Congé parental : suivez l’exemple de Rachida Dati

Congé parental : suivez l'exemple de Rachida Dati

Dans le but de préserver le marché de l’emploi d’une plus importante présence féminine, Nicolas Sarkozy a plaidé pour un congé parental à la carte, pour laisser le choix de la mère de famille… Suivant avec un peu de retard à l’allumage l’exemple donné par Rachida Dati, quittant la maternité pour assister au Conseil des ministres quelques jours seulement après son accouchement, le président de la République souhaite voir 800.000 femmes se remettre au travail dans les meilleurs délais.

S’occuper des enfants est pour beaucoup considéré comme un frein à l’épanouissement d’une carrière professionnelle, à l’avancement et pour saisir de belles opportunités. La Garde des Sceaux a peut-être vécu ainsi sa décision d’être installée au sommet de la hiérarchie judiciaire pour donner naissance à la petite Zohra. C’était sans compter le tapage engendré par sa précipitation à retrouver ses collègues, prélude au bon de sortie pour le Parlement de Strasbourg où elle n’a d’ailleurs aucune intention de siéger.

Mais le chantage effectué sur le chef de l’État au sujet du problème posé par les allers-retours hebdomadaires pour la garde de l’enfant, relaté par Le Canard enchaîné, a dû susciter chez Nicolas Sarkozy l’idée de mettre un terme à une situation pénible pour le chef d’entreprise qu’il s’imagine être. 200.000 places d’accueil supplémentaires pour les enfants en bas âge d’ici 3 ans fourniront du travail aux entreprises en bâtiment, et permettront à la jeune parlementaire européenne de trouver plus facilement une place pour le sien. S’il est vrai que beaucoup de managers se soucient de voir leurs collaboratrices voir reprendre au plus vite le collier, ce n’est certes pas le cas de Nicolas Sarkozy en ce qui concerne Rachida Dati, mais il a en son pouvoir de faire construire !

En revanche, l’idée d’offrir aux femmes le choix de prendre un congé parental plus court, pourrait devenir pénalisant en cas de récession économique et de hausse du chômage, à moins qu’il s’agisse d’accentuer la pression sur les salaires ou que cette crise économique ne soit qu’un leurre. En tout état de cause, l’idée est belle, et favorise l’émancipation des femmes. Nul doute qu’elle nourrira le débat public dans les prochaines semaines, tant la société française est divisée sur le sujet. Les gens de gauche y verront sans doute une manifestation du libéralisme échevelé du chef de l’État, en dépit de la morosité du marché de l’emploi, et les dilemmes cornéliens imposés aux travailleuses précaires, dont le libre-arbitre est influencé par le souhait de l’employeur…

Mais si Nicolas Sarkozy s’imagine que le Pôle Emploi accompagne vraiment les jeunes mères dans leur retour à l’emploi, et que l’on privilégie l’aménagement des horaires de travail et le temps partiel plutôt que l’arrêt total de l’activité, on peut sourire ! Il ne fait que prolonger une politique familiale envisagée depuis le précédent quinquennat, puisque la mise en place de la prestation d’accueil du jeune enfant (PAJE) a permis de s’arrêter de travailler dès le 1er enfant pendant 6 mois et à partir du 2ème enfant jusqu’à ses 3 ans, tout en étant rémunéré de 139,53 euros mensuels à 552,11 euros. Mais depuis juillet 2006, justement pour éviter que les mères ne souffrent d’un long arrêt, il est déjà possible de ne s’arrêter qu’un an à partir du 3ème enfant, en étant mieux rémunéré 611,59 euros à 759,54 euros.

Toujours est-il que la réduction du congé parental ne résout en aucune façon le choix difficile des femmes actives, entre l’envie de faire carrière et de gagner leur indépendance et des galons face à l’immobilisme des consensus sociaux et familiaux, et la difficulté de se mettre pieds et poings liés au service de l’employeur, qui plus que jamais, a les mots profit et rentabilité en tête. La solution, plutôt qu’une demi-mesure, ne serait-elle pas de retirer aux femmes toutes les charges que constituent un enfant à naître, afin de donner un peu de grain à moudre aux agents de l’Éducation nationale qui devraient rejoindre le banc de touche à la rentrée prochaine ?

 

 


Que n’ont-ils dit sur son congé maternité !
Si court selon les uns en dépit de la bonne,
Et la maman hélas, péniblement charbonne
Pour échoir juste à temps de l’hiver à l’été.

Le travail plus la vie ont son cœur grignoté,
Il s’use au quotidien tel la mine en carbone
Et pour un joli cœur à son tour on s’abonne
Sans savoir qu’on pourra s’abîmer la santé.

Pourquoi ne pas devoir arrêter tout de suite
Ce manège infernal qui se clôt en poursuite
Pour faire un même sort au congé parental ?

Et les enfants ? Un peu du sang de la patrie,
La famille apparaît comme un bien capital
Au travail à la chaîne aussi dans l’industrie.

 


Avec AFP, Reuters et La Semaine de Suzette.