui la promotion des femmes constitue le changement le plus important qu’ait connu le Maghreb postcolonial. Car, aujourd’hui, si toute une classe est constituée de femmes diplômées qui rivalisent souvent avec les hommes, ces dernières constituent néanmoins une "société séparée". Une sorte de contre-élite …

Cet ouvrage, qui porte sur une aire à la fois géographique et socioculturelle, nous donne ainsi l’occasion de nous distancier des approches et thématiques habituelles. Aisni, la femme perçue, décrite et analysée est très souvent considérée à travers le prisme de la modernité, de l’émancipation et de la liberté.

Khadija Moshen-Finan (sous la direction de), L’image de la femme au Maghreb, avec des textes de Zakya Daoud, Hédi Khélil, Ghania Mouffok et Pierre Vermeren, coll. "Etudes méditerranéennes", Actes Sud / MMSH / Barzakh, novembre 2008, 121 p. – 18,80 €