Pékin prêt à réagir aux manifestations tibétaines

Pékin prêt à réagir aux manifestations tibétaines

Les autorités chinoises ont mis en place un arsenal de mesures très complet pour faire face au 50ème anniversaire de la révolte tibétaine de 1959 : présence militaire et policière renforcées, black-out sur l’information, gesticulation internationale, mais aussi tentative de séduction des populations locales…

Le Tibet est très tranquille, a déclaré lundi Kang Jinzhong, commissaire politique de la police armée au Tibet, indiquant que ses troupes étaient prêtes à résoudre toute activité d’infiltration ou de sabotage causée par la clique du dalaï-lama et d’autres forces hostiles. Les communistes au pouvoir à Pékin comme à Lhassa n’entendent pas se faire surprendre cette année par des manifestations contestataires, qui pourraient tourner à l’émeute, voire au bain de sang, comme ce fut le cas l’année dernière au mois de mars…

À cette époque, l’appareil du Parti s’était tourné tout entier vers la réussite des Jeux Olympiques de Pékin au mois d’août 2008, et s’est laissé surprendre par une jeunesse vindicative et plus ou moins organisée, qui s’en est prise avec violence aux commerçants chinois de Lhassa et des localités les plus importantes du Tibet historique, faisant plusieurs dizaines de morts de part et d’autre, et près d’une centaine dans la population indigène à la suite d’une répression brutale initiée par des autorités mises au pied du mur. À la veille du 50ème anniversaire du soulèvement du 14 mars 1959, les forces de l’ordre quadrillent la province, et le pouvoir central multiplie les démonstrations de force en vue de désamorcer toute velléité de désordres.

Première initiative au mois de mars de la part des autorités pékinoises, le très bon accueil réservé au secrétaire d’État américain Hillary Clinton. Je suis actuellement en résidence surveillée, car Hillary Clinton est arrivée, s’est désolée Zeng Jinyan, dissidente et femme de Hu Jia, Prix Sakharov 2008 pour la liberté de pensée du Parlement européen et qui purge une peine de trois ans et demi de prison pour tentative de subversion. Tandis que toutes les mesures étaient prises pour assurer la tranquillité du séjour de la diplomate en chef américaine, juste avant son arrivée, cette dernière avait indiqué vouloir éviter que la question des Droits de l’Homme n’occulte d’autres sujets durant sa visite en Chine, quitte à choquer les organisations internationales.

Ainsi, la police a demandé à Jiang Qisheng, ancien du mouvement de Tiananmen qui a passé plusieurs années en prison et signataire de la charte, de ne pas tenter de rencontrer Hillary Clinton, a signalé Amnesty International. De fait, les conversations au sommet se sont concentrées sur les questions économiques et financières qui plombent le climat entre la Chine et les États-Unis. En effet, les communistes au pouvoir à Pékin reprochent aux libéraux américains leur négligence en matière financière, et redoutent un revirement protectionniste de l’administration démocrate.

Une piqûre de rappel a été donnée lundi par 5 bâtiments de guerre chinois, qui ont empêché l’USNS Impeccable de s’approcher trop près des côtes en mer de Chine méridionale… Il est vrai que le navire américain, de l’aveu même du Pentagone, était un navire de surveillance recueillant des données sur l’acoustique sous-marine. Mais selon les mêmes sources, il croisait dans les eaux internationales en toute bonne conscience. Il n’en reste pas moins que d’une manière générale, la Chine a renforcé le contrôle des frontières au Tibet pour prévenir les activités de sabotage de la clique du dalaï-lama, rapporte Le Quotidien du Peuple.

Les touristes et les journalistes étrangers sont sévèrement contrôlés actuellement au Tibet et dans les régions à majorité tibétaine qui sont situées dans les provinces voisines, où le gouvernement chinois a déployé des milliers de soldats et de policiers afin d’empêcher une nouvelle flambée de violences. Les seules nouvelles en provenance du Tibet sont par conséquent celles que rapportent les médias officiels chinois et certains sites Internet militants qui reçoivent des informations, difficilement vérifiables, de correspondants anonymes. Mais ceux-ci ont également mis la pédale douce cette année, et même dans la patrie des Droits de l’Homme, on n’entend plus beaucoup Robert Ménard, le vigilant reporter sans frontière qui s’est peut-être lassé, à moins que ses commanditaires ne lui aient recommandé de s’occuper d’autres causes.

Mais le contrôle de la population et la répression latente ne sont pas les seules armes déployées par les autorités chinoises. Elles font savoir que le Tibet célébrera surtout le 50ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage et du régime théocratique du dalaï-lama le 28 mars. Toute une campagne de presse a été orchestrée pour souligner que grâce au pouvoir maoïste, le peuple tibétain s’est libéré du joug du servage féodal. Ceci a eu une grande portée tant pour le Tibet que pour l’ensemble du pays et même pour le reste du monde, rapporte Le Quotidien du Peuple. Sur la situation du Tibet, un sujet qui intéresse la presse internationale, les officiels ont précisé que la priorité du Tibet est désormais le renforcement du développement et la protection de l’environnement, tout en réfutant les rumeurs sur une quelconque instabilité dans la région.

Pour eux, le tourisme est le secteur qui a le plus souffert des émeutes du 14 mars. Selon des statistiques, le Tibet a accueilli 2,20 millions de touristes en 2008, soit une baisse de 50% par rapport à l’année précédente. Une tendance que les autorités ont tout fait pour inverser au second semestre, et d’affirmer à qui veut l’entendre à propos des émeutes du printemps dernier, qu’un tel événement ne se reproduira pas cette année ! La carotte et le bâton sont les deux mamelles du pouvoir communiste chinois, ils ont fonctionné à merveille, au point que le dalaï-lama lui-même a déploré dans son discours depuis son exil à Dharamsala que la culture et l’identité tibétaines étaient désormais au bord de l’extinction.

 

 


Un pouvoir répressif a toujours gain de cause
En ne se gênant pas pour rompre des genoux,
Révolution : tu ne dis pas ton nom chez nous
Qui ne faisons pas tout pour subir la psychose.

Mais il n’intervient pas dans la métempsycose
Et bien assez pour faire un peu suer le burnous,
Il s’est ravi juste en nommant les chats minous
Quand il ne fait pas plus qu’installer la narcose.

Bien des gens font risette à ses façons de voir
Et se sont fait violence à s’en faire un devoir :
La liberté de vivre est bien sur terre un leurre !

Quitte à vivre à sa botte, ouvrons nos yeux ici
Pour qu’une autorité ne soit pas tout à l’heure
Susceptible à bon droit de nous dompter aussi.