Les Défenseurs des Droits des Animaux n’iront pas au Salon de l’Agriculture

Les Défenseurs des Droits des Animaux n'iront pas au Salon de l'Agriculture

600.000 visiteurs sont attendus au salon de l’Agriculture de Paris, Porte de Versailles, un point de passage obligé pour les hommes politiques et parmi les plus illustres d’entre eux, un président de la République qui s’en serait bien passé, tout comme les quelque 4.000 animaux de ferme exposés au ravissement d’un public depuis longtemps conquis. Mais tous ceux qui aiment les bêtes n’ont pas l’intention de sacrifier à cette manifestation monstre, qu’ils jugent abominable en raison des traitements faits à toutes ces bêtes à concours. David Chauvet, membre fondateur de l’association Droits des Animaux, nous explique pourquoi :

Le MAGue : Êtes-vous favorable en tant que défenseurs de la cause animale à la tenue d’une telle manifestation où sont exposés des animaux de ferme ?

David Chauvet : Bien évidemment, non. Outre le fait que les animaux y subissent stress et fatigue, cette vitrine n’a pour autre ambition que favoriser la consommation d’animaux morts en dressant une image bucolique, celle d’animaux heureux et choyés par les éleveurs. En réalité, ces animaux, caressés le jour du salon, finiront massacrés dans les abattoirs.

Le MAGue : Que pensez-vous des condition de transport, de vie des animaux de ferme sur les lieux de la Porte de Versailles ?

David Chauvet : Ces animaux font un grand voyage, pour être exposés des jours durant au public, ce qui n’est pas agréable pour eux, bien au contraire. Nous avons vu parfois les éleveurs maltraiter les animaux qui, accablés de fatigue, peinaient à se déplacer. Plus généralement, l’exposition de ces bêtes à concours est une manière de rabaisser les animaux au stade de vulgaires objets de consommation, appropriables et exploitables à merci. Une telle réification de l’animal n’est pas de nature à élever la conscience des gens, confortés dans leur attitude spéciste (*).

Le MAGue : Avez-vous l’intention de faire entendre la voix des militants de la cause animale pendant la durée du Salon de l’Agriculture ?

David Chauvet : Les militants animalistes doivent faire entendre leur point de vue en toute circonstance, mais pas seulement pour dénoncer l’élevage en batterie, car c’est le principe même de l’élevage qui est contestable : de quel droit transformons-nous les animaux en usine à viande ou à lait ? De quel droit les privons-nous de leur vie ? Ce système esclavagiste ne trouve aucune justification morale, si ce n’est le droit du plus fort et le confort de ceux qui en bénéficient.

Le MAGue : Avez-vous le sentiment que le public est plus sensible à la condition animale aujourd’hui avec la fréquentation attendue aux portes du salon ?

David Chauvet : Je pense que l’opinion est effectivement de plus en plus concernée par la souffrance des animaux. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les éleveurs prétendent volontiers qu’ils aiment leurs animaux, et qu’on évite de montrer l’envers du décor, à savoir non seulement les abattoirs, mais aussi les multiples maltraitances dans les élevages. L’association L214 révèle régulièrement en images leur extrême violence, au point que les éleveurs l’assignent en justice pour obtenir l’interdiction de ces reportages, preuve que l’image d’épinal d’un animal heureux dans l’élevage est loin d’être la réalité. Au delà de ça, il faut constater que les gens, s’ils refusent à raison qu’on fasse souffrir les animaux, acceptent en revanche qu’on les tue humainement, s’il s’agit d’en retirer un profit quelconque. Cette attitude provient du fait que le sens commun est imprégné par la mentaphobie, c’est-à-dire la négation de la pensée animale, qui aboutit à faire croire qu’il n’est pas plus grave de tuer un animal que tuer une plante. C’est pourquoi on oppose souvent aux militants pour les droits des animaux le fameux cri de la carotte. Les gens doivent réaliser que les animaux sont des êtres conscients, pourvus d’une personnalité et d’émotions, d’une volonté, et qu’à ce titre ils méritent de vivre. Nous ne devrions pas nous permettre de passer outre leurs intérêts fondamentaux au nom de nos intérêts futiles : il est parfaitement possible de vivre sans manger les animaux. La consommation de leur cadavre n’est rien d’autre qu’une fantaisie culinaire morbide.

 

 


La ferme est arrivée en ville et plein d’enfants
Sont à la fête avec à cœur d’en voir les bêtes,
D’aller se dégourdir sans râler les gambettes,
Ils ne sont pas au zoo pour voir les éléphants.

Ces lieux trop parisiens sont assez étouffants,
Et nos tribuns y vont aussi pour les courbettes,
Les exploitants leur font manger ici des bettes,
Et qu’on entende ailleurs les mots ébouriffants.

Mais on oublie au bord d’une herbe mosellane
L’affront que l’on y fait aussi au bœuf, à l’âne
Car la campagne, ici, n’est plus un terroir vert.

La loi veut bien en faire un vrai métier durable,
Un débat sur la place est sans remords ouvert
Sans songer à taper un peu moins sur leur râble.

 

Pour en savoir plus sur l’association Droits des Animaux grâce à leur site Internet !

(*)Spécisme : discrimination fondée sur le critère de l’espèce (par analogie avec le sexisme et le racisme).