Chômage technique : les 35 Heures sont de nouveau à la Mode

Chômage technique : les 35 Heures sont de nouveau à la Mode

C’est la revanche de Martine Aubry sur un patronat toujours hostile au partage du travail et à la mise en place des 35 heures dans les entreprises françaises. Les firmes étrangères en effet, trouvent les unes après les autres quelque intérêt à proposer une politique identique à leur personnel pour répondre à la crise économique et au manque de travail.

Une telle mesure a de quoi étonner lorsqu’elle émane du groupe auquel appartient The Financial Times, le quotidien économique dont il est permis de penser qu’il donne le ton de la city londonienne… L’entreprise, filiale du groupe britannique Pearson, en quête d’économies, a proposé à ses salariés de travailler moins, en plus de réductions d’emploi déjà prévues. Nous offrons une série d’options de conditions de travail flexibles à nos employés (dont une semaine de travail temporairement réduite à trois jours entre juin et août), dans le cadre de nos efforts constants pour (…) répondre aux évolutions du marché, a indiqué un porte-parole, confirmant les informations de son concurrent The Guardian.

Malheureusement, la décision ne remet pas en cause un plan de réduction d’effectifs annoncé en janvier, qui prévoit la réduction de 80 postes, dont 20 au sein de la rédaction. Cet aménagement du temps de travail n’est pas l’apanage d’une presse qui tient le haut du pavé, car il est également mis en œuvre dans l’industrie allemande : dans les pays où il est seulement possible de recourir au licenciement, les entreprises feront face à un problème lorsque la reprise sera là, elles devront à nouveau trouver des salariés, explique Hans-Theodor Kutsch, directeur général de l’entreprise de plastiques Albis. Le but est donc de conserver le plus longtemps possible des employés et des ouvriers formés, plutôt que de jouer à l’accordéon avec les ressources humaines.

Les pouvoirs publics espèrent également que le dispositif atténuera quelque peu la récession et permettra à l’économie allemande de sortir de la crise en meilleure position. En dépit d’une chute sans précédent de la demande pour ce qui constitue le coeur de l’industrie allemande — les voitures, les machines — les entreprises ont réussi pour l’instant à éviter des licenciements massifs en utilisant une disposition légale qui leur permet de réduire la durée horaire de travail pendant un maximum de 18 mois. Le texte de loi qui assouplit les conditions de mise en oeuvre de cette disposition a été soutenu par les syndicats et a permis de réduire les tensions sociales tout en amortissant le choc de la crise économique et financière.

Albis, qui emploie un millier de personnes à Hambourg, a réduit de 40% la durée horaire de travail de ses salariés. Le Kurzarbeit lui permet de réaliser environ 25% d’économies sur ce que lui coûte la récession en termes de perte de chiffre d’affaires. Tous les économistes s’accordent à le dire : la réduction du temps de travail permet de limiter les suppressions d’emplois. Mais cela ne pourrait être que temporaire : l’Allemagne, première économie européenne, devrait connaître cette année la pire récession de son histoire depuis la 2ème Guerre mondiale. Les comités d’entreprise considèrent la réduction du temps de travail comme un mal nécessaire, explique Frank Ernicke, un responsable du premier syndicat allemand, IG Metall : on espère que cela permettra de contourner la crise.

Mais ce système n’est pas forcément mis en place à cause d’une conjoncture difficile. Audi, filiale haut de gamme du géant Volkswagen, a annoncé jeudi une semaine supplémentaire de chômage partiel pour 17.000 de ses salariés début avril. Quelque 25.000 salariés employés sur les sites d’Ingolstadt et de Neckarsulm sont déjà touchés par une semaine de chômage partiel fin février. La production à Ingolstadt sera à nouveau interrompue pendant la semaine précédent Pâques en raison d’une baisse de la demande pour les voitures, a indiqué le porte-parole du constructeur. Audi est en progression constante depuis plusieurs années. En 2008 pour la 13ème année consécutive, il a battu son record de ventes, dépassant pour la première fois le seuil d’un million de véhicules vendus.

En revanche, le constructeur automobile roumain Dacia, qui appartient à Renault, va augmenter sa production de 1.085 à 1.200 voitures par jour à partir du 9 mars, pour répondre au regain espéré des ventes notamment à travers les primes à la casse, a-t-on appris jeudi auprès de la direction. Le constructeur low cost voit l’avenir en rose en raison de la prime à la casse décidée dans plusieurs pays européens, et stimule un marché déprimé par le gonflement des stocks. La maison-mère est pourtant à la peine, puisque Renault a proposé aux syndicats de généraliser le chômage partiel à toutes les catégories de personnel et de permettre le maintien des rémunérations jusqu’à 100% du salaire net, a déclaré la direction du constructeur automobile. La crise ne change donc rien à l’affaire.

 

 


L’idée a fait long feu depuis qu’elle a pris corps
Dans l’esprit de nos forts en thème alors en fête,
La réduction du temps de travail s’est bien faite
Car du chômage a dû contraindre à des accords !

La crise en fait s’en mêle et bat plusieurs records
Quand la panique atteint tout le système au faîte,
L’oisif qui souffre ennuie un peu la sous-préfète
Et nos plus gros patrons sont en maillot de corps…

La grande idée en germe à nous mettre en partage
Un travail qui se meurt même ailleurs au courtage
Revient au goût du jour malgré leur triste onction.

Il faut la crise aux vrais patrons en plein naufrage
Pour ne plus voir malice à la prompte effraction,
Quand des discours on se repend pour déchiffrage.

 


Avec AFP, Reuters et Le Revenu français.