La dernière frontière

La dernière frontière

La Dernière Frontière est un court métrage de 18 minutes, tourné en super 16mm dans le cadre d’études de cinéma.

L’idée du film m’est venue suite à un reportage télé qui suivait un homme irakien à Sangatte. Cet homme était policier à Bagdad, après la guerre il fut réquisitionné par les Américains pour assurer la sécurité des groupes pétroliers.Les extrémistes locaux l’avait alors menacé de mort il fut contraint de quitter son pays. Je me rappelle avoir été touché par cette histoire, et j’ai découvert un aspect du sujet que ne connaissait pas : On parle souvent de ces hommes et femmes dans la rubrique " fais divers" ou dans l’actualité macabre, en chiffres ou statistiques jusqu’a les déshumaniser totalement alors que beaucoup d’entre eux avaient une très bonne situation dans leur pays et son avant tout des Hommes.

J’ai voulu faire ce film pour parler de l’espoir et la détermination sans faille qui anime chacun de ces gens, qui laissent parfois femmes et enfants pour traverser plusieurs pays durant des mois pour s’échouer sur les côtes françaises après un improbable voyage. On parle souvent de la fin du voyage, des squats et des conditions dans lesquelles ils vivent ... mais peu de leur histoire.

Qui y a t’il de pire pour un homme que de quitter les siens, sa terre natale et ses racines ? Ces hommes aspirent simplement à une vie meilleure, et son animés par une détermination et un espoir incroyable.

Très vite je me suis heurté à la complexité du sujet, je n’avais que très peu de temps et je ne savais pas vraiment où je mettais les pieds, j’étais tributaire des contraintes inhérentes à la réalisation d’un film d’école et je savais par exemple qu’il m’était impossible d’envisager un tournage complet du film sur place. J’ai donc réorienté l’écriture ( qui s’est faite en deux mois ) en gardant en tête ces limites et très vite le film a prit une nouvelle direction : il était pour moi évident de traiter avant tout l’histoire de ces deux frères, qui se sont quittés et qui se retrouvent dans les camps de calais leur " antichambre de la liberté ".

Une certaine neutralité quant au sujet s’est vite installé, je ne voulais pas dénigrer ou juger qui que ce soit, mais véritablement traiter de l’histoire de ces deux frères en utilisant le sujet de l’immigration en toile de fond. Le temps et les moyens m’interdisait de traiter ce sujet très polémique en lui même, et de lui apporter la force nécessaire à son traitement. De même, le pays d’origine des deux protagonistes n’est pas précisé, l’important n’est pas d’où ils viennent mais où ils vont.

Durant la phase de casting j’ai eu la chance incroyable de rencontrer deux acteurs qui avaient vécu cette situation, ils connaissaient les camps et la réalité. Ils m’ont aidé à coller au plus près de la vérité tout en laissant une place à la fiction, le challenge s’est donc situé à ce niveau : traiter d’un sujet d’actualité, grave, tout en gardant l’aspect fictionnel. Je ne voulais surtout pas écrire des choses fausses, enjoliver la réalité afin de rendre le film plus spectaculaire. Je ne voulais surtout pas manquer de respect à ces gens mais je devais faire un film, écrire une histoire, inventer des personnages.

Une autre difficulté s’est vite présentée : la langue. La langue Arabe s’est vite imposée comme évidente dans le récit, les acteurs principaux ont donc fait un travail de traduction du texte en arabe littéraire.
Lors des répétitions, ils ont d’abord joué en français puis en arabe. Très vite les barrières du texte ont été enlevées, j’expliquais aux acteurs le ton de la scène, ce que je souhaitais en terme de jeu, et il jouait tut en se permettant quelques ajouts, ou retraits, par rapports au texte original. Le fait de ne pas parler arabe n’a pas été un problème ; j’étais beaucoup plus attentif au ton et aux expressions des acteurs, sans êtes dépendant du texte.

Les conditions de tournage ont été difficiles, nous avions beaucoup d’extérieurs et beaucoup de nuits. Les scènes de poursuite sur le port ont été éprouvantes ainsi que la scène finale L’équipe de décoration a fait un travail formidable pour recréer le camp de réfugiés, pour lui donner un aspect réaliste.

La musique d’Alexis Maingaud est également de grande qualité, il a su développer plusieurs thèmes qui ont tous une tonalité arabisante, comme pour rappeler l’origine de ces deux hommes, tout en soutenant les scènes plus "action" ou " drame" Sa musique a su être à la fois sensible et audacieuse.
Toute l’équipe a énormément travaillé sur le film, dans de dures conditions.

Le sujet de l’immigration en plus d’être universel est plus que jamais d’actualité, les choses évoluent lentement et le cinéma est un excellent médium pour sensibiliser et faire évoluer l’opinion publique. La sortie du film " Welcome " de Philippe Lioret est une chance car il contribuera très certainement à cela.

Avec ce film j’ai le sentiment d’avoir effleuré le sujet de l’immigration clandestine, je préfère dire que c’est l’histoire deux frères, une tranche de vie de deux âmes errantes qui se retrouvent puis se déchirent.
Mais cela reste pour moi, et tout l’équipe une incroyable aventure humaine.Et lorsque des gens issus de l’immigration me témoignent leurs sentiments, qu’ils se sont retrouvés dans le film, cela est très touchant.


Teaser La Dernière Frontière



LA DERNIERE FRONTIERE