La Fnac tire le Rideau à la Bastille

La Fnac tire le Rideau à la Bastille

Pourtant située au cœur du quartier branché de l’Opéra, des bars à la mode et des rendez-vous de manifs, la Fnac supprime 168 postes dans ses magasins de la capitale et ferme celui de la place de la Bastille, victime des assauts de la concurrence numérique.

La décision de la direction de la chaîne a de quoi surprendre, et à en croire le délégué syndical, le magasin Fnac de la place de la Bastille n’est pas déficitaire… Pour la direction en revanche, ce magasin est le plus petit de l’enseigne en France, et sa surface de vente est insuffisante pour accueillir l’offre complète de la Fnac. Ouvert en 1990 et spécialisé dans la vente de disques, il souffre de la baisse structurelle de ce marché, qui atteint 45% au cours des 5 dernières années.

La décision de fermer boutique à la fin de l’année laisse songeur : le commerce est bien situé dans un quartier fréquenté par une population attirée par les distractions nocturnes, et au pied de l’immense opéra. De plus, il ne désemplit pas. Mais il faut comprendre que les ventes s’effectuent de moins en moins aux caisses, et la boutique numérique de la Fnac est en plein essor. Déjà en 2002, le tout nouveau gérant de Fnac.com pariait que les ventes en ligne correspondraient à 10% du chiffre d’affaires du groupe.

Aujourd’hui, la boutique en ligne est l’un des premiers sites d’e-commerce BtoC en France en terme d’audience avec une moyenne de 750.000 visiteurs uniques par jour. Sa filiale Fnac éveil&jeux propose une sélection de produits à destination des enfants, à travers un réseau de plus de 40 magasins et la vente à distance par catalogues et sur Internet. La Fnac compte près de 20.000 collaborateurs et a réalisé un chiffre d’affaires de 4.584 millions d’euros en 2007.

Un contexte ambiant de crise est néanmoins l’occasion de serrer les boulons en prévision de coup dur. Des mesures d’économies, d’un montant global de 35 millions d’euros en année pleine, toucheront tous les secteurs : frais généraux, communication, loyers, investissements opérationnels, etc. La Fnac a pour objectif d’éviter tout licenciement et se donne 18 mois pour proposer un emploi à tous grâce à la mobilité interne, au développement des pôles d’excellence et aux nouvelles activités.

La Fnac a annoncé mercredi la suppression de 168 postes dans ses magasins parisiens et la fermeture de celui de la place de la Bastille, employant 60 salariés et spécialisé dans la musique, dans le cadre de ce plan d’économie. L’enseigne compte 25 magasins en Ile-de-France où travaillent 4.300 personnes. Un personnel serviable et dépourvu de toute arrière-pensée a fait sa réputation au fil du temps.

C’est donc une page qui se tourne avec le décès de Max Théret le 25 février dernier, et une gestion qui ne fait plus mystère de ses objectifs, ni de ses motivations. Filiale du groupe PPR (Pinault-Printemps-La Redoute) et enseigne leader de la distribution de produits culturels et techniques en France, la Fnac dispose de 145 magasins : 81 en France et 64 à l’international. Mais la vente par correspondance, cœur du métier de La Redoute, apparaît de plus en plus comme la panacée du groupe dans son ensemble, pour qui le tout-numérique offre l’opportunité d’un commerce dépourvu d’humanité dans un contexte mondialisé.

 

 


La musique adoucit les mœurs, pas nos soucis
D’argent qui vont s’accroître après la mélodie,
Mais l’assistance est mince et reste abasourdie
Les musiciens vont tous manger du pain rassis.

Les écueils sont longtemps demeurés imprécis
Car le grand public pleure aux vers de tragédie
Lorsqu’il a toujours soin de remplir son caddie,
Ça reste encore un cas pour les cœurs endurcis.

Mais rien n’aurait germé sans les technologies,
De ce dont nous faisons sans penser des orgies
Les chansons, et les airs en tube, oui ça suffit !

Le disque à tout le moins rend l’âme à l’agonie
Et ses labels ne font plus ce qu’il faut de profit,
Il convient de chercher ce qu’un public leur nie.

 

Avec AFP, Reuters et Pif-Gadget.